Que dire de Slow Horses ?
Il y a d'abord ce générique, la chanson Strange Game de Mick Jagger, tout à fait entêtant et qui résume si bien l'action : "surrounded by losers, misfits and boozers"...
L'action, c'est ce qui se déroule à Slough House (traduit par "étable", bon, allez savoir), chez les Slow Horses (les chevaux, on les met plutôt à l'écurie), service de relégation pour les rebuts du MI5. À leur tête, Jackson Lamb, un Gary Oldman époustouflant, méconnaissable en obèse à cheveux gras, fumeur, alcoolique, pétomane, d'une inventivité verbale folle dans la grossièreté.
Enfin je pense que la ligne de partage entre ceux qui aimeront ou non la série tient à ce personnage : certains jugeront qu'Oldman en fait des tonnes, d'autres le trouveront épatant — et hilarant.
On sait bien où je me situe, écrivant ces lignes. Au terme des trois saisons actuellement disponibles, entendant une dernière fois ce fameux générique, je n'ai qu'un mot en tête : "encore !"
En dépit de leurs évidents parcours de bras cassés, les slow horses, espions déclassés, se retrouvent mêlés à des enquêtes aventureuses et tirent leur épingle du jeu.
Je pense que la séquence initiale, une poursuite façon Mission : Impossible ou Jason Bourne fera date, qui voit River Cartwright, agent prometteur, totalement foirer l'exercice, et gagner son billet pour la relégation. C'est l'un des personnages centraux, un de ceux qui subira le plus d'avanies, taser, passage à tabac, etc., you name it.
Une chose : j'adore l'accent britannique — et, en l'espèce, l'humour britannique — dans les séries, domaine étatsunien par excellence. Avec Slow Horses, j'ai été servi.
Les trois saisons disponibles m'ont paru d'égal intérêt — et le teaser de la quatrième, très alléchant —, sans baisse de rythme ni de qualité. L'écriture est vive et efficace, les personnages attachants, et oops, je n'omettrai pas de mentionner, autre star de cinéma, Kristin Scott Thomas qui incarne le numéro deux du MI5, un pur glaçon mais qui n'est en fait, pas dénué — d'un petit peu — d'humanité.
Pour moi c'est une série à voir et à savourer, comme un verre de brandy, le soir, au coin du feu. Je vous la recommande chaudement.