Spinning Out
6.3
Spinning Out

Série Netflix (2020)

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Je suis bon public et je n'ai pas trop de problème à ce qu'on me raconte une histoire vue-déjà-vue et revue pourvue qu'on me la raconte bien. Spinning out est là un bon exemple de beaucoup de choses qui ne vont pas dans les séries Netflix, mais aussi paradoxalement celles qui vont bien. Après avoir bien visionné le catalogue des séries milieudegamme de Netflix, le cahier des charges qui sont donnés aux showrunners/scénaristes apparaît de plus en plus clairement.


Ce qui pose problème :



  • Il y a évidemment la storyline raciale. Le sujet est au coeur de la plupart des productions sérielles ou cinématographiques de ces dernières années aux USA et en soi ça peut carrément être intéressant (Watchmen par exemple). Le problème c'est que dans les séries formatées, ça va être un prétexte pour l'arc scénaristique entier d'un ou de plusieurs personnages, ici Marcus le serveur/skieur/BG. Dans Spinning Out, rien ne nous est épargné :

    les scènes avec les policiers racistes qui interpellent pour rien, les Blancs qui manipulent vicieusement le Noir de service, le fait que ce soit la seule personne noire à faire du ski etc. Et même si Marcus est un super mec/skieur/serveur/bonne poire, hors de question qu'il finisse avec l'héroïne !



Bref c'est traité avec une telle complaisance, qu'il n'y a pas de doute que le seul but de cette storyline est de dire "Regardez ! On a compris le mouvement Black Lives Matter". Une cause mal comprise fait un personnage mal écrit. Ça finit par en devenir offensant pour la cause en question.



  • Ce qui m'amène sur le 2e point : la storyline gay. Là on a le droit au double : le meilleur ami gay est une caricature carrément offensante. Agressivement sexuel avec tous les mecs à qui il s'adresse, meilleur ami des filles en 10 minutes ("Looove you" Beurk), extrêmement maniéré. Je n'en peux plus de voir ce personnage dans toutes les séries télé ! C'est tellement réducteur et stigmatisant.
    Mais les femmes ne sont pas en reste avec la minable storyline lesbienne sortie de derrière les fagots de la coach russe. Je suppose que c'est le prix à payer : pour toutes les fantastiques Gentleman Jack ou Portrait de la jeune fille en feu, on doit se farcir 10 arcs scénaristiques gays pourris. Je crois que j'ai vu l'histoire des "Amant.es homos mais on pouvait pas le dire parce que c'était une autre époque" dans tellement de fictions au cours des dernières années qu'elles semblent toutes se mêler en une seule.


Je ne crois pas que ce soit faire une faveur aux personnes ou communautés visées que, sous prétexte de diversité et d'augmentation de la visibilité des minorités, aussi peu d'attention et de soin soient apportés à ces personnages et à leurs trajectoires.


Mais en même temps, ils remplissent les vides laissés par l'histoire centrale et ne sont que des prétextes pour atteindre les 10 épisodes d'une série qui aurait dû n'en faire que 5 (grand maximum).


Je me demande s'il y a un catalogue chez Netflix avec ce genre de storyline prête-à-l'emploi ou si les scénaristes essayent réellement d'écrire. Dans tous les cas, c'est consternant.


Bref, pour terminer sur le négatif en faisant court : le boyfriend est vraiment stéréotypé, même l'idée des frères jumeaux sortent d'autres séries, le père en business man dur au grand coeur est d'une banalité sans nom et les rivales de patinage sont elles aussi sorties tout droit du catalogue.


Le positif, parce que oui, quand même, il y en a :



  • Les actrices, January Jones et Kaya Scodelario en particulier font le taf, et plutôt bien. J'ai trouvé que parler de la bipolarité en l'inscrivant dans cette relation mère-fille était plutôt malin (une fois n'est pas coutume). C'est d'ailleurs là que réside la véritable histoire, on passe plus de temps à parler de leur maladie que de patinage. Mais la série en parle plutôt bien et grâce à ces actrices, les malades et le sujet de la maladie est traitée avec respect et humanité. J'ai particulièrement aimé que le personnage de January Jones se porte volontaire pour l'hospitalisation et revienne après 2 semaines de traitement, apaisée mais pas guérie (puisque la bipolarité c'est pour la vie). La série réussie à montrer que les maladies mentales s'inscrivent avant tout dans le quotidien, et ne sont pas que des épisodes dramatiques.

  • Les relations entre les femmes sont aussi relativement intéressantes et correctement traitées. Les relations mère/filles sont difficiles et aggravées par la maladie, mais une certaine richesse relationnelle est dessinée. Pareil pour les relations entre la mère et la belle mère, l'héroïne et sa meilleure amie, l'héroïne et sa soeur : sans éviter tous les stéréotypes, les relations entre les femmes se démarquent honorablement et révèlent un peu de sincérité.

  • De manière plus anecdotique j'ai vraiment aimé la scène


    où Justin et Dasha jouent au bingo ensemble.


    On voit très peu de scènes dans les films et les séries où un jeune homme passe du temps avec une dame âgée qui n'est pas de sa famille juste parce qu'il apprécie de passer ce temps avec elle. La relation entre les deux personnages, bien qu'assez peu montrée, est l'une des rares originalités que se permet la série.



Tldr; Le cahier des charges des séries milieudegamme Netflix c'est :



  • de la diversité raciale et sexuelle réduite aux stéréotypes pour faire "woke", caractérisée par une absence totale d'engagement ou de critique politique.

  • des bonnes actrices (ou acteurs mais là c'est pas le cas) qui portent un scénario bancal

  • une cause correctement traitée (ici la bipolarité)

  • des originalités à la marge, dans des scènes ou des propositions isolées.

  • un cadre juste ce qu'il faut de familier (un station de ski/patinage)

  • un prétexte pour porter la série jusqu'au bout de ses laborieux 10 épisodes (le patinage et la compétition)

GwlaDys1
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le 8 janv. 2020

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