Le meilleur de la franchise Stargate

Bon avant tout je suis un fan accompli de l'univers Stargate. Faut dire qu'à 10 ans j'ai pris une claque de SF au cinoche puis je n'ai pas pu décrocher de SG1 à la TV. Cette série était certes très orientée stand-alone façon Sliders où les scénaristes peuvent repartir à zéro à chaque épisode, mais ce qui me plaisait aussi était l'utilisation des contraintes de la technologie présentée (Goa'uld, Anciens, Asgards, etc.) comme source d'histoires (ce que Brad Wright confirme comme étant ce qui lui plaisait le plus comme source de scénarii).
Je vais passer sur SGA qui est passé à mon humble avis à côté de son potentiel, visant essentiellement les fans de SG1 initiaux. Mais ceux-là avaient grandi et cherchaient certainement autre chose.
Cet autre chose que SGU apporte : de la maturité, de la complexité et même un côté bien plus nerdy.

Le show est très orienté personnages, un space-drama dans cet univers que j'affectionne tant et le pilote sait mettre en avant leurs horizons divers. Autant SG1 et SGA étaient des équipes d'experts réunis pour l'occasion, autant SGU entame avec tout le personnel évacué d'une base où donc nombre d'entre eux ne sont pas les plus à mêmes de se retrouver dans la situation.
Ceci amène beaucoup d'évènements mais aussi de questions, de raisonnements, sur des sociétés dans l'espace et les besoins de ceux qui n'y étaient pas préparés.

Côté réalisation on tranche dans le peaufiné-léché de ses prédécesseurs, ici l'atmosphère est lourde, le vaisseau est sombre et les plans caméras sont beaucoup plus proches de ce qu'offre le cinéma de genre.
J'apprécie énormément l'utilisation du Kino (caméra en lévitation des Anciens) pour des plans séquences de plusieurs dizaines de secondes, parfois une minute, quand certains réals de cinéma n'osent pas dépasser les quelques secondes). L'immersion est dès lors totale et les acteurs le confirment dans les making-of : les réals utilisaient plusieurs caméras à la fois et ne les prévenaient pas des moments où ils seraient filmés. Eux-mêmes appréciaient (et ça se voit à l'écran) pouvoir alors s'immerger entièrement dans le personnage et le jouer le temps complet des scènes plutôt que de réaliser de courtes prises.

La grande force de SGU réside aussi et surtout dans le rythme ininterrompu, j'ai cru noter un ou deux stand-alone seulement, et encore ceux-ci modifiaient drastiquement la donne pour les épisodes à suivre ou préparaient le décor qui serait nécessaire par la suite. Évidemment c'est là aussi ce qui est dangereux : quiconque rate un épisode ou souhaite monter dans le vaisseau en cours de route aura une barrière à l'entrée, et ceci est clairement un frein à l'intérêt des chaînes de TV pour la diffusion ou l'achat de la série qui nécessitera un créneau figé et ne pourra les diffuser dans le désordre. (J'y reviendrai en conclusion.)

La 1ère saison est démente avec très très peu de temps morts et des évènements extérieurs qui amènent doucement les persos du Destiny à un consensus mais de façon plus délicate que d'autres shows ne le font. Le début de la saison 2 tâche de se défaire de contraintes amenées par la 1ère mais la 2è partie ne sera qu'un enchaînement destiné à préparer la clôture de la série.

SGU est clairement le meilleur de toute la franchise Stargate à mon avis.
Ma note est évidemment subjective et représente surtout le fait que c'est ce qui m'a le plus fait rêver ces derniers temps en SF à l'écran, ce qui m'a aussi donné une envie démente de faire partie de l'équipage du Destiny. Par ailleurs, les pieds sur Terre, c'est une série qui a su aboder des sujets incroyablement nerdy sans rougir, risquant que l'audimat se prenne les pieds dans le tapis.

SGU a deux défauts majeurs dont un auquel je mettrais un bémol à présent que je l'ai revue intégralement :

• Il y a du son dans l'espace (p-tain on parle du Fond Diffus Cosmologique mais on ne peut vraiment pas éviter le syndrome Star Wars ?!!!)
  
  • Elle n'a que 2 saisons.

Paradoxalement c'est cette deuxième raison sur laquelle je peux mettre un bémol et pourtant aussi celle qui me fait le plus mal. SyFy a annulée la série après l'avoir ballotée entre différents créneaux horaires et au profit de diffusion de catch. (Oui. Du catch. Sur SyFy.)
C'est un très profond regret que j'ai de ne pouvoir continuer à rêver grâce à SGU et avec le recul je me dis que c'est certainement là aussi la force d'histoires qui doivent trouver leur fin avant de se déliter. Pour autant, en terminant leur lecture/visionnage une déchirure est vécue par le lecteur/spectateur (Harry Potter, Le Seigneur des Anneaux, etc.) tant elles ont su le transporter et le faire rêver. (oui j'utilise beaucoup ce terme mais c'est aussi celui qui s'applique le plus à mon sentiment).

Maintenant le final laisse très amplement (et comme rarement vu) la possibilité de reprendre la série plus tard, avec tout ou partie des personnages, dans n'importe quelle circonstance. Et c'est là que je reviens sur les chaînes de TV : SGU a beau être issu d'une franchise TV, je ne pense pas qu'elle y avait finalement sa place. Un show non-stop orienté personnages et avec un côté nerdy ne peut trouver sa niche sur des chaînes qui ne cherchent qu'à vendre du temps de cerveau disponible. Auparavant on aurait pu arguer qu'une chaîne spéciale pouvait l'héberger mais SyFy a clairement démontré (en retirant SGU au profit de wrestling) que même en étant orienté SF, les annonceurs n'étaient pas intéressés.
Probablement qu'une éventuelle suite devrait être produite par des pure-players, genre Netflix ou Amazon, qui ne seront pas limités par des créneaux horaires finis mais uniquement par le nombre de ventes.
Mais pour autant, la base de spectateurs suffirait-elle amplement ? (soupirs)

J'en viens à me dire que toutes les bonnes choses ont une fin et que c'est probablement ce qui rend SGU si bon... et pourtant qui laisse avec un sentiment amer de pas assez.

Suite à revisionnage et critique, je rajoute la dernière étoile à ma note pour Stargate Universe, celle que je réserve aux films, séries, livres et BD qui m'auront marqué, changé ou auront su me faire rêver de quitter ma vie actuelle pour rejoindre la fiction.
Car après-tout, n'est ce pas ce qu'un créateur vise, marquer son auditoire ?