Thérapie Post-Apo

Station Eleven est une œuvre mémorable, mais à l'image de ses personnages attachants, elle est aussi pleine d'imperfections.

Son plus gros défaut est sa structure hors norme demandant beaucoup de patience aux spectateurs avant que ces derniers puissent comprendre l'histoire qu'on souhaite leur raconter.

Pourquoi le protagoniste principal disparait pendant la moitié de la série après le premier épisode ? Pourquoi devons-nous concentrer des épisodes entier à des personnages plus ou moins secondaires ? Voilà le genre de frustration qui traversera votre chemin avant qu'enfin, la symphonie de ces destins fassent sens.

Ce récit chaotique nous expose à une galerie de personnages pittoresques et pathétiques. Des survivants de l'apocalypse sur lesquels personne ne miserait, à l'inverse des canons "charismatiques" du genre post-apocalyptique. Tous trimbalent leurs doutes et surtout leurs traumatismes.

L'une des plus grandes surprises de cette saison fut de découvrir à quel point des éléments en apparence anodins ont pu profondément marquer ces survivants pendant des décennies.

On finit par avoir la sensation de les connaitre intimement, de connaitre leurs doutes, leurs hontes... jusqu'à ce qu'ils puissent faire thérapie, à leur façon, dans la dernière partie de saison.

La filiation avec The Leftovers est de plus en plus évidente alors que l'on s'approche de la fin. Les larmes coulent facilement sur les joues mais cette fois, c'est souvent pour des beaux moments de fraternité.

J'ai quitté ces personnages avec nostalgie, comme si j'avais traversé, comme eux, des décennies à me resasser le passé et à cicatriser mes plaies.

Ce que réussit Station Eleven, le réussit tellement bien... Je pense à certaines idées de mise en scène comme, par exemple, ce moment où des survivants découvrent une maison d'une famille défunte : Le personnage allume un vieux synthétiseur poussiéreux pour découvrir en musique la voix joyeuse et samplée d'une enfant qui désormais résonne dans un salon transformé en tombeau... Effet garanti.

C'est à cause de ces coups de génie que les maladresses sont d'autant plus regrettables. Pourquoi ces quelques scènes d'actions frôlant le narnar ? Pourquoi Tyler s'exprime comme un méchant de série B ?

Je suis donc chahuté d'émotions contraires quant il s'agit de Station Eleven. Même si je retiendrai probablement davantage les bons côtés.

Si vous êtes ouverts d'esprit et aimer les "fictions introspectives", cela ne devrait pas vous déplaire. Pour les autres, je recommanderais de regarder deux épisodes. Si ça vous plait, cela vaudra le coup de persister jusqu'à la conclusion.