Stranger, c’est un peu comme si tu prenais un polar coréen classique, tu y ajoutais un procureur aussi expressif qu’une statue de marbre, une policière aussi tenace qu’un chien de chasse, et tu les lâchais ensemble dans une intrigue pleine de conspirations, de pots-de-vin et de crimes bien tordus. Le résultat ? Une série où la tension monte plus lentement qu’un bon suspense à la Hitchcock, mais qui te tient accroché avec un mystère aussi complexe que la paperasse administrative d’un tribunal.
Au centre de tout ça, il y a Hwang Si-mok, un procureur qui pourrait gagner un concours de poker à Vegas sans jamais sourciller. Pourquoi ? Parce que le pauvre gars a subi une opération au cerveau qui l’a laissé sans la moindre émotion. Pas de sourire, pas de larmes, juste du pragmatisme pur et dur. Ce qui pourrait être ennuyeux chez n’importe qui d’autre devient captivant avec Si-mok, parce que cette froideur en fait un enquêteur redoutable. Pas de biais émotionnel, pas d’attachement personnel, juste une quête implacable de la vérité. Le type est un mur de glace, et pourtant, tu ne peux pas t’empêcher de te demander ce qui se cache derrière ce masque impassible.
À ses côtés, tu as Han Yeo-jin, une inspectrice qui, elle, est tout l’inverse. Elle a des émotions, de l’instinct, et surtout, un sacré flair pour dénicher les embrouilles. Elle est la touche humaine et chaleureuse de ce duo improbable, et c’est cette alchimie étrange entre les deux qui donne à Stranger tout son charme. Ensemble, ils forment un tandem aussi inattendu qu’efficace, démêlant peu à peu un sacré sac de nœuds de corruption et de trahisons au sein du système judiciaire coréen.
L’intrigue de Stranger est dense. On parle ici d’un thriller politique qui te plonge dans les méandres d’un système judiciaire aussi pourri qu’un vieux fromage oublié au fond du frigo. Entre les procureurs corrompus, les flics véreux et les patrons d’entreprises plus que louches, tu te retrouves à devoir suivre des tas d’indices et de personnages sans savoir à qui faire confiance. C’est complexe, mais la série ne te prend jamais de haut. Elle t’invite à entrer dans ce labyrinthe en te donnant juste assez de miettes pour que tu puisses t’accrocher sans te perdre complètement.
Ce qui est vraiment réussi dans Stranger, c’est le ton froid et méthodique. Chaque épisode est un puzzle qui se met lentement en place, avec des révélations qui tombent au compte-gouttes, mais qui sont suffisamment bien dosées pour te donner envie de cliquer immédiatement sur l’épisode suivant. On n’est pas dans un thriller ultra-rapide avec des poursuites haletantes toutes les cinq minutes. Non, ici, la tension est subtile, mais elle est omniprésente. Les silences entre les personnages sont parfois plus lourds que les dialogues, et les regards échangés valent mille mots. C’est une série qui demande de l’attention et de la patience, mais qui te récompense par des moments de tension psychologique brillants.
Visuellement, Stranger est à la hauteur de l’intrigue. Les plans sont souvent froids, presque cliniques, comme si le décor reflétait la personnalité de Si-mok. L’ambiance est grise, métallique, avec des bureaux austères, des rues sombres et des salles d’interrogatoire qui te font frissonner même sans avoir commis de crime. Chaque décor te rappelle que, dans cet univers, personne n’est vraiment innocent, et que les vérités les plus laides se cachent souvent derrière des portes bien verrouillées.
Les acteurs, eux, sont impeccables. Cho Seung-woo incarne Hwang Si-mok avec une subtilité incroyable. Jouer un personnage sans émotions pourrait vite devenir monotone, mais il parvient à insuffler à Si-mok une intensité intérieure fascinante. Quant à Bae Doo-na, qui joue Han Yeo-jin, elle apporte cette chaleur et cette humanité qui viennent contrebalancer la froideur de Si-mok. Leur duo, bien que peu conventionnel, est ce qui donne toute sa force à la série. Pas de romance facile ici, juste un respect mutuel qui grandit à mesure qu’ils s’enfoncent dans les ténèbres de leur enquête.
En résumé, Stranger est un thriller aussi glacial qu’addictif, avec une intrigue complexe qui te garde en haleine du début à la fin. Si tu aimes les enquêtes bien ficelées, les personnages profonds et les conspirations politiques qui donnent des sueurs froides, alors Stranger est une série qui te plongera dans un monde où la vérité est aussi insaisissable qu’un coup de vent dans un tribunal. Et surtout, tu te surprendras à attendre avec impatience chaque nouvelle révélation, tout en te demandant si, un jour, Hwang Si-mok lâchera un vrai sourire. (Spoiler : ne retiens pas ton souffle).