The Ark
4.3
The Ark

Série SyFy (2023)

Pas facile de se lancer dans un projet science-fictionnel et encore moins quand le thème précis est l’espace. Le genre le plus couteux car il impose des décors et des effets spéciaux qui prennent une bonne part du budget général. On pourra donc saluer le courage des personnes qui entreprennent un investissement rarement payant. Oui, bon, c’est sûr qu’avec quelques millions de dollars, tu vas pouvoir balancer des effets spéciaux au geyser, proposer un casting avec deux trois visages connus et une équipe de scénaristes avec des mains sans poils mais ça ne garantira absolument pas la réussite du projet et beaucoup, même parmi les plus reconnus, s’y sont cassé les dents ou le dentier, selon. Les grosses machines de ce genre peuvent, paradoxalement, être pénalisées car l’argent permet de ne pas se prendre la tête avec des astuces économiques alors que ce sont souvent ces débrouillardises qui vont donner tout le sel de Guérande à une série. Dans un contexte où les fonds sont maigres comme pour « The Ark », il va falloir faire avec et ce ne sera pas gagné d’avance car le choix d’orientation budgétaire va induire en grande partie le succès ou l’échec du projet. Mais tout est possible, il n’y a pas de recette magique. Cela se fait en déterminant les forces et les faiblesses de l’équipe. On peut sélectionner un casting peu onéreux en choisissant des seconds couteaux dont certains d’ailleurs se révèlent parfois être des premières lames. On peut filmer un acteur peu inspiré de façon à dissimuler son incompétence, par exemple en évitant les gros plans sur le visage lors une réplique. On peut radiner sur les scènes spatiales qui nécessitent des effets numériques à te ruiner un Émir. Les mouvements d’une caméra peuvent par exemple suffire à transmettre une impression d’apesanteur, de gravitation, d’être en orbite ; il aura juste fallu d’une caméra flottante, toujours en mouvement et toujours en orbite autour de ce qu’elle filme. Le procédé a été exploité à la perfection dans la série monumentale « The Expanse ». L’effet immersif vous conduit, durant la totalité du visionnage, dans les coursives du vaisseau principal et des autres ; il vous emmène dans l’espace tenter une réparation hasardeuse ; il ne relâche que peu son action et fini même par vous désorienter au point, parfois, d’en avoir le tournis. Un bel exemple d’astuce en or. On peut faire absolument ce qu’on veut du moment que l’on parvienne à transmettre au téléspectateur l’illusion qu’il est dans l’espace et de garder haute sa suspension consentie de l’incrédulité.

Avec « The Ark », on est dans l’espace. Il n’y a aucun doute. Et on ne s’ennuie jamais…

Aussi, je ne vois pas trop ce qu’on lui reproche qu’on pourrait ne pas reprocher aux autres, y compris les mieux notées. Des personnages stéréotypés ? Cite-moi les deux/trois ou il n’en y a pas et ne viens pas me fourrer devant le nez « Battlestar Galactica » comme argument suprême car même si elle excelle, elle n’est pas pour autant exempte de personnages clichés. Un scénario mal conçu ? Pourtant l’ensemble se tient très bien jusqu’au bout et l’on nous propose une histoire intéressante à suivre dans laquelle l’action ne faiblit jamais. Des dialogues insipides ? Pourtant il ne s’en comptabilise pas beaucoup ; au contraire, ils deviennent plutôt élaborés à mesure que la série prend son envol et l’on s’en étonne d’ailleurs car l’on ne s’attendait pas à cette qualité venant d’une œuvre aux moyens financiers relativement limités. Les acteurs ? Les actrices ? On ne peut pas dire qu’ils sont transcendants, certes, mais ils se débrouillent très bien dans l’ensemble. Les effets numériques ? Franchement, il faudrait être de mauvaise foi pour les trouver ratés car avec quelques euros l’on a droit à de belles séquences. La réalisation ? Très propre, soucieuse des personnages ainsi que de l’esthétique. Le montage ? Fluide, variant les plans à bon escient pour que le fil de l’histoire soit toujours facile à suivre. Alors ?

Alors pourquoi une moyenne si basse : 4,3/10 ? Des critiques assorties de 01/10 à la pelle ? Pourquoi tout ce dégueulis ? Pourquoi tous ces glaviots ? Je n’en sais rien, je ne suis pas spécialiste en déjections. En revanche, j’ai meilleur goût que les autres ; on peut même dire que j’ai le goût infus (Maître ès goût) comme d’autres ont l’oreille absolue. Et je suis bienveillant dans la notation lorsque la série dispose d’un petit budget et qu’il s’agit en plus d’une œuvre de science-fiction spatiale. Les vrais passionnés de ce genre de science -fiction savent qu’en la matière il n’y a pas grand-chose à se mettre sous la dent et qu’on ne peut se permettre de faire les difficiles.

Les petites séries comme « The Ark » sont donc les bienvenues.

Créée

le 14 janv. 2024

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Lo_Della

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