Avant toute chose : si vous êtes pro-Trump, allez plutôt faire une balade au grand air, cette série n'est pas pour vous. Avec la mini-série The Comey Rule, nous plongeons en pleine campagne américaine de 2016 opposant Hilary Clinton à Donald Trump, en suivant les affaires soulevées par le directeur du FBI, James Comey, interprété avec finesse par Jeff Daniels. On en apprend clairement beaucoup sur les polémiques qui ont eu lieu "en coulisses", en à peine 4h et avec de très beaux plans ponctuels, une musique soignée, et une séquence finale qui éclaire un peu plus la campagne récente de 2020... Mais il faut rester prudent, avec ce que l'on voit dans cette mini-série, car elle est l'adaptation du roman autobiographique dans lequel James Comey tente de justifier ses choix discutables, en montrant qu'il ne souhaitait que suivre son sens de l'honneur et sauvegarder l'intégrité de sa "maison", le FBI. En plus du caractère subjectif de la narration (on fait confiance à ce que Comey rapporte dans son livre), il est difficile pour nous de ne pas être partagés sur sa responsabilité dans les élections, quoiqu'en dise la mise en scène (estampillée "je ne suis pas un salaud"). Il est dur de se convaincre qu'il n'a pas influencé, même à peine, les résultats (parfois serrés) des votes et qu'il n'est pas "celui qui a fait élire Donald Trump", quand on voit l'impact qu'a eu l'affaire des mails privés de Clinton (qu'il a décidé de rendre publique) qui conduisent à son discrédit médiatique, qui entachent sa campagne déjà accablée de diffamations et coups en douce de médias (et gouvernement ?) russes (qui, eux, ne semblent pas tant inquiéter Comey que des mails...). Mais outre le fond qui est assez subjectif (normal pour une autobio), on tique sur la réalisation formelle de The Comey Rule. Premièrement, les informations vont beaucoup trop vite, vous avez environ 1 seconde et demi pour lire les noms et les postes occupés par les personnages, en même temps qu'un autre personnage donne tout un tas d'infos-clés oralement (des dialogues que vous devriez être en train d'écouter, sauf que vous tentiez vainement de lire les inscriptions, donc à présent vous êtes perdu sur les deux tableaux). Déjà que les affaires polémiques ne sont pas évidentes à comprendre pour les non-initiés à la géopolitique (on plaide coupable), la cadence des informations oscille constamment entre "dialogues qui s'éternisent" (on décroche souvent) et "mitraillage de données à retenir" (on s'y perd), ne nous aide clairement pas à suivre (au final, on en retient surtout les grandes lignes). On s'ennuie à partir de l'épisode trois, le rythme ne parvenant jamais à se renouveler, et l'on se demande bien qui est la personne chargée du casting ici... Il s'agit en effet de ce qui nous a le plus déstabilisé : les présidents sont interprétés par des comédiens qui ne leur ressemblent pas du tout. On devine à peu près Barack Obama derrière le gamin qui n'a pas la moitié de son âge, on ouvre des yeux interdits devant l'acteur censé être Poutine (il n'y a absolument rien en commun ! Allons-y pour le jeu des 2359 erreurs...), et on décède de rire devant la caricature sur pattes de Trump (un acteur qui s'évertue à le singer grossièrement, bouche en cœur et autobronzant criard). Ce dernier point est vraiment dommage car l'on passe de "série informative sur un scandale intéressant" à "satire anti-Trump digne d'une parodie", il suffisait pourtant de tempérer la caricature pour tourner en ridicule un personnage qui ne demande aucun effort supplémentaire pour cela. La réalité leur tendait les bras pour dévoiler la folie du bonhomme, on ne comprend pas pourquoi The Comey Rule a choisi d'en faire un Bébête Show qui auto-discrédite son discours. Mais on se console tout de même avec toutes les grandes lignes que l'on a découvertes des coulisses des élections 2016, on apprécie la sobriété raffinée du jeu de Jeff Daniels, on constate une belle mise en scène (rien à redire sur les plans et la musique), et l'on comprend un peu plus les choix discutables de Comey. Maladroit, mais pédagogique.

Aude_L
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le 14 févr. 2021

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