Satan qui s'humanise dans le monde du fast food : bien que sans prétention, animé charmeur

L'animé est très bon. Il a une longueur raisonnable de treize épisodes. Là, je vais vous enlever la surprise que j'ai eue, mais donc on mate les premières minutes on voit des scènes de guerre et même de carnage, mais tout de suite avec une note décalée : le héros en armure a une façon louche de poser de profil le bras tendu, etc. On s'attend tout de même à un animé d'action, même si on a lu sur le synopsis que la magie va s'effondrer et que les personnages vont devoir vivre comme des humains normaux dans le Tokyo de notre monde. On devine aussi que les démons vont changer vu qu'ils sont au centre du synopsis. Et pour changer, ils changent. Satan devient un humain gentil et responsable, ainsi que le suppôt qui l'a suivi. En un an, ils se sont adaptés à une vie humble. Mais la magie et l'action vont repartir de temps en temps. La porte entre les mondes laisse passer d'autres personnages et il y a surtout une grande astuce, Satan récupère sa magie dans les grands moments de panique, sauf qu'il se sert de ce pouvoir démoniaque pour réparer les causes des paniques.
Un Héros Emilia, une femme chevalier à moitié ange avec un pouvoir sacré, est venu exprès pour l'empêcher de préparer son retour dans le monde qu'il a désolé, mais elle-même en galère elle le fréquente, lui demande son aide, et surtout elle finit par être piégée. Elle doit rester au cas où il tournerait mal, mais elle est forcée de constater qu'il est devenu gentil. Cela lui pose un redoutable problème de conscience, car Satan, en tant que chef d'une armée sanguinaire, a quantité de morts sur la conscience, et même il aurait lui-même tué le père d'Emilia.
Il y a aura de beaux moments d'action, des combats épiques, mais c'est avant tout un gag manga et on peut avoir un fort contraste entre les épisodes d'action et les épisodes tranches de vie. Les avis défavorables à cet animé sont certainement dus au fait que les gens sont désarçonnés par les changements de registre. Ils auraient voulu plus d'action, exploiter le potentiel épique de l'intrigue qui est original et bien réel. Moi-même, j'ai eu des amorces de réflexion en ce sens, en me disant : Est-ce parce qu'il a perdu sa forme démoniaque et sa magie qu'une nature potentiel d'humain se révèle ? Mais non, on n'aura rien de ce débat. Quand pour prendre sa défense, une humaine dit qu'il a changé, qu'il n'a peut-être pas tué lui-même de ses mains dans son monde d'origine, ce n'est que des arguments de la défense, cela ne débouche pas sur une révélation qu'il n'a jamais été le Mal. On reste dans la série comique. Point. Et donc dans l'inversion.
Une subtilité comique vient de ce que Satan est responsable d'une équipe dans un fast food. Le parallèle avec Satan chef de légions est exploité, ce Satan n'étant qu'un responsable adjoint qui croit que sa carrière à temps partiel est au seuil d'une ascension fulgurante. L'humour fait souvent mouche. Contre un ange trouble au nom suspect "ange la lumière du déchu" je crois, notre Satan sort : "je suis miséricordieux", et ça tombe en faisant son effet, on a cet ange qui a mal tourné qui travaille dans un fast food rival et qui sort à une supérieure de Satan : "Nous sommes les Roméo et Juliette de la restauration rapide". Il y a d'autres formules marrantes, d'autres traits d'esprit. L'humour marche bien, il y a un charme, même si on ne s'intéresse pas tant que ça aux personnages qui n'ont aucune profondeur, à part Emilia. Les garçons sont très simples, c'est une bande de mecs. La fille Bell qui arrive plus tard dans la série, elle a des tourments, mais la sauce psychologique ne prend pas. Il y a une autre énigme qui demeure : une humaine est amoureuse de Satan, mais lui il l'aime plutôt en ami, elle essaie de lui plaire, il ne capte rien. On sent que des rivales pourraient s'accumuler, mais il ne se passe rien. Ceci dit, il y a le cas d'Emilia dont on se demande vraiment comment pourraient évoluer les sentiments, car, malgré le deuil de son père, elle sympathise plus que tendrement avec lui. On a une fin ouverte, on ne sait pas trop si le monde d'origine va continuer d'être sous une paix mensongère d'imposteurs, on ne sait pas si nos héros vont rester définitivement sur Terre ou pas, encore que Satan dit très tôt qu'il est très heureux d'être un humain et qu'il veut rester là, et la scène finale entre Emilia et Satan elle crée une fin, car ils deviennent amis, mais est-ce que ce n'est pas le tremplin amoureux qui se prépare ? On constate en tout cas qu'il y a une autre inversion par rapport aux récits de type heroic fantasy, puisque pour sauver leur monde d'origine Satan a été appelé dans notre monde où la magie est si rare qu'elle passe pour superstition. Au lieu du personnage lambda qui devient un héros, Satan fait le chemin inverse, et on peut admettre une fin où ils restent à Tokyo pour le restant de leurs jours, comme certains héros restent dans un monde fantastique dans d'autres récits.
L'histoire est dynamique, vivante et drôle : que demander de plus ?