ça fait du bien au genre horrifique, enfin !

The Haunting of Hill House, ce n’est pas simplement une série d’horreur. C’est une œuvre d’une richesse rare, un bijou de mise en scène et d’écriture qui transcende largement les codes du genre. Mike Flanagan y signe une relecture moderne et bouleversante du roman de Shirley Jackson, et le résultat est tout simplement magistral.

Dès les premiers épisodes, on sent qu’on est face à quelque chose de grand. La mise en scène regorge d’idées visuelles somptueuses, à la fois élégantes et profondément symboliques. Chaque plan semble pensé pour servir autant l’émotion que la narration. L’un des sommets de cette maîtrise se trouve dans les fameux plans-séquences, notamment l’épisode 6, véritable tour de force technique et émotionnel. La caméra glisse, tourne, revient dans le passé sans coupure apparente — on est littéralement happé dans la maison, dans le récit, dans la douleur de cette famille brisée.

Le jeu des acteurs est d’une justesse remarquable. Chacun incarne son personnage avec une intensité contenue, une vulnérabilité sincère qui rend les scènes les plus dures encore plus poignantes. Victoria Pedretti, Oliver Jackson-Cohen, Carla Gugino… tous livrent des performances qui marquent. Aucun personnage n’est laissé de côté, et tous sont écrits avec une finesse rare. On ne suit pas simplement une histoire de fantômes : on explore le deuil, la culpabilité, les liens familiaux, la mémoire.

L’écriture, justement, est d’une intelligence folle. Ce qui semble n’être qu’un enchaînement de souvenirs ou de flashbacks se révèle petit à petit comme un puzzle magistralement construit. Chaque épisode rééclaire les précédents d’une nouvelle lumière. On redécouvre des événements, des dialogues, des regards sous un autre angle, et on comprend alors la profondeur de la douleur et de l’amour qui lient cette fratrie. C’est une mécanique à la fois narrative et émotionnelle qui fait mouche à chaque fois.

Et puis, bien sûr, la tension horrifique. Elle est gérée avec une précision chirurgicale. Flanagan ne cherche jamais le jumpscare facile. Il construit, il distille. L’angoisse naît de ce qu’on ne voit pas tout de suite, de ce qui reste dans le coin de l’œil, dans le silence, dans les interstices de la mise en scène. Il y a des fantômes partout, parfois littéralement. Et pourtant, le plus effrayant est souvent ce qui hante les personnages eux-mêmes.

The Haunting of Hill House est un chef-d’œuvre, à la croisée du drame familial et de l’horreur psychologique. Une série qui reste, qui marque, qui bouleverse. Et qui prouve, une fois encore, que le genre horrifique peut être l’un des plus puissants quand il est entre de bonnes mains.