Romance, meurtres et complots en mode Disney, un mélange qui ne plaira pas à tous

En 5 minutes, le trailer annonçait la couleur : Khanin le roturier allait se découvrir princesse Disney d'un micro-royaume kitchissime, échapper à de mortels complots grâce au valeureux chevalier Charan qui allait l'emporter sur sa moto noire et son cheval blanc (ça doit être ça la royauté moderne !), se battre pour le peuple et bien sûr trouver l'amour.

Sur ce plan, pas de souci, on a bien tout ce qui a été annoncé et (malheureusement) bien plus encore.

Le royaume d'Emmaly est étonnant -mêlant sans frémir gadgets technologiques de pointe et costumes brodés à dorures, au sein de châteaux anciens ou totalement futuristes- et ses règles compassées passablement incompréhensibles pour le jeune londonien lambda que croyait être Khanin.

Dans ce royaume de contes de fées, Charan a la force, la conviction et la loyauté chevillée au corps attendues du véritable chevalier blanc.

Et comme une princesse a forcément grand coeur et ne saurait passer à côté des malheurs des petites gens, Khanin va contre vents et marées s'impliquer dans la lutte sociale et écologique qui semble faire tomber comme des mouches les habitants d'Emmaly...

Bon point dès le départ, on apprécie l'originalité du système d'accession au trône en vigueur à Emmaly qui est au coeur de l'intrigue : 4 familles princières se partagent géographiquement le pays et entrent en compétition pour le trône à chaque changement de règne, par l'intermédiaire archaïque mais bien établi d'une compétition d'escrime.

La série démarre vite et bien, on est pris par l'histoire et les ennuis qui déboulent dans la vie de ce pauvre Khanin. Jusqu'à ce qu'il arrive à Emmaly...

C'est à partir de là que tout part en vrille selon moi : à force de vouloir faire d'Emmaly un monde à part, on atteint immédiatement le sommet du kitsch avec une débauche de costumes à fanfreluches dorées, décos surchargées, serviteurs agenouillés et autres niaiseries du même acabit...

Et cet aspect Disney outrancier va entrer en conflit frontal avec l'intrigue principale qui verra s'accumuler accidents, attentats, meurtres et violences diverses.

Des princes de contes de fée, OK

Des romances sur fond de différence de classe sociale, OK.

Un thriller politique, OK.

Un complot mortel, OK

Une lutte sociale et écologique, OK.

Un père abusif et des violences familiales, OK.

Une réflexion sur la place des femmes dans la société, OK.

Tout ça mélangé, pas OK du tout ici : hop un déjeuner dans les jardins, hop un empoisonnement, hop un bal, hop une torture par noyade, hop un cours de peinture, hop une petite séance BDSM, hop un entrainement d'escrime, hop une manifestation qui dégénère, hop la visite du marché, hop une punition à coups de fouet, hop une balade à cheval, hop 12 gardes étendus raides morts, hop une virée à la plage, etc.

J'ai l'esprit ouvert mais manifestement encore trop compartimenté pour cette oeuvre : pour moi, l'ambiance Contes de fées s'est assez mal mariée avec des répliques du style "il a dû être décapité" ou "Ecrase son visage avec ton pied"...

Bien réalisée, avec une jolie photographie, des acteurs qui font le job et de bonnes idées, cette série aurait pu être une réussite.

Malheureusement, à vouloir trop en faire et trop en dire, elle se perd dans un mélange des genres maladroit.

Et le fait que cela soit étiré sur 14 épisodes à coup de scènes sans intérêt et/ou bien trop longues n'aide pas le spectateur à rester investi.

Condensée en une dizaine d'épisodes, cette série aurait été bien plus plaisante à suivre.