Sur le papier, ça sentait le navet. A part le début de Family Guy, MacFarlane a plutôt tendance à m'hérisser la fourrure par ses autres séries et films trop facilement potaches. Je m'attendais donc à une mauvaise sitcom bancale dans une SF clichée et cheapos. Mais comme les oeuvres de SF divertissantes se font rares, j'ai lancé la série d'une moue veisalgique pleine d'a priori.
Et les premières minutes n'avaient pas de quoi relaxer mes sourcils du soupçon : le capitaine et son commandant sont ex mari et femme, celle-ci l'ayant trompé avec un homme tout bleu. Ah ça sent la gaudriole de bas étages avec les rires enregistrés que nos oreilles rajoutent d'elles-mêmes...
Eh en fait non ! L'humour lève le pied, et c'est plutôt bon enfant.
Et surtout, l'autre bonne surprise c'est que la série se veut une vraie série d'aventure, et même sérieuse. Et miracle assez absolu, le jonglage d'un genre à l'autre se fait abruptement mais très naturellement. Les acteurs sont crédibles dans tous les registres, et l'écriture évite toute lourdeur.
Au final l'ex liaison des chefs reviendra quelques fois mais reste en fond, et la série prend son rythme de croisière dans des épisodes en anthologies classiques du genre (réponse à un appel de détresse, cargo à convoyer, l'empire adverse à espionner) avec une sincérité débordante. On s'attache aux personnages, même dans les moments sentimentaux, bien dosés et au final touchants. Et si la série tire sur les grandes ficelles, l'écriture arrive souvent à trouver des astuces pour s'en tirer habilement.
Sincérité oui, car tout est fait avec une candeur appréciée et un amour du genre. Il paraît que c'est même plus Star Trek que les dernières moutures de la franchise, ce qui n'est d'ailleurs pas étonnant car pas mal d'anciens de collaborateurs de Star Trek sont ici à l'écriture.
Et la boucle est bouclée avec un rythme impeccable évitant toute longueur, aidé par une production immergeante aux petits oignons. C'est beau, bien fait, et régulièrement flattant la rétine, dans l'espace notamment avec des images waowantes de l'espace dans la 3e saison.
D'ailleurs l'avant dernier épisode fait figure de meilleur film (avec 1h30 de durée) d'action light SF vue depuis un bail.
Et la cerise sur le gâteau, c'est que la série arrive avec justesse à en plus être intelligente. Elle délaisse d'ailleurs grandement l'humour au fil des saisons. Les thèmes de société sont abordés étonnamment de manière frontale mais résolus toujours sans sabots, et sans jamais tomber dans la facilité. Complétement woke, le propos est délivré de manière exemplaire dans la forme.
Au final, on a une série amusante, attachante, divertissante, et prenante. On pardonnera donc quelques incohérences -mais pourquoi des personnages 2400 ne font que des références à la culture pop des 2000 ???- ou un côté presque too much totalement assumé et au final gagnant.
En espérant que la 4e saison soit acceptée et que la série ne s'enferme dans certains arcs.