Trésor perdu: le Secret des bons Navets

Il y a presque 20 ans (oui, oui), le film Benjamin Gates et le trésor des Templiers sortait sur nos grands écrans, suivi derrière par un deuxième film dont je me souviens très mal, voir même pas du tout, ce qui n'est pas un gage de sa qualité je crois. Cette époque où tout semblait aller pour le mieux et les complots en vogue paraissaient presque gentillet comparés à ce qu'on se coltine en ce moment. Néanmoins, le Zeitgeist ou air du temps en ce début de deuxième millénaire en était déjà aux sociétés secrètes dirigeant le monde et aux attentats fomentés par quelques cabales étatiques. Un petit romancier américain va s'emparer du sujet, mêlant thriller historique et groupuscule bien réel dans une recette qui fonctionne si bien qu'elle génèrera, comme toute bonne formule narrative, des clones de moins bonnes factures.

Il est difficile de ne pas voir le spectre de Dan Brown rôder au-dessus de la licence des Benjamin Gates ou des "National Treasure" comme ils l'appellent au pays de l'Oncle Sam. Ne me faîtes pas croire que la saga filmique sus-mentionnée n'est pas une version familiale et édulcorée du Da Vinci Code avec une mention Déclaration d'Indépendance des États-Unis. Ou alors peut-être un très bon épisode de La Carte au Trésor sur France 3 avec un peu plus de budget, qui sait ?

Bref, depuis 2007, la promesse d'un troisième opus à repris du poil de la bête et Disney, qui entre temps créa sa propre plateforme de streaming, pris l'étrange décision d'investir d'abord dans une série, quitte à retarder la production du long-métrage. Un choix douteux dont je me demande sincèrement s'il avait ne serait-ce qu'une infime chance de fonctionner. Au vu des scores sur Rotten Tomatoes, la réponse est mitigée.

Pour résumer le scénario, on va suivre une bande de jeunes adulescents qui partent à la recherche d'un trésor Aztèque, Inca et Maya (oui, oui les trois en même temps) et dont les parents de Jess, le personnage semble-t-il principal, étaient en fait les gardiens. Drame oblige, ils sont tout deux morts dans l'exercice de leurs fonctions, laissant Jess sans papier mais avec une bande d'amis qui respectent les clichés en vigueur. La méchante principale se présente sous la forme d'une quarantenaire peroxydée avec un porte-monnaie assez large pour se payer une belle milice d'hommes de main, pourtant tout à fait incapable d'arrêter quatre clampins avec un ordinateur portable. Vous sentez cette odeur ? Oui, oui, cette odeur de batracien en image de synthèse et de fonds d'écran pour Nokia 3310.

Je sais, je tire sur une ambulance criblée de balle mais bon, quand on commence par résoudre une énigme en disant je cite: "Deux c'est déjà plus grand que un", il y a de quoi non ? Je pourrais m'étirer en longueur sur le suintement faussement woke de la série mais point trop n'en faut et c'est déjà trop long. Dans tous les cas, ça faisait longtemps que je n'avais pas vu en plein jour le trope des Strong independant Woman et honnêtement, autant que ça reste aux oubliettes des décennies précédentes. Globalement, la série semble avoir été écrite par des vieux briscards qui n'ont bossé que sur des films et qui se proposent à l'écriture d'une série pour "djeuns". Et après avoir regardé vite fait sur le net, laissez moi vous dire que ce n'est pas tellement faux.

La série ne se prend jamais au sérieux et pas dans le bon sens du terme. Ce qui joue pour beaucoup dans la qualification de navet. Les énigmes sont claquées au sol, les résolutions tellement tirées par les cheveux qu'on pourrait en devenir chauve et cerise sur le gâteau, les musiques mièvres en fin d'épisode, ce que même la chaîne CW n'osait déjà plus faire en 2014. En somme, un condensé de ce que personne n'a plus l'audace de proposer mais qui passe sans aucun doute comme une lettre à la poste pour le géant Disney. Too big to fail comme on dit des grosses banques.

Enfin bref... C'était mauvais mais avec juste ce qu'il faut de nostalgie pour apprécier ce long et pénible voyage. Néanmoins, j'ai toujours pas compris ce que c'est Montzuma.