"A long time ago, we uuuuuuse to be friends !"
Musique des Dandy Warhols, générique clipesque, Kristen Bell avec son appareil photo: le combo gagnant de mon adolescence. Veronica Mars est une série qui, si vous l'avez découvert dans votre période adolescente, fait parti à jamais de votre ADN. Tout simplement parce que c'est la série adolescente la mieux construite, écrite, jouée et réalisée des années 2000. Si on ne regarde que les deux premières saisons.
L'histoire ? Une adolescente de 16 ans qui subit en un peu moins d'un an une série de bouleversements dans sa vie qui va la ronger profondément et l'obliger à agir par elle-même, tout aussi bien par obligation morale que pour ne pas sombrer définitivement. Veronica Mars perd en effet coup sur coup sa meilleure amie, assassinée dans d'étranges circonstances et très brutalement, et sa mère, parti subitement sans laisser d'indices sur les raisons de cette fuite loin de sa famille. Tout ceci est déjà bien noir, si on ne rajoutait pas dessus que sa meilleure amie est la fille d'un richissime entrepreneur, que le frère de celle-ci est l'ex de Veronica et que le père de Veronica était le shérif du comté en charge de l'enquête, et qu'il soupçonnait le père d'avoir tué sa fille.
Vous trouvez ce résumé lourd ? Peut être, mais le premier épisode de la saison 1 a la parfaite idée de poser toutes les bases de la série, en prenant son temps et en expliquant bien la situation, à l'aide de flashbacks et de voix off de Veronica. Car la série est bien l'histoire de Veronica, racontée de son point de vue. Elle est la narratrice et le personnage principal de la série, celle qui va tout faire pour venger sa meilleure amie de cette fin brutale. Sauf que tout ce beau monde vit à Neptune, une ville fictive de la côte Ouest américaine, où les riches ont pleins pouvoirs et décident de tout grâce à leur influence, ce qui posera quelques problèmes à notre détective privée mineure.
Et durant 22 épisodes, on n'arrivera pas à trouver qui peut bien avoir commis ce meurtre. Et ce n'est pas comme si on ne nous laissait pas y réfléchir. Les indices sont clairement énoncés, la logique de l'enquête suit son cours et trouver qui est le véritable assassin est compliqué. La série nous mène en bateau tout le long, et on s'attache de plus en plus aux personnages. Car là est toute la force de cette série, l'attachement total à tout les personnages. Ils sont tellement bien écrits et interprétés (quasiment tous à l'époque par des acteurs peu ou pas connus) que l'on ne voit pas des acteurs, mais des personnages (Kristen Bell EST Veronica Mars, Enrico Colantoni EST Keith Mars etc...). Alors imaginez quand ceux ci deviennent des potentiels coupables.
La série est aussi l'une des premières à avoir un vrai fil conducteur qui font que chaque épisode est important pour comprendre la suite, tout en possédant pour chacun une intrigue secondaire qui permet de développer d'autres personnages. La logique d'apparition des personnages est génialement trouvée: Veronica Mars est celle vers laquelle chacun se tourne quand il a un problème, ce qui fait que l'on découvre au cours d'une sous-intrigue Mac, Wallace, Duncan, Beavel, Weevil, Dick, Meg, etc... et que ceux-ci s'inscrivent ensuite pleinement dans l'intrigue principale. L'écriture de la série permet de combiner intrigue principale et intrigues mineures, sans que jamais celles-ci ne paraissent superflues ou rajoutées juste pour l'épisode.
Et cette même progression se poursuit dans la saison 2 et la saison 3, avec un gros bémol pour cette dernière: l'intrigue principale à été mal dégrossie et la saison se retrouve donc avec plusieurs intrigues qui vont se suivre sans jamais avoir quelque chose à voir. Une intrigue arrive donc juste après une autre, de façon un peu artificielle et coupe malheureusement le rythme au beau milieu de saison. Si bien que, pour moi, la fin de la saison 3 se situe quelques épisodes avant l'épisode final, vu que les derniers ne possèdent pas de souffle et de liant. La série s'épuisait malheureusement, et la décision de l'arrêter fut la bonne à posteriori vu que le souffle narratif n'avait plus la même force.
Et c'est bien ça qui montre à quel point la série est prodigieuse, son écriture des saisons 1 et 2 est tellement bien pensée que l'on est tenu en haleine de bout en bout, ne loupant aucun épisode (et d'où le bonheur ultime de faire un marathon de cette série). Elle possède une fin en queue de poisson, ne se clôturant pas vraiment, et a laissé pas mal de ses fans (dont moi) sur sa fin. Heureusement qu'un film est sorti en 2014 pour finir tout ça.
Pour conclure, Veronica Mars est une série passionnante, qui se déroule dans un environnement glauque sous couvert de strass et paillettes. Un univers de film noir des années 40 avec pour personnages principaux des adolescents en voie de devenir des adultes, et confrontés à toute la noirceur du monde dans lequel ils vivent. Une noirceur dissimulée derrière des décors de cartes postales et des villas de stars sous un beau soleil étincelant. Et qui aura permis de lancer une jeune actrice qui est depuis la chouchoute de bon nombres de jeunes adultes: Kristen Bell.