Warrior est au western ce que Spartacus est au péplum, et si ce n'est immédiatement évident pour tout le monde : je l'entends comme un compliment.
En effet, les deux séries partagent quelques points communs :
• Ne pas trop s'encombrer de la fidélité historique ou de l'authenticité de la reconstitution. On est là pour l'aventure et le spectacle
• Mais malgré ça, la richesse du contexte historique et ses magouilles politiques sert le récit, en l'ancrant dans quelque chose de familier, et en le parant d'un vernis de crédibilité
• Le réalisme des combats, on s'en contrefout. Warrior, c'est le niveau "Dynasty Warriors" du réalisme, avec des héros surpuissants qui combattent des hordes d'ennemis et les savatent par paquets de douze sans broncher, ne s'arrêtant au milieu d'une mêlée que le temps de duels titanesques contre un autre monstre de leur calibre
• Des dialogues percutants et très écrits, qui ne cherchent pas le naturel, mais contribuent à rendre ses personnages encore plus badass
• Des protagonistes avec des gueules mémorables, qui n'ont manifestement pas tous été choisis pour leurs talents d'acteurs, mais honnêtement, on s'en fout un peu dans une série de castagne
Et quelques différences notables :
• Warrior a visiblement beaucoup plus d'argent, ou l'utilise à meilleur escient, avec des costumes et décors très stylés, et des effets spéciaux de meilleure qualité que l'horrible sang numérique des débuts de Spartacus
• En termes de mise en scène, de cadrage, mais surtout de direction photo, Warrior enterre la concurrence, avec des très beaux plans, souvent desservis par une colorimétrie bizarre (la nuit est TRES bleue) mais qui en met quand même plein les mirettes
• Warrior n'abuse pas des slow mo, ni des cuts, et nous offre des combats à la fois parfaitement chorégraphiés et bien filmés. L'action est lisible, inventive et percutante, et... assez rare, parce que ça coûte cher de produire des combats de cette qualité.
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Si Warrior m'a tenu en haleine sans jamais faiblir pendant ses trois saisons, c'est parce qu'il alterne adroitement thriller, baston, drame, romance et distille tout ça à petite dose, avec un bon sens du rythme, en faisant avancer toutes sortes d'intrigues parallèles dans lesquelles le même groupe de personnages récurrents va se télescoper, s'associer, se trahir, s'aimer et se percuter violemment à grand coup de tatanes.
Le script n'est pas parfaitement ciselé, et certains arcs de personnages ne semblent aller nulle part, tandis que d'autres disparaissent sans laisser de traces, mais j'aime beaucoup la manière dont la série établit des rivalités entre deux personnages aux motivations opposées, les garde habilement éloignés l'un de l'autre pendant toute une saison, pour faire monter la tension et lâcher la sauce au moment de confrontations dantesques où on laisse enfin parler les poings.
Cette qualité est renforcée par son extraordinaire galerie de protagonistes, avec un casting de gueules qui permet de tous immédiatement les différencier :
• Dan Leary (Dean S. Jagger), dont le visage est bien trop petit pour sa tête
• Ah Toy (Olivia Cheng), délicieusement atypique et dangereuse
• Young Jun (Jason Tobin) que j'adore autant pour sa tête de con que pour son tempérament
• Penelope Blake (Joanna Vanderham), parfaite en aristocrate guindée, mais pas trop
• Li Yong (Johannes Taslim), qu'on sent toujours prêt à exploser sous son calme apparent
Et je pourrais en citer un paquet d'autres, comme Bill, Chao, ou Hong.
Note importante : la série ne s'achève pas au bout de trois saisons, mais a été annulée. La fin n'est pas tout à fait satisfaisante, mais je m'en contenterai. Même en son état d'œuvre inachevée, c'était une belle aventure dont je ne regrette aucun épisode.