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J'aurais vraiment adoré aimer cette série à cause de son sujet, de sa réalisation et de ses acteurs. Mais qu'est-ce que ce fut laborieux. Et même si sur certains points elle atteint ses objectifs, j'ai mis des semaines pour la terminer, me forçant régulièrement entre chaque épisode.


Ce n'est pourtant pas la faute à la technique : le réalisateur réussit une belle mise en image, la lumière, les décors et les acteurs (Kang Ha Neul, Lee Jung-Eun, Kong Hyo-Jin...) sont presque tous bons. Et certains dialogues sont d'une justesse émouvante, d'une drôlerie efficace ou voire même empreint d'une très jolie philosophie.


Mais alors pourquoi alourdir le personnage principal d'une pathos aussi appuyé ? Pourquoi devra-t-elle rabâcher les souvenirs de son enfance pathétique pour justifier la moindre micro évolution de son personnage ? Pourquoi devra-t-elle pleurer autant sur elle-même empêchant le spectateur de pleurer pour elle ?


Pourquoi pousser une actrice, pourtant très capable, à se noyer ainsi dans un personnage qui n'évolue plus après l'épisode 3 ou 4 ? Et qui devra attendre les 3 derniers épisodes pour revenir dans le game ? On l'aura compris elle à eu une vie de chiotte, aucun bonheur, aucun soutien, aucun amour et elle est seule, seule à mourir... Elle a porté le monde à bout de bras pour son fils, etc...


Vraiment ? En chouinant autant ? En pleurant plus fort que son marmot ? En baissant la voix devant tout le monde ? Vraiment ???


Pourtant, elle a vécu en concubinage avec son ex (audacieux dans un pays aussi conformiste), affronté le regard de sa 1ère belle famille et quitté l'homme qu'elle aime (pour quelle raison d'ailleurs se sépare-t-ils ?) en portant son enfant dans son ventre sans jamais avoir l'idée, la droiture morale et maternelle de révéler à son ex qu'il est devenu père ? Pour aujourd'hui repousser la moindre tentative du pauvre homme, aussi mauvais soit-il, de faire connaissance avec cet enfant dont il ignorait l'existence ? Lui interdire d'approcher d'un iota la chaire de sa chaire, le sang de son sang ? Vraiment ?


Ok, elle n'est pas parfaite. Et je ne souhaite pas que les personnages principaux soient moralement parfaits, ce serait ennuyeux et impossible. Mais il faudrait au moins qu'ils soient cohérents avec l'image (ici de gentille victime) que l'auteur tente de tisser.


D'ailleurs, l'auteur pourra se remercier d'avoir crée le personnage de Kang Ha-Neul (et au directeur de casting d'avoir choisi l'acteur), car c'est grâce à son amour indéfectible pour l'héroïne, que j'ai réussie à ne pas complètement détester le personnage féminin d'une mollesse parfois irritante et presque toujours d'un caractère doucereux . L'acteur au sourire et au jeu pétillants, capable de se fondre à merveille dans cet univers provincial est pour beaucoup dans le charme de la série. Et que dire des deux actrices incarnant les mères des 2 personnages principaux ? Elles sont merveilleuses de justesse et relativement bien écrites :)


Mais à quoi bon tout ça si c'est pour finir sur cet épisode final digne des téléfilms américains des années 1990 qui pullulent sur les chaînes de TV tous les après midi (et surtout à noël) ? Comment les odieux habitants d'Ongsam du début se transforment soudain en bisounours sur fond de chant de noël anglo-saxon ? Le basculement de l'opinion publique est mal mise en scène et arrive vers le dernier tiers d'une manière artificielle.


Comment les mêmes femmes disposées à étriper la mère célibataire au moindre faux pas, deviennent tout à coup des louves protectrices prêtes à défendre la pêcheresse qui alcoolisait leurs maris ? Juste parce qu'elle est menacée par le tueur ? Juste parce qu'elle est jolie et fragile ? Parce que Yang-mi le personnage le plus détesté du quartier s'est fait refroidir ? Non sérieusement, j'ai connu des femmes comme elles, en réalité (même si on se fiche de la réalité) aucune n'auraient levé le petit doigt en Corée ou ici. Non l'important dans une fiction n'est pas la réalité, je le sais, mais la vraisemblance. Et ici les auteurs n'ont pas réussi à rendre vraisemblable ce retournement de situation.


Les miracles existent-ils pour les mères célibataires ? Dans cette série la réponse est oui et ils sont légions : l'apparition d'un amoureux transi honnête et dévoué, le retour de la mère, la réussite commerciale de son bar, l'amour inconditionnel de son fils, l'intérêt sincère et plutôt bienveillant du père de son fils, le soutien des femmes du quartier après la mort de la serveuse, etc.


Dans la réalité française (pour exemple) : les mères célibataires restent seules en moyenne 5 ans après la séparation d'avec leur conjoint contre 2 ans pour les pères. Mais tout cela ne sont que des moyennes de l'INSEE, en réalité beaucoup d'entre elles restent seules toute leur vie enchaînant les relations plus ou moins éphémères et dans 80% des cas ces familles monoparentales (essentiellement des mères avec enfants) basculent dans la pauvreté et subissent les contre-coups de cette marginalisation et les Kang Ha-Neul n'apparaissent que pour les 20% restant.


Au final, que ce soit en Asie ou en occident, une mère seule est encore bien souvent aux yeux des prétendants qui passent dans leur vie la femme d'un autre. Et comme dirait notre brave Bridget Jones, une femme célibataire après 30 ans à bien plus de chance de se faire tuer par un serial killer (ou dévorer par un berger allemand) que de se marier... ou presque ;)

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le 23 oct. 2021

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