Wolf Like Me
6.8
Wolf Like Me

Série Peacock (2022)

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Inconsolable depuis le choc qu'a représenté le décès de sa femme, Gary se consacre désormais exclusivement à son rôle de père devoué pour dissimuler sa souffrance aux yeux de sa fille Emma. Mais, loin d'être dupe des raisons du comportement étouffant de son paternel, Emma se mure dans sa propre tristesse, transformant ce sentiment de deuil impossible refoulé par l'un comme par l'autre en un mur de non-dits de plus en plus difficile à surmonter.
Un beau jour, leur existence va être percutée de plein fouet par Mary, incarnation parfaite de la fameuse manic pixie dream girl, capable par sa seule personnalité bienveillante et fantasque de résoudre tous les maux de cette relation père-fille. Cependant, comme le titre de la série l'évente en grande partie, Mary a un lourd secret à base de crocs, de poils et de pleine lune...


Si les séries cherchant à se réapproprier la figure fantastique du loup-garou sont déjà une denrée rare, "Wolf Like Me" a le mérite de se différencier un peu plus en approchant le mythe sous un angle sentimental, où la révélation de la nature lycanthropique de Mary, forcément très encombrante au quotidien, sert d'habit métaphorique à l'arrivée d'un lourd passif susceptible de bouleverser encore un peu plus les dimensions du fossé émotionnel entre Gary et Emma. Alors que Mary semble d'abord avoir tout les atouts pour réparer leur relation brisée (une âme soeur pour Gary, une figure maternelle aimante et capable de comprendre la fragilité d'Emma), la découverte de sa lycanthropie va ensuite complètement rabattre les cartes de cette dynamique avec, en premier lieu, un Gary terrorisé et prêt à prendre ses jambes à son cou devant l'appétit sanguinaire de sa belle transformée en louve...


Pas toujours très inspirée dans le déroulement de ses péripéties majeures reposant sur une forte et bizarre redondance d'aléas automobiles (ça se veut peut-être être drôle... mais on en vient surtout à se dire que ces personnages ne devraient plus jamais s'approcher d'une voiture à l'avenir), ses effets comiques trop basiques ou dans son mélange des genres que certains pourraient juger déséquilibré selon les attentes et les partis pris de la série (ceux qui viennent en priorité pour l'argument "loup-garou" resteront clairement sur leur faim par exemple), "Wolf Like Me" vaut surtout pour la tendresse infinie et contagieuse que Abe Forsythe porte à ses personnages, donnant tout autant son éclat à la sincérité de la romance entre Gary et Mary, deux coeurs perdus expatriés en Australie que le destin a choisi de réunir pour soulager leurs traumatismes respectifs, qu'à l'évolution touchante du duo père-fille dans la compréhension de leur chagrin mutuelle sous la houlette de leur bonne fée rousse. Les moments à coeur ouvert où la caméra s'attarde intimement sur ces trois-là, sur les yeux que chacun pose sur l'autre sans artifice sont assurément ceux à la plus forte densité émotionnelle (superbe séquence finale !) en plus du gimmick en voix-off, toujours bien écrit, d'auto-correspondance de Mary sur ses états d'âme ("Dear Adelaide...").
L'autre grande qualité de la série est incontestablement son casting, Abe Forsythe extirpe Josh Gad de ses seconds rôles comiques répétitifs (comme celui qu'il lui avait offert dans son film "Little Monsters") pour un personnage plus creusé où l'acteur s'exprime enfin, et avec talent, dans un registre plus étoffé. Face à lui, la présence solaire -et devenue inexplicablement trop rare- d'Isla Fisher fait des merveilles de sourires et parfois d'humidité oculaire tout comme la petite Ariel Joy Donoghue parvient joliment à traduire le réveil du coeur de son personnage à son contact -et à "Contact" de surcroît- surtout dans la deuxième partie de saison (Emma apparaît vraiment trop sévère avec son père au début, ne lui laissant tellement rien passer qu'elle en devient antipathique).


Son format très court n'aidant pas (6 épisodes d'un peu plus de vingt minutes), cette première saison de "Wolf Like Me" a bien sûr beaucoup de mal à s'imposer comme une œuvre véritablement signifiante mais la sensibilité de sa proposition sur fond de personnages fracassés et de lycanthropie, tout comme la qualité de sa distribution d'acteurs bien mise en valeur, en font une curiosité australienne attachante à découvrir.

RedArrow
6
Écrit par

Créée

le 24 mars 2022

Critique lue 1.5K fois

6 j'aime

RedArrow

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