Difficile d’imaginer qu’un jour, quelqu’un ait proposé Work It en réunion, qu’une salle entière ait hoché la tête, et qu’ABC ait dit : "Parfait, lançons ça." Et pourtant. En 2012, la chaîne nous offre cette pépite télévisuelle où deux hommes, au chômage, enfilent robes et perruques pour décrocher un boulot réservé – selon la série – aux femmes. Un pitch qui aurait pu être audacieux. Spoiler : ce ne fut pas le cas.
Sur le papier, il y avait peut-être une tentative de critique sociale. Dans les faits, c’est plutôt un festival de malaises. Chaque scène est une collection de clichés d’un autre temps, livrés avec la subtilité d’un coup de talon aigu dans le tibia. On ne sait pas très bien ce que la série cherche à dénoncer – si tant est qu’elle dénonce quelque chose – mais on sent qu’elle le fait mal, très mal. L’humour repose essentiellement sur le fait qu’un homme en jupe, c’est forcément hilarant. En 1975, peut-être. En 2012, c’est gênant. En 2025, c’est presque criminel.
Les deux héros sont censés être touchants dans leur détresse. En réalité, ils oscillent entre le pathétique et l’agaçant. Pas de profondeur, pas de recul, juste une farandole de réactions forcées et de situations improbables. On pourrait s’attacher à eux, si on avait la sensation qu’ils évoluent, apprennent quelque chose, ou au moins essaient. Mais non : ils traversent les épisodes comme on traverse une mauvaise soirée speed-dating – en priant que ça se termine vite.
La mise en scène est d’une platitude remarquable. Aucun risque, aucun rythme, aucun style visuel identifiable. C’est du sitcom générique pur jus, version réchauffée au micro-ondes. La bande-son tente désespérément de nous rappeler qu’on est censés rire ici, là, maintenant. Mais même les rires enregistrés semblent gênés.
Pourquoi une note de 1/10 ? Parce que 0/10 n’était pas disponible
Je ne note pas Work It aussi bas par cruauté gratuite. Je le fais par dépit. Car ce n’est pas juste une série ratée – c’est un concentré de tout ce que la télévision peut faire de plus maladroit, mal informé, et malvenu. Elle manque sa cible à chaque tentative, sans jamais se remettre en question. Et quelque part, c’est presque fascinant.
Work It n’est pas seulement une série ratée, c’est une démonstration en temps réel de ce qu’il ne faut surtout pas faire quand on veut traiter de sujets sensibles avec humour. Elle voulait peut-être être subversive, elle finit en monument involontaire de ringardise. Le seul mérite de Work It, c’est de rappeler à quel point la comédie peut être un art délicat. Et que parfois, mieux vaut ne pas essayer du tout.