Auriez vous projeté d'avoir de la politique dans votre thriller politique?

Alors voilà le pitch c'est qu'un ancien président américain se fait appeler par la présidente actuelle pour enquêter sur un mystérieux groupuscule de hacker, et que les pouvoirs exécutifs qui lui sont délégués pour remplir sa mission sont très puissants et vont créer un peu de remous politique.

Bon, du fait que la série sorte maintenant, déjà, on sent qu'il y a des évènements sur laquelle elle est déjà dépassée (Le choix d'avoir une femme noire à la maison blanche, c'est que clairement dans le processus créatif on avait pas anticipé la réélection du dictateur orange et de sa clique de nazis wannabe). Mais son positionnement global sur tout ce qui touche à "la politique" est désarmant. C'est simple, on esquive systématiquement le sujet:

-Le héro , l'ancien président est décrit comme "seul homme ayant la sympathie des deux côtés de l'échiquier politique". Genre ni démocrate, ni républicain? Il bénéficie d'une sorte de consensus magique parce que "c'est un vétéran du vietnam" et qu'en gros il est "simplement patriote?" Mouaismouaismouais....

-Pareil, aucune mention du positionnement de l'actuelle présidente.

-Souvent on va parler des "extrémistes" : si on en croit la série, cela concerne aussi bien la complosphère QAnon, que des leftists qui défendent l'écologie et les droits humains, et qui sont ici dépeints de la même façon, c'est à dire comme un gloubi-boulga de mecs louches ayant a peu près le même comportement social que les pillards de Mad Max 2...

C'est complètement con! D'autant plus pour une série qui a priori devrait parler politique, donc devrait à minima s'acquitter d'un devoir de nuance pour être prise au sérieux. En fait c'est tellement prudent, tellement relativiste, qu'il en ressort une sorte de nihilisme nul où le monde est divisé entre un centre mou "raisonnable, les gentils" mais qui sont quand même un gros panier de crabe, et des "terroristes" dès qu'on pousse un peu plus loin les potards des convictions personnelles. A peu près le même niveau d'analyse que nos vieux darons sur les commentaires facebook de n'importe quelle article à teneur vaguement sociétale.

Et, au final, le héro utilise des méthodes fascistes sans que cela soit véritablement questionné. Le moindre suspect est interpellé par le SWAT en callebard à 5 du mat' , alors que, je sais pas, une lettre de convocation au commissariat pourrait peut-être suffire? Pareil, il rechigne puis cède à l'idée d'utiliser la torture pour obtenir des informations, sans que cela ne soit tant que ça considéré?? On est sensé adhérer au discours? Ou avoir de la sympathie pour le personnage??

Après dans tout ce contexte il y a une intrigue qui se déroule. Je dirais qu'il y a une bonne gestion du rythme des twists et des révélations (On va dire que c'est un point positif). A la fin, on découvre que le personnage ayant une vraie tête de méchant est bel et bien le grand méchant avec un plan de méchant. Voilà. Son plan était de "faire une cyber-attaque pour montrer aux gens qu'ils sont vulnérables et ainsi créer un choc et faire en sorte qu'ils soient à nouveau soudés". Voilà. Pas la peine de mettre une balise spoiler de toute façon c'est de la merde.

Ah oui, et sur la forme, l'étalonnage est extrêmement fade, au point qu'on a l'impression parfois que c'est la saturation de l'écran qui déconne et que le drapeau américain en fait c'est le drapeau breton, mais non. Et il y a une surutilisation de fréquences suraiguës pouvant rendre l’expérience bien désagréable.

Bon je mets 4 quand même car j'ai quand même suivi jusqu'au bout. Et que De Niro on dirait un peu le pépé dans Là-haut.