Les meilleurs albums de Nick Cave selon Rainure

Annotation :

En boucle. Encore et encore. Les mélodies les plus "évidentes" de Nick Cave mises en valeur par l'osmose merveilleuse du violon de Warren Ellis (l'on se rend compte de l'influence qu'à eu le travail de Dirty Three à côté sur les Bad Seeds et vice-versa, ce son feutré...) et du piano. Une écriture à couper au couteau, des morceaux vertigineux et grandioses, un tout qui ne cesse jamais d'exalter l'âme...
Et combien, et combien de sursauts : As I Sat Sadly By her Side en entrée en matière somptueuse, et puis l'enchaînement de choses tendues et risquées, pleines de rages sourdes et tristes, de God Is in The House à We Came along this Road...
Finalement, c'est un romantisme suranné, qui se la pète un peu en mode très larmoyant, mais qui a toutes les capacités pour, donc on se tait pour mieux écouter. Extravagant, plein de ces Léonard Coheneries d'arrangements surabondants, et on en redemande encore.
Boursouflé d'ornementations, outrancier mais avec classe.

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Des paroles :
"The burdens that you carry now
Are not of your creation
So let's not weep for their evil deeds
But for their lack of imagination
Today's the time for courage, babe
Tomorrow can be for forgiving
And if he touches you again with his stupid hands
His life won't be worth living

Sweetheart, come
Sweetheart, come
Sweetheart, come
Sweetheart, come to me"

S'il n'en fallait qu'un :
J'en garde deux (trop dur d'en prendre un), The Sorrowful Wife/We Came Along This Road, la paire monstre, je suis à terre à chaque fois, ces morceaux me détruisent.
https://www.youtube.com/watch?v=9gSXY3C4Rp4
https://www.youtube.com/watch?v=160CKKD2n4I

Annotation :

Album FANTASTIQUE, Nick Cave râle plus que de coutume, hurle à la mort et l'amour, soeurs comme toujours, se lâche dans des morceaux déments, explosifs, monstrueux, on à des relents de certains morceaux de Swans, et Nick qui se fait monstre, voix rauque et géante, immense ; il se la joue de manière à la fois classe et grotesque, et ça marche formidablement bien, puis Loverman mon dieu ! Et les claviers, et les cloches, les percussions, les arrangements ! Et ces regrets et ces tristesses, "it ain't gonna rain anymore", flamboyant, ardent. Nick Cave au sommet de son art.

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Des paroles :
"Despair and Deception, Love's ugly little twins
Came a-knocking on my door, I let them in
Darling, you're the punishment for all my former sins

I let love in"

S'il n'en fallait qu'un :
Loverman évidemment, l'explosion la plus ardente peut-être du répertoire de Cave.
https://www.youtube.com/watch?v=P51IVqf28Hs

Annotation :

Des balades et des ballades au piano, presque exclusivement. Le violon d'Ellis qui commence à se faire plus entendre, Nick Cave qui se fait plus crooner mélancolique. Surtout, surtout, les paroles les plus belles du Cave peut-être.

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Des paroles :
"I've felt you coming girl, as you drew near
I knew you'd find me, cause I longed you here
Are you my desitiny? Is this how you'll appear?
Wrapped in a coat with tears in your eyes?
Well take that coat babe, and throw it on the floor
Are you the one that I've been waiting for?"

S'il ne fallait qu'un morceau : Where Do We Go Now but Nowhere ?, le flegme tranquille, l'écriture parfaite.
https://www.youtube.com/watch?v=lEasWZC5_Gk

Annotation :

Des ballades kitch au piano complètement irrésistibles (Ship Song, je crois me souvenir d'une mémoire d'enfance), tous les choeurs de marin qui se déchirent, et ces percussions en cloche : délicieusement suranné, sans aucun faux pas.

Et même : des belles choses graves, Sorrow's Child, avec ce violon qui surgit, se couche et repart de plus belle ; tellement Cohenien, parfait. Des explorations nerveuses, enjoués dans leur rage sourde - Hammer Song et Cave qui râle.

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Des paroles :
"The good son walks into the field
He is a tiller, he has a tiller's hands
But down in his heart now
He lays down his queer plans
Against his brother and against his family
Yet he worships his brother
And he worships his mother
But it's his father, he says, is an unfair man
The good son"

S'il n'en fallait qu'une : The Weeping Song, terriblement drôle dans son humour noir / pince-sans-rire de désespéré.
https://www.youtube.com/watch?v=TqhOVY58zIo

Annotation :

Des bourdons et des plaintes, des chœurs d'ange, du superflu qui émeut un peu plus à chaque écoute, un côté "Livre des morts tibétains", beaucoup de violons et de choses qui s'allongent. Il n'y a bien sûr plus de rage, qui manquera à certains, il y a peut-être trop de choses, ça s'étend parfois trop, une plage dans la nuit, sans fin, sépulcral. Les mots, souvent un peu les mêmes, ça n'est pas grand chose, quelque chose d'un monde qui s'éteint, y aura-t-il un autre Nick Cave après ça ? Est-il bien raisonnable de chanter ces chansons dans des stades ? (les lives seront sûrement déments, cela dit, l'homme sait surprendre ; mais je ne regretterai pas)

Tout de même, tout de même. Presque pas de guitare, presque pas de batterie, et même pas vraiment de l'épure, mais quelque chose étonnamment léger sous toutes les épaisseurs d'effets. Moins malade que le Skeleton Tree, encore convalescent, épais, boule de tricot à repriser et filer, petit à petit - ça m'aurait éviter d'en dire du mal trop tôt, de ne savoir pas attendre un peu épouser des directions, des horizons.

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Des paroles :
"And a man called Jesus, he promised he would leave us
With a word that would light up the night, oh the night
But the stars hang from threads and blink off one by one
And it isn't any fun, no it isn't any fun
To be standing here alone with nowhere to be
With a man mad with grief and on each side a thief
Everybody hanging from a tree, from a tree
And everybody hanging from a tree"


S'il n'en fallait qu'une : l'ouverture de Spinning Song, ce qui déchire le voile :
https://www.youtube.com/watch?v=Ha5VGMaG4E4

Annotation :

Des chansons-fleuves qui soutiennent et tiennent tout, le violon qui perce comme neige (Water's Edge...), la basse entêtante qui bouge peu, la stabilité au service de la solennité (les blues, les oraisons), le crooner à son meilleur (Push The Sky Away, les nappes lunaires...). Comme un fils lointain de No More Shall We Part, en moins abondant / plus discret, aux mélodies sûrement moins réussies, mais moins "trop" aussi.
Aussi, c'est un album lumineux dans sa structure, avec ses petites aspérités de peur, de trouble, mais qui fini par tout pardonner.

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Des paroles :
"I am alone now
I am beyond recriminations
The curtains are shut
The furniture has gone
I am transforming
I am vibrating
I am glowing
I am flying
Look at me now"

S'il n'en falllait qu'une : Push the Sky Away, la tentation de tenir.
https://www.youtube.com/watch?v=DbGJgrBsgng

Annotation :

Le plus enragé des Dirty Three que j'ai pu écouter jusque-là : Warren Ellis comme un furieux sur son violon, la guitare la plus crachante, la batterie qui écope d'une mandale, assène sans cesse : le galop des troupeaux de chevaux, réinventés dans leur danse folle, qui vient soulever l'épais nuage de poussière maculant la barbe du Warren.

I Remember a Time When Once You Used to Love Me : https://www.youtube.com/watch?v=gExU_HZcpg4

Annotation :

Folk clocharde céleste, aux violons tristes.

I Offered It Up To The Stars & The Night Sky : https://www.youtube.com/watch?v=5zC2JdhomPI

Annotation :

Pointes de synthés parfaites, équilibre merveilleux des instruments et de la voix, explosions rock bien senties, étrangetés bienvenues (The Carny) ; vraiment beau du début à la fin (et pas aussi exubérant que d'autres).

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Des paroles :
"Once the road lay open like a girl
And we drank and laughed and threw the bottle over
But she fell away
She fell away
I did not see the cracks form
As I knelt to pray
I did not see the crevice yawn, no "

S'il ne fallait qu'un morceau : Stranger than Kindness, lente remontée de la guitare, les incursions discrètes de l'orgue, le sentiment roublard.
https://www.youtube.com/watch?v=Krfw2AF-a3w

Annotation :

Dommage que la production soit si datée par moments et qu'on sombre dans quelque chose d'un peu ridicule (Deanna...), j'ai vraiment du mal avec les sonorités de cet album dans l'ensemble...
Mais il y a ces compositions, cette entrée en matière folle, folle, le Mercy Seat hallucinant à la vergue énervée... Et puis Mercy, le plus beau moment de l'album, où l'on retrouve tout le brillant de la retenue, une supplique éternelle et humble devant laquelle on se tait.

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Des paroles :
"I began to warm and chill
To objects and their fields,
A ragged cup, a twisted mop
The face of Jesus in my soup
Those sinister dinner deals
The meal trolley's wicked wheels
A hooked bone rising from my food
All things either good or ungood."

S'il ne fallait qu'un morceau : Mercy, poignant et juste.
https://www.youtube.com/watch?v=sQM8G2ZjPrw

Annotation :

Cette fois peu de lumière après l'étincelant retour en force qu'était Push the Sky Away ; les mélodies sont tues, la guitare vrombit et noie tout : on pense au Blemish de Sylvian (qui lui se fait plus allongé, des plages plus apaisantes quand à l'utilisation du bourdon), au Self-Portrait de Jay Jay Johanson (qui pourtant sait trouver plus de mélodies dans son dénuement maladif), au Up de R.E.M. (mon obsession du moment - et obsession récurrente depuis bien 3 ans, disque plus malade que celui-là, moins inapaisé mais plus fiévreux et boiteux).

Cette noirceur donne des choses superbement tristes ; Jesus Alone en ouverture cloîtrée et morose, son crescendo qui assourdit dans le calme, Girl in Amber en balade tuée dans l'oeuf avec un refrain aux choeurs de pleureuses grecques, tous les synthés de la chanson finale ou le touchant I Need You tiré par la main de maître de Cave dans sa supplique immense...

Mais ça amène aussi des passages moins bien négociés, de la texture sans l'accroc, du renflement où rien ne se cache, Rings of Saturn, Magneto, pour un tout peut-être bien trop uniforme, trop imbibé d'encre : ça suinte et déborde.

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Des paroles :
"Some go and some stay behind
Some never move at all
Girl in amber trapped forever, spinning down the hall
Let no part of her go unremembered, clothes across the floor
Girl in amber, long to slumber, shuts the bathroom door"

S'il n'en fallait qu'une : Jesus Alone, le bourdon ému.
https://www.youtube.com/watch?v=9iGxoJnygW8

Annotation :

De la douceur avant toute chose... Piano, cordes frottées, batterie étouffée/assoupie et floue, pour lui donner plus d'ampleur et de nuances. Un peu monotone ? Quelle importance, c'est d'une élégance.

(enfin si, au final c'est bien trop monotone, Warren Ellis a fait bien mieux avec Dirty Three)

Annotation :

Très distant de cet album du Cave - les rages sont là, les violons et la batterie incessante, l'énergie - mais c'est propre, non ? Quelque chose de la production me gène. Il y a un côté western de carnaval (pas sans me rappeler 16 Horsepower), des grenouilles qui croassent, et aucun déclic franc sur aucune chanson : une grande unité tout du long, mais surtout du limon, quelque chose qui s'englue et ne me déchire pas, ne me satisfait pas.
Bref, passé à côté de celui-ci, une fois n'est pas coutume : l'impression d'impasse, de quelque chose qui n'aboutit pas ; heureusement reste la diction, l'inénarrable de Nick Cave qui captive parfois, entre deux bâillements.

Papa Won't Leave You, Henry : https://www.youtube.com/watch?v=AoFxUJtSp4g
Brother, My Cup Is Empty : https://www.youtube.com/watch?v=hN6gp0Gaw38

Annotation :

L'impression d'entendre des ébauches où la formule Low + Dirty Three ne se trouverait jamais vraiment ; ou bien entendre l'un des groupes, ou bien l'autre, jamais les deux, ou peu (Invitation Day éventuellement, grâce légère). C'est bien souvent l'ennui, le plat qui domine.

Invitation Day : https://www.youtube.com/watch?v=FinfSIgZ4Hw

Annotation :

*baille*

Album au ventre creux, pas moche, ni déplaisant, mais complètement transparent et oubliable ; aucune mélodie vraiment forte sauf peut-être Babe, I'm on Fire (qui est très drôle, avec son clip ridiculement péteux d'une bonne façon, outrancière), et un joli "Wonderful Life" d'entrée de jeu. C'est pourtant un peu les mêmes recettes que le No More Shall We Part précédent, mais appliquée avec peut-être fainéantise, peut-être juste un manque cruel d'inspiration.

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Des paroles :
"Speak our secret into your hands
And hold it in between
Plunge your hands into the water
And drown it in the sea
There will be nothing between us, baby
But the air that we breathe
Don't cry
It's a wonderful, wonderful life
If you can find it"

S'il n'en fallait qu'une : Babe, I'm On Fire, le sursaut énervé qui dure et dure en riant.
https://www.youtube.com/watch?v=LsBJ62jSCl0