Les meilleurs albums de black metal selon Antrustion

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A mes yeux, une synthèse de ce que le Black Metal peut produire de plus beau. Des mélodies spectrales, belles, mélancoliques et mystérieuses, servies par une dynamique rythmique d'une extrême qualité (aux inspirations post-HxC évidentes), et accompagnées d'une voix fantomatique qui semble comme raisonner au lointain, dans les vallées... Ash Borer, c'est les montagnes embrumées, la pluie qui bat, les pins à perte de vue, le ciel gris, les cascades qui jaillissent entre les rochers, la houle qui s'écrase sur les rivages noirs, les corbeaux qui volent au-dessus d'un animal mort ; c'est comme une exhalaison de « l'âme mystique du monde », une manifestation du mystère de l'être et des choses, un descente dans son intériorité profonde, et un prolongement de sa perception dans la nature qui nous entoure. Sur cet album, il n'y a malheureusement pas de basse ; cela dit, le son assez sale (qui disparaît sur les autres) offre quelque chose de très appréciable.

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C'est si rare, les groupes qui arrivent à écrire des compositions à la fois techniques et complexes et belles et mélodieuses !.. Velnias y arrive ici très bien, employant les belles mélodies du Black Metal nord-américain. Pour un voyage dans les vierges forêts de l'Antiquité...

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La scène hollandaise est un microcosme rempli d'excellents groupes — et Fluisteraars en fait partie. Un sens mélodique incomparable, des riffs magnifiques, ce long interlude calme et doux, cette basse juste saturée comme il faut...

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Black Metal islandais rageur et mélancolique, d'une beauté brutale, rentre-dedans et bouleversante, utilisant très judicieusement un son au final assez original, faisant cracher les cymbales comme jamais.

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Il s'agit d'un projet assez original : Obsequiae puise dans la musique médiévale ses mélodies et ses techniques de composition (la contrepointe) pour se les ré-approprier sous une « forme » tenant du Black Metal, mais pouvant aussi faire penser au Doom Épique. Le résultat est d'une qualité exceptionnelle ! On se sent immédiatement plongé dans l'intimité d'un château fort, à rêver de l'Antiquité... (puisque c'est le thème des paroles de cet album)

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Œuvre majeure d'Agalloch, qui en constitue, en quelque sorte, la maturité. C'est aussi un album fondamental et pionnier du « Cascadian Black Metal ». A mi-chemin entre néo-folk (Sol Invictus) et Black Metal atmosphérique (In the Woods), The Mantle dépeint superbement les réflexions solitaires d'un païen « converti » au cours de sa quête de sens dans un monde laid et étouffant, qui ignore bien trop les beautés du monde et de la nature... En somme : de la neige, des arbres, et des cogitations existentielles... plus ou moins adroites.

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Est-il besoin de présenter cet album ? C'est un immense classique du Black Metal, par l'un des pionniers du genre — une œuvre envoûtante, froide et obscure. Le son brouillon des guitares est hypnotisant : voilà la meilleure illustration de l'attachement radical du Black Metal pour le bourdon, antique principe cher aux musiques traditionnelles ou à la musique médiévale. A titre personnel, je trouve une véritable poésie dans les paroles et l'ambiance de Filosofem (et de Hvis Lyset Tar Oss aussi, de Burzum également), qui a quelque chose d'assez unique.

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Il s'agit du premier album du disciple italien de Summoning (et sans doute le meilleur disciple à mon avis). On a donc un mélange de Dungeon Synth et de Black Metal ; quelque chose d'à la fois calme, épique et merveilleux — voire onirique. L'album entreprend conter l'histoire tragique de Turin Turambar (on la trouve dans les Fils de Hurin et, brièvement, dans le Silmarillon, de J.R.R. Tolkien), histoire qui m'avait beaucoup touché et inspiré. La fin de l'album rétablit, je trouve, formidablement bien l'émotion du livre. Globalement, il y a vraiment un grand soin apporté à l'ambiance sonore.

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Autre album d'Ash Borer. Avec Bloodlands, la formation s'ajoute d'un bassiste. Le changement est perceptible : la forme globale des compositions se métamorphose légèrement, pour mieux laisser sa place à une basse gavée de saturation, au jeu lourd et monolithique (un peu une influence beatdown, enfin, si on veut).

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La scène nord-américaine est malheureusement pas très connue en France (par chauvinisme, je soupçonne !) ; elle recèle pourtant de groupes sublimes ! Ici, c'est un des groupes de ce fameux « Cascadian Black Metal », donc un mélange de néo-folk et de Black Metal atmosphérique. Je tends à penser qu'Alda est le groupe qui réussit le mieux dans ce style. Ici, on a un son assez crade (c'est leur premier album "mature"), mais c'est très appréciable. Les compositions sont très dynamiques, elles n'hésitent pas à sauter du très calme poétique au « violent » galvanisant. Dans tous les cas, un très bel éloge à Mère nature, mais teinté d'une angoisse écologiste qui sert de trame de fond, plus que des spéculations spirituelles-philosophiques habituelles.

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Il s'agit d'un autre groupe cascadien (côté canadien cette fois), encore très beau et poétique. Les paroles abordent plus frontalement des thèmes païens, mais je crois deviner aussi une sorte d'angoisse identitaire, qui me paraît compréhensible si on se met à la place de ces Européens déracinés (le compositeur avoue dans une interview rêver permettre un enracinement cascadien via une musique folklorique à forte valeur culturelle-identitaire). Musicalement, on a affaire à des structures très soignées, très bien pensées. Les instruments acoustiques prennent presque le-dessus sur les instruments électriques ! Lesquels ont un son très propre — peut-être un peu trop d'ailleurs. Le son de basse, à peine saturé mais qu'on distingue bien, est très appréciable.

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Je pense que c'est l'album que je préfère de Summoning (un peu à cause de "Mirdautas Vras" aussi), le duo autrichien fondateur d'une petite chapelle fort intéressante : le "Black Metal atmosphérique épique". Comme chacun sait, Summoning parle de l’œuvre de J.R.R. Tolkien, et emploie pour ça un mélange de Black Metal et de pistes de synthé reproduisant une instrumentation d'inspiration médiévale (ou y faisant penser). La force de Summoning, c'est sans doute sa capacité à faire rêver, à prolonger l'imaginaire tolkienien dans une approche musicale... (qui date de bien avant la sortie du premier film du Seigneur des Anneaux, précisons-le !)

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Un autre groupe américain, proche d'Ash Borer et dont les sonorités ne sont pas si éloignées de celles de la scène cascadienne (ils ne sont géographiquement pas très loin aussi). Sauf sur cet album. Celui-ci est vraiment particulier, peut-être assez unique. C'est un magma informe, très « drone » (Sunn O))), Earth, Boris...), où se mêlent diverses mélodies à peine discernables. Une approche particulièrement radicale du bourdon Black Metal. Nous voici plongés dans le royaume de Saturne ! Terrible et cruel maître du Destin, dans le symbolisme astrologique traditionnel... Un album qui a une forte intensité mystique, assez viscérale.

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C'est un autre groupe islandais, dont la moitié des membres est identique à ceux de Nadra. L'ambiance y est beaucoup plus solennelle, et beaucoup plus sombre. Certaines mélodies sont juste incroyables : elles donnent un côté « ritualiste » à l'album, envoûtant. La pochette offre en elle-même une bonne illustration de la musique, je trouve...

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Sans doute l’œuvre majeure du DSBM (depressive suicidal black metal... tout un programme !) ; un album profondément mélancolique, aux paroles tourmentées à moitié suicidaires, mais admirablement bien écrites. Ce chant absolument terrible, je crois, ne cessera jamais de m'étonner. On est plus dans le penchant « ultra-expressif » du DSBM (contre le pendant « monotone-introverti » dont Xasthur est certainement le meilleur représentant). Il y a une très bonne utilisation d'instruments acoustiques, vraiment très bien vue. C'est tragique et noir comme on le souhaite, mais en même temps très beau et presque touchant... Certes un peu immature sur les bords, mais qui s'en étonnera ?

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Sorte d'unique essai bizarroïde et expérimental, complexe juxtaposition de pistes de guitares, de chant, de batterie, de pistes de synthé, et de quelques samples. Le résultat est assez chaotique, très bourdonnant, mais a quelque chose de fascinant et de mystérieux. J'ai tendance à ressentir cet album comme une sorte « d'orgie champêtre, cosmique et solaire » : quelque chose de très lumineux, de très verdoyant, mais qui interroge le fond de l'être et de l'âme du monde, des choses et de l'esprit. L'illustration est aussi sublime, je trouve. C'est une vraie petite pépite, qui vaut tant par son originalité que pour son caractère unique.

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Un groupe de NSBM assez original en un sens : habituellement, le NSBM a un souci mélodique assez relatif. Ici, la mélodie est l'aspect fondamental des compositions : Aryan Art, c'est des grandes envolées grandioses, épiques et parfois mélancoliques, qu'on imagine fort bien accompagner des cavaliers traversant la plaine Bulgare avec du yaourt en fermentation dans les fontes de leurs selles, quelque part au Xe siècle, s'en allant casser du Byzantin. Cela dit, l'aspect tragique-mélancolique du NSBM est très présent, notamment dans ce chant mi-désespéré, mi-rageur — sorte d'illustration des « rancœurs nationales européennes » pour faire écho aux bons mots de Peste Noire. Il y a également toujours ce son sale obligatoire, et ce minimalisme rythmique monotone, aux cymbales plus étouffées que réellement percutantes.
Le dernier morceau de l'album, Искърско Хоро est une reprise d'une composition de Diko Iliev (XXe siècle), laquelle me semble être une sorte d'orchestration d'hymnes populaires bulgares (horo veut dire « danse » me semble-t-il). Je ne serais pas très étonné si Aryan Art allait beaucoup piocher là-dedans pour ses mélodies. Dans tous les cas, celles-ci sont sublimes et valent le détour !

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Ce doit être l'album qui m'a mis en relation avec le Black Metal, il y a déjà un petit moment. C'est aussi un des premiers albums de Black Metal symphonique qui est sorti (et un des seuls que j'apprécie d'ailleurs). L'alliance du son minimaliste et des orchestrations grandioses et épiques marche à merveille ! L'univers de Dimmu Borgir, de ces « chevaliers du diable » qui vont pourfendre du chrétien on ne sait trop pourquoi (au moins par principe !), est assez génial aussi...

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C'est naturellement un immense classique, et qui a ce quelque chose cher à bien des albums cultes : il semble produire quelque chose d'évident, d'allant de soi, mais qui, en même temps, est très personnel au groupe, qu'on ne trouve pas forcément ailleurs. En tout cas, tout dans cet album est génial : les guitares, la batterie, la basse, le chant, tout est parfait. Cette basse fortement saturée (je soupçonne une Boss MT-2) est particulièrement subtilement utilisée dans les compositions ; le chant délirant est sublime, et les parties de batterie sont admirablement bien écrites. L'ensemble de l'album suscite cet espèce d'univers piquant à la fois à la mythologie chrétienne populaire et aux univers fictifs du XXe siècle (cinéma fantastique, jeux de rôles) propre au Black Metal des années 1990, et qu'on ne trouve plus après. Sans doute un effet générationnel...