Les livres qui mériteraient une adaptation au cinéma selon Gauche-a-Droite

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Incompréhensible. Même en plissant les yeux, rien à l'horizon, rien aux bonnes dimensions en tout cas. Pourtant tout est là, et plus encore que ce que pourrait imaginer une armée de scénaristes aguerris.

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Il y a l'embarras du choix - et nous ne parlons que du premier tome - mais si la prose de Gibbon pouvait transpirée sur un écran aux temps de l'Empire et des invasions barbares, ce serait le pied.

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Je vois ça d'ici-bas:
La guerre dans le ciel, portée par les anges rebelles - Le duel épique de Lucifer face à l'archange Michel - La chute dantesque, dans les miasmes d'une mer d'oubli, gonflée par les quatre fleuves de l'Enfer - Les anges damnés aux ailes brunies répondants aux harangues orgueilleuses de leur guide dans le péché - L'assemblée mélancolique des démons dans Pandemonium - Satan volant par delà la mort et les portes de l'Empyrée, errant dans le Chaos primordial jusqu'au joyau de la création: L'Éden - La tentation du Serpent - Le Fruit défendu et la connaissance du doute, de la peur, de la vanité et de la mort - Le début de la Fin.

Par la grâce de Milton, les replis du baroques et les dimensions de l'épopée se mêlent aux révélations hiératiques de l'Ancien Testament.
Dans pareille entreprise, les écueils cinématographiques sont potentiellement légion, mais il suffirait d'un petit miracle pour que de cette glaise de qualité supérieure émerge l'exégèse spectaculaire d'un énième auteur.

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Si nous complétons la lecture de cette pièce de Cervantès avec l'exégèse qu'en propose Fuentes dans son Oranger (http://www.senscritique.com/livre/L_Oranger/8833179), nous obtenons une fable cruelle de la résistance, et la chronique d'un siège monté en oxymore qui soutien la comparaison avec le stratagème d'Odysseùs.
Ça ferait un film de puta madre.

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En matière de teasing, le Quichotte se pose là, on attend d'en dévorer les développements picaresques sur un écran depuis au moins 1933. Depuis Wells et son work-in-progress nécessairement inachevé, rien de bien convaincant dans la poussière de la Mancha.

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Une propagande médiévale sur la route des croisades, accordée aux morales des anciens contes, transfigurée par la plume admirable de Schwob; on attend quoi?

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Duels de fins bretteurs, inventions poétiques, métaphysiques ou alchimiques, paradoxes géographiques et grands voyageurs, capes, épées, filtres sympathiques, langues bien pendues et culte des lumières…
Intimidé?

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Un homme à la peau tannée croupi dans son cachot; il reçoit la visite d'un inconnu qui l'interroge sur sa vie d'avant, quand il écumait les mers torrides en défiant le pouvoir des couronnes. Le visiteur anonyme prend des notes, il compilera une histoire générale des plus farouches libertaires que l'océan ait porté au temps de l'humanisme. Libertaires ou anarchistes pour certains, tous embarqués dans la violence d'une émancipation acharnée mais utopique; vouée aux potences, par conséquent.
Je vois déjà ça sur grand écran, battu par les vents d'ouest.

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Rien de bien convaincant depuis Svankmajer (http://www.senscritique.com/film/Alice/387278), et à la rigueur Disney.
Mais sérieusement, l'essentiel n'est pas là.
Alors, qui s'y colle pour de vrai?

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Poe l'artificier de la mesure narrative, ce vieux bandit d'auteur conscient de ses plein-pouvoirs, n'aurait-il pas fait un méticuleux réalisateur - Parangon de Welles ou Hitchcock ou Kubrick même - Les relations extraordinaires et symboliques d'Arthur Gordon Pym feraient un film puissant et mystérieux.

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Pourvu que soit proche l'aube de la fin du grand cycle des 349 éons, et que l'alignement des planètes soit enfin propice à la venue du stupide Azathoth qui seul empêchera Guillermo del Toro d'adapter cette pièce maîtresse dans l'oeuvre du puceau de Providence.
À l'instar d'Arthur Gordon Pym son modèle, c'est à un esprit méticuleux, économe et analytique que l'adaptation de ce livre devrait être confiée.

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Et alors personne n'a levé la mains? En 80 ans!?
C'est peut être trop tard maintenant, la pellicule est en voie d'extinction, on perd du grain, de l'âpreté, l'odeur d'une époque… Il faudrait qu'un petit miracle acerbe et ténébreux se produise, sinon, tant pis.

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Une adaptation a été tournée en 1993:
http://www.senscritique.com/film/La_musique_du_hasard/451033
Elle est honnête, mais sûrement trop littérale. Ce livre mérite un deuxième regard pour déployer son potentiel cinématographique.

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Ça pourrait donner une sorte de film de prison terminal, la somme de ce qui précède et le résumé de ce qui pourrait suivre, la panoptique absolue libérée de sa maçonnerie. Un labyrinthe physique et cérébral suscité par le cadrage, le montage et l'ellipse reine.
C'est du boulot, il faut quelqu'un de très fort aux manettes.