Les meilleurs films de 2025 selon Arthur Debussy
23 films
créée il y a 8 mois · modifiée il y a environ 23 heuresUne bataille après l'autre (2025)
One Battle After Another
2 h 42 min. Sortie : 24 septembre 2025 (France). Comédie, Drame, Thriller
Film de Paul Thomas Anderson
Arthur Debussy a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
Une bataille après l'autre met du temps à démarrer, mais devient bien assez vite le film complètement fou et jubilatoire tant vanté par un good buzz mérité.
Encore une fois, Paul Thomas Anderson démontre qu'il est l'un des tous meilleurs réalisateurs américains en activité, jamais là où l'attend.
Je suis surpris de lire parfois que PT Anderson n'est pas assez, voire pas du tout politique avec ce film. Au contraire, c'est certainement son long métrage le plus politique, et les références nombreuses à l'Amérique trumpiste d'aujourd'hui sont évidentes. Le souligner davantage aurait été too much. Et pardon, mais ça fait du bien de voir un réalisateur qui fasse confiance à son public pour comprendre ce qui se passe à l'écran.
Le film est un festival de séquences d'action haletantes et drôlissimes, servies par un excellent casting. Big up à Leonardo DiCaprio, magistral en père looser et sensible, dépassé par les événements, mais très attachant. Mention spéciale à Chase Infiniti, jeune actrice prometteuse. Et bien sûr, je n'oublie pas Sean Penn, inoubliable en militaire suprémaciste complètement barge.
Tout comme Licorice Pizza, mais en beaucoup moins léger (Une bataille après l'autre est plutôt un thriller), ce long métrage est un grand moment de cinéma complètement réjouissant et virtuose. Qu'est-ce que ça fait du bien de voir de tels films !
Un simple accident (2025)
A Simple Accident
1 h 41 min. Sortie : 1 octobre 2025 (France). Drame
Film de Jafar Panahi
Arthur Debussy a mis 8/10.
Annotation :
Grand film de Jafar Panahi, qui déboulonne la statue branlante du régime iranien avec une économie de moyens remarquables. Il est intéressant de comparer Un simple accident avec l'autre film iranien de la compétition cannoise : Woman and Child de Saeed Roustaee. Un excellent film au demeurant. Mais il passe par beaucoup d’esbroufe en termes de mise en scène, de scénario et de dialogues tortueux, quand le film de Panahi est un modèle de concision et d'efficacité. Son humanisme à la fois lucide et bonhomme rappelle les grands maîtres du western classique, tels John Ford, le van du film ressemblant à la diligence de La Chevauchée Fantastique, où des personnages contraints de rester ensemble et de se supporter incarnent toutes les nuances de l'humanité.
Mais Un simple accident n'est pas qu'une simple tragicomédie. C'est une réflexion vertigineuse sur la violence, la justice et le mal. Comment combattre ce dernier sans tomber sous son emprise ? La réponse est loin d'être simple. On le sait depuis longtemps, l'art nous prenant d'ailleurs à témoin, la vengeance peut être amère.
Jafar Panahi livre donc un film simple en apparence, mais riche et complexe, porté par de talentueux interprètes, et une mise en scène limpide, mais qui ça et là démontre le savoir-faire indéniable du cinéaste iranien.
J'ai vu l'autre grand favori de Cannes 2025, Un agent secret de Kleber Mendonça Filho, et après l'erreur de l'an passé (La Graine et le Figuier de Mohammad Rasoulof aurait clairement dû être sacré au lieu d'Anora), le jury de Juliette Binoche semble ne pas s'être trompé : Un simple accident est une belle et évidente Palme d'Or.
Oui (2025)
Ken
2 h 29 min. Sortie : 17 septembre 2025 (France). Drame
Film de Nadav Lapid
Arthur Debussy a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
Ça fait du bien de découvrir des films comme Yes de Nadav Lapid, des films fous, ambitieux, politiques et polémiques, qui posent plus de questions qu'ils n'assènent de réponses. Rendre hommage aux victimes israéliennes du 7 octobre, tout en dénonçant les crimes d'Israël à Gaza et en Palestine, voilà une posture pas facile, et pourtant Nadav Lapid est à la hauteur de son sujet. Je ne peux que saluer également les trois acteurs principaux : Ariel Bronz, Efrat Dor et Naama Preis, exceptionnels. Si le film se perd un peu dans quelques longueurs dans sa deuxième partie, il reste passionnant de bout en bout, et particulièrement caustique. Les films qui font réfléchir, c'est toujours plaisant... et alors quand la mise en scène est inventive, c'est un vrai régal :-).
Berlin, été 42 (2024)
In Liebe, Eure Hilde
2 h 04 min. Sortie : 12 mars 2025 (France). Biopic, Drame
Film de Andreas Dresen
Arthur Debussy a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
Très beau film pour l'ouverture du Festival du Cinéma Allemand, à Paris. Un film fort sur le fond (des Allemands résistant aux nazis pendant la Seconde Guerre Mondiale) et avec une esthétique et un parti pris très intéressants : filmer cette époque comme si elle nous était contemporaine, nous immergeant pleinement dedans, avec un côté spontané et réaliste.
On doit cette approche au binôme formé par le réalisateur Andreas Dresen et la cheffe opératrice Judith Kaufmann, considérée comme la plus grande directrice de la photographie actuelle en Allemagne. Filmé en numérique mais en imitant à la perfection un beau 16 mm désaturé, ce film marque par son aspect visuel, qui reflète totalement le scénario.
Le réalisateur ne voulait pas montrer des gens héroïques. Il voulait montrer des gens comme tout le monde, qui ont des préoccupations simples : des relations humaines, des espoirs, des joies, qui se font des misères...
D'après Judith Kaufmann, qui était présente lors de la séance (elle a tenu à répondre à toutes les questions du public), Andreas Dresen voulait "montrer des petites choses de résistance pour nous donner du courage".
Vu l'état de notre monde actuel, c'est exactement ce dont on a besoin...
L'Évangile de la Révolution (2024)
1 h 55 min. Sortie : 3 septembre 2025. Historique
Documentaire de François-Xavier Drouet
Arthur Debussy a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
L'Evangile de la Révolution est un magnifique et terrible documentaire de François-Xavier Drouet sur la Théologie de la Libération, mouvement spirituel, politique et social qui s'est développé dans la 2e moitié du 20e siècle partout en Amérique du Sud... avant d'être réprimé dans le sang par les différentes dictatures, alliées entre elles, et par Jean Paul II, qui a publiquement désavoué et humilié les leaders de ce mouvement... préférant promouvoir des organisations telles que l'Opus Dei ou les Légionnaires du Christ...
Résultat : des centaines de milliers de mort, et une Église morte vivante aujourd'hui là bas, vampirisée par les Évangéliques, qui ont remplacé la conscience politique et sociale par l'emprise sur les esprits et une logique vénale : payer (le pasteur) pour être sauvés...
Il faut absolument aller voir ce documentaire, qui retrace l'histoire du Christianisme de la Libération dans plusieurs pays majeurs d'Amérique latine, en donnant la parole à beaucoup d'acteurs majeurs de l'époque encore en vie, et à des fidèles également engagés, continuant encore aujourd'hui à se battre pour leurs idéaux.
C'est un documentaire remarquable, signé par un réalisateur baptisé mais athée, respectueux des Chrétiens et de la foi, cherchant à faire la lumière sur ce mouvement qui nous a donné, entre autres, le Pape François, ouvrant une brèche salutaire mais fragile pour l'auto-critique au sein de l'Eglise...
L'Invasion (2024)
The Invasion
2 h 25 min. Sortie : 6 février 2025 (France).
Documentaire de Sergei Loznitsa
Arthur Debussy a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
L'Invasion de Sergueï Loznitsa a été produit par Arte France. Le projet d'origine était de réaliser une série de brèves séquences, allant de 3 à 20 minutes environ, documentant le quotidien en Ukraine depuis l'invasion russe de février 2022. Le long métrage qui sort actuellement en salles est un montage alternatif d'un certains nombre de ces scènes.
Selon les mots de Sergueï Loznista, son film est donc une mosaïque de séquences, qui montre ce que vivent les Ukrainiens et les Ukrainiennes, dans un pays en guerre, sous les bombes et les assauts des russes. Contrairement à d'autres documentaires qui montrent des Ukrainiens résilients, faisant presque oublier l'horreur de ce qui se trame, le cinéaste filme les impacts et les ravages de la guerre sur son pays et ses compatriotes. Un quotidien fait de funérailles (le film commence par un enterrement), d'entraînements militaires, de soins médicaux, de rééducation pour les nombreux blessés... mais aussi d'études pour les jeunes Ukrainiens, car la vie continue, de fêtes religieuses, de rassemblements de voisins et d'amis, de distributions de nourriture...
La mise en scène est simple et se veut objective : la majorité des plans sont fixes, les personnes filmées ne faisant pas attention à la caméra. La photographie est quant à elle magnifique. L'Invasion a beau être long (2h25), on ne voit pas le temps passer. On est happé par ce peuple courageux et héroïque, qui se sacrifie pour son pays... et pour nous.
Militantropos (2025)
1 h 51 min. Société
Documentaire de Alina Gorlova et Simon Mozgovyi
Arthur Debussy a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
Militantropos est un documentaire avec un propos fort : montrer en quoi la guerre en Ukraine a forcé les Ukrainiens à être des hommes et des femmes soldats, à intégrer la guerre dans leur quotidien.
Un quotidien bouleversé, où la guerre s'invite partout, à tout moment et en tout lieu... Que ce soit dans des champs agricoles truffés de bombes ou de mines, des enfants qui jouent dans des tranchées, des retrouvailles familiales bientôt interrompues avant que les soldats repartent sur le front...
Les trois réalisateur et réalisatrices de ce film, Yelizaveta Smith, Alina Gorlova et Simon Mozgovyi, ne s'attardent pas longuement sur les personnes qu'ils filment. Ils dressent plutôt un panorama du pays ukrainien et de tous les domaines dans lesquels la guerre s'est infiltrée.
C'est filmé avec un grand soin et une belle photographie, mais sans voix off. Rien que les images brutes, tout à fait éloquentes. Un long métrage remarquable qui donne à voir le courage des Ukrainiens et des Ukrainiennes. Cela faisait longtemps que je n'avais pas autant pleuré devant un film...
Mickey 17 (2025)
2 h 17 min. Sortie : 5 mars 2025 (France). Science-fiction, Action, Comédie
Film de Bong Joon-Ho
Arthur Debussy a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
Au vu des critiques négatives, et des précédents films américains de Bong Joon-ho, que j'avais trouvé ratés, je m'attendais à un opus moyen avec ce Mickey 17. Or s'il comporte pas mal de défauts, j'ai vraiment été embarqué par cette satire politique humaniste et anti-Trump, débordant d'humour et de second degré.
Certes, le film part dans tous les sens, au niveau du montage et du scénario. Peut-être est-ce dû aux coupes et aux scènes retournées demandées par le studio Warner Bros, visiblement mal à l'aise (et on les comprend) vis-à-vis de ce film qui met aussi explicitement un gros doigt d'honneur à cette deep sh*t de Trump. Mais Mickey 17 suscite la réflexion, qu'il s'agisse des actions de l'occident et des Etats-Unis dans le monde (leur impérialisme pour faire court), des ravages de la science sans conscience ou des sociétés ultralibérales... Plus encore, comme à son habitude, Bong Joon-ho met en lumière les sans-voix, face aux puissants obscènes à la Trump ou Musk (ou tout autre dictateur avéré ou en puissance).
Bong nous donne des pistes pour résister (se fier à notre part d'humanité), tout en dressant un constat pessimiste sur la bêtise et la violence humaine. La fin du film est une pirouette, il et on sait bien que la photocopieuse à despotes fonctionne toujours, il y en aura toujours de nouveaux prêts à se relever et à entraîner avec eux les frustrés avides de sang...
Mais au moins, avec Mickey 17, le cinéaste coréen nous offre une parenthèse à la fois divertissante et profonde... et particulièrement jouissive, comme lorsqu'il insulte ouvertement l'homme orange.
Oui, Mickey 17 n'est pas parfait, il ne plaira pas à tout le monde. Pour ma part, en tout cas, j'ai vraiment passé un excellent moment. Et je trouve assez incroyable qu'après l'énorme succès de Parasite, notamment aux Etats-Unis, Monsieur Bong ne se soit pas endormi sur ses lauriers et ait osé livrer un film aussi politiquement engagé. Quand, dans le même moment, beaucoup de monde à Hollywood et aux Etats-Unis baisse son froc face à Trump et ses troupes dégénérées...
Radio Prague, les ondes de la révolte (2024)
Vlny
1 h 56 min. Sortie : 19 mars 2025 (France). Drame, Historique, Thriller
Film de Jirí Mádl
Arthur Debussy a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
Radio Prague, les ondes de la révolte, un film de Jiří Mádl, énorme succès sorti en 2024 en République Tchèque et en Slovaquie, où près d'1 million de spectateurs l'ont vu là-bas (soit 1/10e de la population tchèque, le pays comptant 10 millions d'habitants), et qui vient de sortir le 19 mars en France.
On comprend son succès : c'est un excellent film, haletant, surtout dans sa 2e partie, qui évoque les événements du Printemps de Prague. Il raconte comment des résistants ont fait face aux envahisseurs soviétiques, en faisant preuve de courage et d'ingéniosité. En 1968, l'URSS et les troupes du Pacte de Varsovie envahissent la République Tchèque, qui vivait une vague de libéralisation, sous l'impulsion d'Alexander Dubček.
Les Tchèques et les Slovaques furent choqués par cette invasion de "pays amis" et accueillirent les envahisseurs sans violence, mais en résistant et en leur intimant de repartir. Le film raconte comment des résistants de la radio nationale ont tout fait pour soutenir les militants de la liberté et de la vérité, en émettant de façon pirate jusqu'au dernier moment, pour informer leurs concitoyens de ce qui se passait, alors que la propagande officielle propageait mensonge sur mensonge...
Bien évidemment, ce film résonne d'autant plus aujourd'hui, alors que la guerre en Ukraine fait rage, et que la République Tchèque compte parmi les fervents soutiens de l'Ukraine, les Tchèques connaissant très bien l'impérialisme russe pour l'avoir éprouvé dans leur chair... A Prague, les rues sont noires de monde lors des manifestations pro Ukraine, ce qui n'est hélas pas le cas en France... On ferait bien de davantage regarder ce qui se passe à l'Est, on en apprendrait beaucoup... Et je ne peux qu'inciter à aller voir ce superbe film, qui donne du courage pour résister.
Kontinental '25 (2025)
1 h 49 min. Sortie : 24 septembre 2025 (France). Drame
Film de Radu Jude
Arthur Debussy a mis 7/10, l'a mis dans ses coups de cœur et a écrit une critique.
Annotation :
Derrière le vernis du pamphlet politique et social, se cache une réflexion désabusée mais intelligente sur la Roumanie et l'Europe d'aujourd'hui, entre ultra libéralisme et misère, sur fond de montée des nationalismes... Le rire est la politesse du désespoir semble nous dire Radu Jude, mais c'est aussi un formidable outil pour nous secouer et nous inciter à agir. Le cinéaste roumain n'a pas de réponses toutes faites à la crise que nous traversons, mais la lucidité est une première et indispensable étape à toute action. Kontinental '25 est donc un film salutaire et hautement recommandable.
Woman and Child (2025)
Zan O Bacheh
2 h 11 min. Sortie : 25 février 2026 (France). Drame
Film de Saeed Roustaee
Arthur Debussy a mis 7/10.
Annotation :
Saeed Roustaee livre encore une fois un film coup de poing. Il confirme après Leila et ses frères qu'il est loin d'être uniquement un réalisateur de films d'action. C'est avant tout un chroniqueur de deux entités complémentaires à deux échelles différentes : la famille et la société (iraniennes). Les deux sont intrinsèquement liées, Roustaee nous en fait la démonstration.
Mais avant tout, Woman and Child est une dénonciation de la masculinité toxique en Iran. Le film commence avec une légèreté trompeuse. Progressivement, d'événements en événements, toujours plus tragiques, il devient un thriller et un drame social bouleversant.
On retient son souffle pendant longtemps, le suspense étant insoutenable et le scénario tortueux à souhait, dépeignant un Iran où l'homme écrase femmes et enfants, au sens propre comme figuré. Les institutions, quant à elles, paraissent complètement dépassées, qu'il s'agisse de l'école ou de la justice...
Mais surtout, cette société est malade d'un patriarcat hypocrite et néfaste qui détruit les familles et les vies des Iraniens et des Iraniennes. Dommage qu'une fois de plus Roustaee se perde dans des tunnels de dialogues à n'en plus finir. Car pour le reste, il est toujours un brillant scénariste et directeurs d'acteurs.
Si ce film a fait polémique à Cannes, Roustaee étant accusé de collusion avec le régime des Mollahs, le résultat montre plutôt l'inverse : une fois de plus, avec ce film le cinéaste iranien signe une charge au vitriol contre la société et les institutions de son pays... et donc contre son régime.
Fanon (2024)
2 h 13 min. Sortie : 2 avril 2025. Biopic, Drame
Film de Jean-Claude Barny
Arthur Debussy a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
J'ai du mal à comprendre les critiques désastreuses pour ce film dans la presse et sur les réseaux sociaux... S'il n'est pas un chef-d'œuvre, Fanon de Jean-Claude Barny est un film solide et passionnant, qui déploie la pensée de Frantz Fanon et illustre un passage clé de da vie, quand il fut médecin chef en psychiatrie de l'hôpital de Blida, en Algérie, de 1953 à 1956.
Le film montre comment Fanon révolutionne la psychiatrie, tout en s'engageant auprès des Algériens contre la France. Certes, le ton est plutôt didactique, mais c'est très bien amené, on n'est pas devant un téléfilm France 3, mais bien face à un vrai film de cinéma, très soigné.
Et contrairement à ce que j'ai pu lire, c'est un long métrage avec un certain souffle et très inspirant. Après, je ne suis pas du tout un connaisseur de la vie et de l'œuvre de Frantz Fanon (j'avais juste vu une partie d'un documentaire Arte récent sur lui), donc mon avis est forcément lacunaire.
Pour autant, je pense que c'est une très bonne introduction à Frantz Fanon, sans dénaturer sa vie et ses engagements. Au contraire, c'est un bel hommage, plutôt nuancé. Et le succès de ce film en salle, malgré un faible nombre de copies initial, confirme qu'il est (très) qualitatif. N'hésitez donc pas à aller le voir pour vous faire votre propre avis.
Honeymoon (2024)
Medovyi misiats
1 h 24 min. Sortie : 1 octobre 2025. Drame, Thriller
Film de Zhanna Ozirna
Arthur Debussy a mis 6/10, l'a mis dans ses coups de cœur et a écrit une critique.
Annotation :
En France, nous sommes davantage habitués à découvrir des documentaires ukrainiens, depuis l'invasion russe de février 2022. Honeymoon est l'un des tous premiers longs métrages de fiction ukrainiens, tournés depuis le début de l'invasion, à parvenir jusqu'à nous.
A ce titre, c'est déjà un film intéressant. Mais c'est en plus un long métrage subtil et intelligent, qui nous replace dans ce qu'ont vécu les Ukrainiens les premiers jours de l'invasion : la stupéfaction, la peur, la paralysie, la remise en question de leur quotidien... Et plus prosaïquement, la survie : certains étant tués ou torturés par les russes, blessés, prisonniers, confinés...
Zhanna Ozirna construit son film autour d'un couple surpris par l'invasion et cloîtré dans son appartement en cours d'aménagement. C'est un choix intéressant, car la cinéaste évoque la guerre d'un point de vue humain et ukrainien. On rentre dans l'intimité du couple, avec beaucoup de tendresse et de pudeur, et on éprouve avec eux combien la guerre est inhumaine et terrifiante.
La mise en scène est maîtrisée, la photographie soignée, et surtout la direction d'acteurs est excellente. On croit à ce couple ainsi qu'à leurs interactions avec d'autres personnes. Je ne peux que vous inciter à aller voir ce film, pour partager (très modestement) ce que vivent les Ukrainiens et soutenir la talentueuse et courageuse équipe de ce long métrage.
The Brutalist (2024)
3 h 35 min. Sortie : 12 février 2025 (France). Drame, Romance
Film de Brady Corbet
Arthur Debussy a mis 6/10.
Annotation :
The Brutalist me laisse partagé... Je salue l'ambition de ce film, qui mise sur la salle à l'ère des plateformes, et qui dispose de réelles qualités : certaines prises de vue sont magnifiques et audacieuses, l'histoire qui nous est racontée comporte un certain nombre d'éléments intéressants, certains comédiens sont talentueux, Felicity Jones en tête, suivie de Guy Pearce, même s'il hérite d'un rôle monolithique...
Mais à côté de cela, Brady Corbet n'a clairement pas les moyens de ses ambitions. Le gros défaut de ce film c'est son scénario. Sur le papier, l'idée de base est intrigante : suivre un architecte brutaliste juif et hongrois, qui débarque aux États-Unis en 1947, et qui va tenter de trouver sa place dans ce pays rude et peu accueillant. Le problème est le traitement, avec des personnages souvent grossièrement écrits, des péripéties qui en rajoutent dans le misérabilisme et le glauque, et l'impression que ce film consiste en une coquille vide, avec de belles images (pas foncièrement renversantes non plus), mais une absence de densité sur le fond...
Et puis la direction d'acteurs n'est pas toujours convaincante. J'ai notamment eu du mal avec Adrian Brody, un acteur que j'apprécie pourtant. Mais là, il joue un homme sur lequel le sort s'abat violemment et sans répit, qui encaisse toujours plus de déconvenues, comme si le réalisateur Brady Corbet voulait nous émouvoir au forceps... Heureusement que Felicity Jones s'en sort brillamment, avec un rôle mieux écrit de femme intelligente, forte et vulnérable à la fois.
Autre défaut de ce film : le montage, pas assez efficace. Honnêtement, 3h35 pour un film, s'il est réussi, ça ne me dérange pas du tout. Mais là, un certain nombre de scènes sont étirées plus que de raison, au point que ça en devient parfois malaisant, quand les acteurs surjouent de façon appuyée et qu'on a bien compris où le réalisateur voulait en venir... Ce qui fait, là encore, que j'ai l'impression d'avoir vu un film délayé, pas toujours pertinent...
C'est comme ce maniérisme formel, avec les génériques horizontaux et obliques, ces chapitres ou cette entracte : c'est un peu gadget. Certes, c'est sympa et j'ai bien apprécié, mais ça masque mal un manque de parachèvement de ce film.
Si beaucoup crient au chef-d’œuvre, j'y vois plutôt un film travaillé mais bancal d'un réalisateur encore jeune. Nul doute qu'il faudra suivre désormais la carrière de Brady Corbet, qui a réalisé un coup d'éclat avec ce film ample et massif. Mais il a enco
La Cache (2025)
1 h 30 min. Sortie : 19 mars 2025 (France). Comédie dramatique
Film de Lionel Baier
Arthur Debussy a mis 6/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
Lionel Baier signe une adaptation réussie du livre de Christophe Boltanski : un roman autobiographique et conceptuel, où l'on suit l'évolution de la famille Boltanski sur un siècle à travers les pièces de leur appartement rue de Grenelle, à Paris.
Lionel Baier construit un récit davantage linéaire, en y mettant beaucoup de lui et de sa propre famille. La Cache, le film, est donc une adaptation très libre. Le réalisateur joue beaucoup avec le hors champ et le non dit, beaucoup de choses sont suggérées par des dialogues pris sur le vif, sans explications platement didactiques, ou avec des objets qui rappelent un intérieur familial, mais aussi les spécificités de cette famille aux origines juives.
On s'attache à ces personnages foutraques, grâce au réalisateur-scénariste, mais aussi avec ce qu'apportent les acteurs et actrices, notamment Michel Blanc et Dominique Reymond, tous deux excellents et particulièrement touchants.
Là où ça pèche plus, c'est dans la mise en scène inégale de Lionel Baier, parfois inspirée parfois plate, et dans ce montage vraiment trop mou pour une comédie (dramatique), ce qui est dommage car on n'est pas dans une de ces comédies balourdes qui gangrènent le cinéma français. Le film de Lionel Baier est fin, et aurait mérité une forme plus alerte.
Néanmoins c'est un long métrage appréciable, une belle œuvre de mémoire sur la judéité et une chronique familiale sensible et universelle. Et surtout un magnifique dernier rôle pour Michel Blanc, qui fut décidément un acteur et un homme remarquable, sans doute pas assez estimé de son vivant.
Premières Classes (2025)
Strichka chasu
2 h 05 min. Sortie : 10 septembre 2025 (France). Société, Guerre
Documentaire de Kateryna Gornostai
Arthur Debussy a mis 6/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
Un documentaire ukrainien de plus depuis l'invasion russe de février 2022, qui trouve sa pertinence en filmant des jeunes à travers toute l'Ukraine, des maternelles aux lycéens, dans des localités qui ont été particulièrement touchées par la guerre.
Kateryna Gornostai livre un film très maîtrisé, peut-être trop, on aurait aimé rentrer davantage dans le cœur et l'esprit des Ukrainiennes et des Ukrainiens, pour mieux comprendre comment ils vivent ce quotidien bouleversé, sous les bombes.
Néanmoins, la cinéaste ukrainienne réalise un panorama complet et intéressant de ce peuple ukrainien héroïque, des élèves et des enseignants, qui tentent tant bien que mal de vivre, sa jeunesse étant l'avenir d'un pays où tout est à reconstruire.
Voyage au bord de la guerre (2024)
1 h 02 min. Sortie : 18 juin 2025. Politique, Société
Documentaire de Antonin Peretjatko
Arthur Debussy a mis 6/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
Drôle de film réalisé par Antonin Peretjatko : une sorte de parodie sérieuse de film de vacances, tourné dans l'Ukraine en guerre, après l'invasion russe de 2022. Le ton oscille entre gravité et légèreté. Il y a un certain nombre de belles images et de beaux témoignages, malgré l'horreur des traces laissées par la guerre, qui honorent un peuple martyr et héroïque. Mais le ton parfois un peu badin désamorce le propos et le projet du film... J'estime tout de même que les qualités de ce film l'emportent sur ses défauts, et je ne peux qu'inciter à aller le découvrir en salle.
The Phoenician Scheme (2025)
1 h 41 min. Sortie : 28 mai 2025 (France). Comédie, Drame, Policier
Film de Wes Anderson
Arthur Debussy a mis 6/10 et a écrit une critique.
Annotation :
Avec The Phoenician Scheme, Wes Anderson continue de tracer son sillon et s'enferme dans sa recherche effrénée de perfection, ou tout du moins de sophistication formelle. L'émotion est sacrifiée sur l'autel du formalisme, hélas... Mais dans le même temps, il creuse de nouvelles pistes, je ne suis donc pas totalement pessimiste quant à sa capacité à se ressaisir. The Phoenician Scheme m'a quand même déçu : il avait énormément de potentiel, et Wes n'a pas su le saisir... Mais tout n'est pas raté, il y a un certain nombre de choses qui fonctionnent. Néanmoins, comme beaucoup je suis inquiet pour l'avenir du cinéaste, qui tourne de plus en plus en rond...
Frantz Fanon (2024)
1 h 31 min. Sortie : 23 juillet 2025 (France). Drame, Historique
Film de Abdenour Zahzah
Arthur Debussy a mis 6/10.
Annotation :
J'ai du mal à comprendre l'acharnement contre le (très) bon film - à mon sens - Fanon de Jean-Claude Barny, et les critiques beaucoup plus élogieuses pour ce Frantz Fanon d'Abdenour Zahzah. Ce dernier fait amateur à tous points de vue : mise en scène, scénario, montage, dialogues, photographie...
Alors certes, il apporte un autre éclairage (quoique minime) sur Frantz Fanon, je salue donc l'essai, mais je pense qu'il faut raison garder. Apparemment, ce n'est que le premier long métrage de fiction d'Abdenour Zahzah, et il a toutes les maladresses d'un premier film. Ce qui est tout à fait compréhensible, mais de là à le porter aux nues, ça me surprend, surtout si c'est pour cracher sur le film de Barny...
Je dirais que le principal intérêt de ce film est l'interprétation de Frantz Fanon par Alexandre Desane, qui s'en sort bien, et nous livre un Fanon plus sensible et bienveillant... en occultant par contre un peu trop son engagement politique, pourtant central dans sa vie. Et puis ce film parlera surtout aux connaisseurs de Fanon, qui sauront combler les "manques". Pour qui souhaite en savoir plus sur l'homme et son œuvre, je ne peux que conseiller le Fanon de Jean-Claude Barny, très riche sur le fond et abouti sur la forme.
Les Linceuls (2024)
The Shrouds
1 h 59 min. Sortie : 30 avril 2025 (France). Thriller, Science-fiction
Film de David Cronenberg
Arthur Debussy a mis 5/10.
Annotation :
N'étant pas un fan de David Cronenberg, mais connaissant un peu le bonhomme, je savais à quoi m'attendre avec Les Linceuls, dont j'avais entendu parler du côté hautement autobiographique.
C'est un film intéressant, car c'est le film d'un vieil homme qui a perdu un être cher, sa femme bien aimée, et qui transforme son chagrin en œuvre d'art. A ce titre, Cronenberg n'a pas totalement perdu la main.
Il y a des longueurs, le cinéaste canadien se perd dans des sous intrigues de complot conspirationniste de type café du commerce, et la mise en scène est bavarde et statique, tout en restant relativement maîtrisée.
Mais en même temps, il réussit à créer des séquences inspirées, des situations dérangeantes (comme à son habitude), et un bel et complexe hommage à son amour défunt. Il livre ainsi une méditation sur la mort dans nos sociétés post modernes, qui ont tant de mal à accepter la finitude du corps.
Il y a des séquences trash dont je suis moins fan, mais aussi une certaine gravité dans ce film, et une certaine élégance, qui en font une œuvre respectable. Même si ça n'est clairement pas ma tasse de thé, d'où ma note très moyenne, qui ne reflète pas tout à fait la qualité de ce film. Cronenberg est un réalisateur que je respecte, mais je ne le suis pas dans toutes ses folies.
Sirāt (2025)
1 h 55 min. Sortie : 10 septembre 2025 (France). Drame
Film de Oliver Laxe
Arthur Debussy a mis 4/10 et a écrit une critique.
Annotation :
L'une de mes plus grosses déception de l'année... Une énorme hype accompagnait ce film, aussi bien du côté de la critique professionnelle que dans mon entourage. La première moitié est prometteuse : elle ne se suffit pas totalement à elle-même, mais elle augure du meilleur et attise notre curiosité. Hélas, dans une seconde moitié, le film ploie sous son ambition et refuse d'aller au bout des pistes qu'il a lancées. Il s'enlise dans du sensationnalisme de pacotille et finit par démontrer qu'il est quand même très creux... Comme quoi, les apparences sont souvent trompeuses et un film qui ne reste qu'à la surface des images ne donne jamais rien de très bon...
L'Agent secret (2025)
O Agente Secreto
2 h 39 min. Sortie : 17 décembre 2025 (France). Drame, Policier
Film de Kleber Mendonça Filho
Arthur Debussy a mis 4/10.
Annotation :
De l'inconvénient de voir les films présentés à Cannes en avant-première, avant que le bouche à oreille permette de dégonfler les baudruches... L'Agent Secret est l'exemple parfait de ces films de festivals (c'est-à-dire calibrés pour la critique et ce type de conditions de visionnage) et de ces emballements soudains pour des films franchement moyens (et je suis gentil).
Difficile de comprendre l'engouement pour ce long métrage interminable (quel enfer) où il ne se passe pas grand chose, avec une mise en scène banale, un scénario bancal et un montage pas loin d'être médiocre...
Moi qui pensais que cette édition 2025 était une grande cuvée, je vais me méfier. Incroyable de voir combien L'Agent Secret a été porté aux nues, alors qu'un long métrage comme Woman and Child, grand film de Saeed Roustaee, est passé sous les radars... On devait être moins d'une trentaine pour l'avant-première dans la grande salle du Louxor pour ce dernier, quand la salle était archi pleine pour L'Agent Secret.
Parmi les quelques qualités de ce film brésilien, le contexte est malgré tout intéressant, puisque la majeure partie du film se déroule en 1977 sous la dictature. Et même si le scénario laisse a désirer, on s'attache à certains personnages.
Mais ces derniers sont trop schématiques, et le propos est trop surligné pour ne pas décevoir, face à un sujet fort et complexe qui aurait mérité un tout autre traitement.
Et je ne parle pas des scènes tarantinesques qui tombent comme une perruque dans la soupe, et qui démontrent que Kleber Mendonça Filho est un cinéaste de l'épate, qui reste à la surface (travaillée, certes) de son film...
Parthenope (2024)
2 h 16 min. Sortie : 12 mars 2025 (France). Drame, Romance
Film de Paolo Sorrentino
Arthur Debussy a mis 1/10.
Annotation :
La vie, le cinéma et Naples, selon Yves Saint-Laurent... pardon, Paolo Sorrentino. Des mannequins en lieu et place d'acteurs et d'actrices dignes de ce nom, des tonnes de vulgarité, une esthétique façon pub de parfum ou de vacances de luxe, du sexe, du porno chic, de l'inceste, des séquences malsaines pseudo-provocatrices, de la chair triste, des riches indécents, un voyeurisme omniprésent... Pas de doute, on est bien devant un film de Paolo Sorrentino. Tout n'est qu'images et surface, c'est d'un creux abyssal... Sorrentino se veut l'égal de Federico Fellini, et il voudrait délivrer des sentences définitives, d'une profondeur insondable. C'est plutôt son ego qui est gargantuesque, lui qui enchaîne depuis des années les films de plus en plus vains, artificiels et laids. Son cinéma est comme mort et momifié, comme figé dans son propre narcissisme, confondant goût de l'épate et talent. Si l'ont veut avoir une idée de ce que le cinéma contemporain peut produire de pire, Parthenope et Paolo Sorrentino en sont un parfait exemple.