Les meilleurs films de Jim Jarmusch selon ZayeBandini

Annotation :

Avec Only Lovers Left Alive Jim Jarmusch transcende tout autant le film de vampire que son propre cinéma, oubliant ici d'être drôle, sa poésie sombre prend une toute autre dimension, se recentrant sur la tendresse pour rendre moins douloureux un pessimisme omniprésent.

Vision d'un monde au bord du précipice vu par les yeux de témoins millénaires, le récit s'inscrit dans deux lieux aussi lointains des clichés vampiresques qu'en total accord avec l'atmosphère romantique et sombre nécessaire au sujet : les ruelles labyrinthiques de Tanger et la ville post-industrielle de Detroit dont les quartiers et bâtiments abandonnés offrent un terrain d'errance mélancolique parfait pour nos deux oiseaux de nuit.

La photographie, ainsi qu'une bande originale d'un force poétique inouïe, subliment absolument tout, des extérieurs aux chambres en passant bien évidement par ce duo d'acteurs hors du temps, aux étranges beautés hypnotiques.

Annotation :

Photo somptueuse, film hors du temps, truffé d'ellipses, commençant en roulant des mécanique pour finir comme une déambulation de hobos, sans pour autant cesser de gonfler le torse.

Du Jarmusch dans tout ce qu'il a de magnifique, sublimant l'ennui, la loose, pour en sortir une poésie tout en drôlerie, une odyssée au panache terne tournant en boucle dans les marais, pour finir par un dernier plan des plus parlants : quelque soit le chemin choisi la ligne d'horizon restera la même.

Annotation :

On peut très bien crier à l’entre-soi artistique, taper sur Jarmusch qui se regarde filmer des personnalités, oui.

Mais même en étant assez inégal, j'ai goutté cette anthologie de courts comme du caviar, ou comme un bon ramen, parlons de ce que l'on connais, je n'ai jamais mangé de caviar.

L'exercice auquel se livrent tous ces acteurs est moins simple qu'il n'y paraît, se jouer soit même, avec tout l'ennui, le vide et l'absence de sens que cela peut engendrer, va plus loin que le simple étalage de soi. En assemblant tout ces petits morceaux éparses, Jarmusch distille avec légèreté, brio et sourire en coin, ce qui me semble, du peu que j'en ai vu, être l'essence de son cinéma : le vide, l'ennui, l'ironie et un certain fatalisme dans lesquels se logent une partie de la beauté de l'existence.

Et puis bon, face à, entre autre, cette double Cate Blanchett, Tom Waits prenant mal tout ce que peut dire Iggy Pop et surtout GZA et RZA trinquant de leur verre de thé la cafetière de Bill Murray, peut-on vraiment chipoter ?

Annotation :

Jarmusch voue un amour aussi viscéral à la musique que celui qu'il voue au cinéma, Ghost Dog le montre un fois de plus et d'une manière peut-être un peu différente.

Car en 1999 comme maintenant il n'est pas anodin de faire un film à la croisé du hip-hop, du Japon et du film de gangster américain, encore moins de le faire avec le soutient, musical comme à l'écran, de l'un des membres les plus centraux du Wu-Tang, et il le fait en respectant tous les univers qu'il fait cohabiter, leur offrant à chacun des moments de grâce, nimbant le tout dans son spleen et de son humour si particulier.

Parmi les multiples références plus ou moins explicites, une retiendra tout de même particulièrement mon attention, celle reprenant l'une des plus abracadabrantes scènes du génial La marque du tueur de Seijun Suzuki. En plus de me faire bêtement plaisir vu mon adoration pour ce film elle me paraît traduire une volonté chez Jarmusch de trouver les véritables points de connexions entre les différents univers qu'il mélange, et citer un film noir japonais aussi libre dans sa forme que celui-ci me semble être une très belle manière de le faire.

Annotation :

Jarmusch semble ici faire le film de zombies du jeune cinéaste qu'il aurait voulu faire à ses début, avec tout le cortège de références ciné qui, tout en étant très convenu, nous flattant car nous brossant dans le sens du poil, fait toujours un peu plaisir.

Jim n'en oubli pas pour autant de rester fidèle à lui même, zombies ou pas le film reste nonchalant, les personnages toujours un peu maladroits, pas forcément marginaux mais souvent à côté de la plaque.

Ni grand film de zombies ni film important de son auteur, The dead don't die doit être pris pour ce qu'il est : un casting en or rassemblé là pour faire un film marrant, jouant sur les codes, sans bravoure, à la cool.