En découvrant ce film je comprend peut-être un peu mieux pourquoi j'aime tant le cinéma de Jim Jarmusch.
Car dès ce film, aussi balbutiant que magistral, sa grammaire, sans qu'elle soit maîtrisée, et l'âme de son œuvre sont présentes, et elles entrent toutes deux dans une résonance si profonde avec le chat de gouttière en moi que l'envie de reprendre la route, de se jeter corps et âme dans un ailleurs mouvant, fantasmé, incertain, au coin de la rue comme à dix-mille kilomètres de là, sans vouloir y trouver autre chose qu'un espoir mélancolique, se fait plus pressante que jamais.
Tout y est, déambulations dans de magnifiques lieux désolés, magnificence de musiques d'écorchés vifs, splendide loose, empreinte d'aérosol, humour aussi franc que désespéré, c'est vraiment à se demander comment les gens peuvent vivre dans les clous, et aussi comment est-ce que l'on a pu se faire avoir par la sédentarité.
Permanent Vacation est une ode à tous ceux qui veulent voir la beauté dans la désolation, de la noblesse dans le refus des conventions, de la poésie dans les poubelles aussi bien que dans un chant dont on ne comprend pas le langage.