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Cover Les meilleurs films sur l'amnésie

Les meilleurs films sur l'amnésie selon JeVendsDuSavon

Sujet cinématographique par excellence (pratique pour exposer les règles d'un univers, jolie idée pour qui veut briser les temporalités et retourner le cerveau), je n'ai cependant toujours pas vu Total Recall et Eternal Sunshine of the spotless mind est bas, oui. Mea culpa. Donc bon, on se creuse un ...

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Liste de

10 films

créee il y a plus de 4 ans · modifiée il y a plus de 4 ans

Trance
6.3
1.

Trance (2013)

1 h 41 min. Sortie : 8 mai 2013 (France). Policier, Drame, Thriller

Film de Danny Boyle

Annotation :

1- L’œil du cycl(on)e
Danny Boyle recommence : juré, je n'ai pas fait de favoritisme, j'ai juste cherché quels films traitent le mieux du sujet à ma connaissance (Villeneuve aussi a fini par squatter deux places). Trance ne va pas me faciliter la tâche en terme de métaphore hasardeuse ; lui même ressemble à une métaphore de film. Allusif, comme amputé, aplatissant la couleur où malmenant la caméra, Boyle se lâche totalement. A l'heure où l'artifice depalmien n'est plus un effet de style (le film fleure tellement Body double et Furie) mais une réalité dans le monde des images d'aujourd'hui, la folie furieuse et insatiable de Trance rappelle la rage de l'homme qui a le pouvoir des versions, qui peut recommencer encore et encore, rebooter le sens à l'infini, progressant par la boucle ouverte. Le corps fragile (la chair est alternativement moite, gorgée où rigide comme du porcelaine) traverse un temps liquéfié, dissout par une expérience éprouvante du temps. Que reste-t-il quand notre mémoire n'a pas tout avalé ? Le cinéma, l'amnésie, la fuite du monde. Il doit y avoir un lien mais il reste caché, ne peut qu'en rester à ce statut, incertain, instable. Conscient de notre impuissance, on se prête au jeu et on repart pour plus de films. C'est ce qu'on appelle la transe je crois.

Blade Runner 2049
7.4
2.

Blade Runner 2049 (2017)

2 h 44 min. Sortie : 4 octobre 2017 (France). Science-fiction, Drame, Policier

Film de Denis Villeneuve

JeVendsDuSavon a mis 8/10 et a écrit une critique.

Annotation :

2- Destine moi un mouton
Blade Runner 2049 effleure le sujet de l'amnésie, représentant toute l'angoisse qu'elle produit. Ne pas se souvenir qu'on ne se souvienne pas. Comment l'homme peut-il être amputé de ce qui le définit à chaque instant avec autant de facilité ? Peut être parce qu'il n'est plus homme depuis longtemps ? Ou surtout parce que la mémoire n'est pas encore notre dernière limite. Même de la crise du souvenir, on s'en accommode et on se couche sous la neige, en attendant que ça passe. Un autre film, un autre prophète nous dira bien quoi faire demain. Alala, Blade Runner...

Yesterday
6
3.

Yesterday (2019)

1 h 56 min. Sortie : 3 juillet 2019 (France). Musique, Comédie

Film de Danny Boyle

Annotation :

3- Le bûcher des vanités
L'autre côté de la pièce, c'est quand le monde entier sauf le protagoniste à oublier quelque chose. Dans Yesterday, bien que joueur (pas seulement les Beatles ont disparu des mémoires) Danny Boyle ne peut s'empêcher de s'inquiéter. On le voit, depuis Steve Jobs, l'optimisme commence à poindre dans sa carrière, et pour la première fois, la foule comme entité terrifiante se transforme en océan de visages reconnaissants. Un homme simple qui ne s'est pas laissé gober par le trou noir collectif. Dans 28 jours plus tard, ça donnait un Cillian Murphy à moitié nu sous la pluie predatorant tout les soldats d'un manoir glauque. Dans Yesterday, ça donne un joyeux drille faisant face à un groupe d'adorateur qui saura à la fin faire la part entre la déception d'être privé de son plaisir et le chemin individuel vers le bonheur. Pendant qu'on se prend à espérer qu'un jour peut être, les trop humains d'entre nous sauront retourner dans le monde des instincts, le visage de Lily James sur un écran géant sourit dans le dos d'Himesh Patel, les deux superbes acteurs qui portent le film. Aller au cinéma, pour se souvenir, aimer, pleurer sous le coup d'une émotion délivrée avec autant de misanthropie contrite mes aïeux que j'aime Danny Boyle, tout ça...

Eternal Sunshine of the Spotless Mind
7.8
4.

Eternal Sunshine of the Spotless Mind (2004)

1 h 48 min. Sortie : 6 octobre 2004 (France). Drame, Romance, Science-fiction

Film de Michel Gondry

JeVendsDuSavon a mis 8/10.

Annotation :

4- Faut que je revois le film
Edit : Revu. C'est fort et lucide. Michel Gondry a la grâce de l'imperfection et le talent de faire jaillir le beau de cette journée dont on se souviendra comme celle du vain espoir. Un jour de bonheur, un seul à imaginer de meilleur lendemain, ça vaut le coup. Les deux pouces levés et bisous Michel.

Le Labyrinthe
5.5
5.

Le Labyrinthe (2014)

The Maze Runner

1 h 53 min. Sortie : 15 octobre 2014 (France). Action, Science-fiction, Thriller

Film de Wes Ball

Annotation :

5- Le roi liant
Des fois, le souci d'Hollywood de faire simple conduit à l'évidence cristalline. Moins complaisant que la politique qui finit par ronronner de Hunger Games, plutôt badass et emballant avec sa prod design sobre et claustro, ce Labyrinthe est gonflé par une colère souterraine, celle d'une jeunesse en rébellion qui voit son sort comme une punition. Tout les personnages se réveillant au centre du labyrinthe sont amnésiques : à eux d'établir leurs rites, leurs valeurs, leurs raisons d'être et un monde à sacrifier au prix de la liberté. Récit efficace et rempli sans dépassé d'une jeunesse qui ne peut se construire librement que dans l'ombre des adultes (thème clé des teens dramas, de Skins à 13 Reasons why), l'amnésie d'abord concrète devient celle allégorique d'un monde qui a fait des jeunes des machines en transit sans vie propre et où leurs émois sont étouffés sous couverts d'être inutiles (ça, c'est dans les suites). Mais ces jeunes peuvent aspirer à la guerre si on les prive ; ça, il ne faut certainement pas l'oublier.

Enemy
6.6
6.

Enemy (2014)

1 h 31 min. Sortie : 27 août 2014 (France). Thriller

Film de Denis Villeneuve

Annotation :

6- Le collier de l'araignée
Petit malin, deuxième. Mais là on est un cran au dessus ; plus nauséeux, moins emballant (pas moins excitant) et surtout mis au service d'une oppression générale. L'amnésie semble d'abord être le nœud central d'un thriller poissard. Et puis elle semble recommencer : impossible de distinguer les jumeaux, ce qu'ils font par manipulation, erreur où s'ils ont simplement zappé la perturbante découverte de leur double. Finalement, l'oubli pur et simple de son existence ailleurs que dans le petit cercle vicieux de la routine et de ses vices s'actualise en une coulée de miel périmé ; un mouvement descendant incompréhensible, amer, qui nous a fasciné et que finalement on renierait bien pour un retour à la simplicité. Dans Enemy, l'amnésie est le choix d'un spectateur dieu venu décoder son essence au microscope, reparti bredouille sans même le courage d'être déçu. Badant.

Memento
7.6
7.

Memento (2000)

1 h 53 min. Sortie : 11 octobre 2000. Thriller

Film de Christopher Nolan

Annotation :

7- Le totem de l'ours
Non parce que voilà, y'en a toujours un ; un petit adepte du "et si?..." foireux qui pousse jusqu'au bout son formalisme quitte à parasiter la narration. Venant de Nolan, ce genre de high concept où la mémoire courte du protagoniste (correspondant à chaque séquence donc unité de lieu et de temps) fonctionne à rebours obtient tout de suite du crédit. Le postulat de série B devient un moteur à paranoïa qui permet d'autant plus de triturer la matière première du cinéma à sa source ; le temps. Il n'est plus linéaire, il ne fonctionne plus par déduction (je suis ici pour cela donc je vais continuer là) , il est passé de révélateur d’intériorité à parfait menteur. Drôle de pari, pas vraiment satisfaisant (le pari bouclé en 2h, on a pas au ventre ce bourdonnement qui ouvre à des possibles cinématographiques dingues, on sort juste de la salle) mais la résurgence dans les 90's de concept psychologique appliqué au film typique des années 50 a érigé les derniers totems culturels en date comme Fight Club, Matrix. Où Memento.

L'Homme qui tua Don Quichotte
6.5
8.

L'Homme qui tua Don Quichotte (2018)

The Man Who Killed Don Quixote

2 h 12 min. Sortie : 19 mai 2018 (France). Aventure, Fantastique, Drame

Film de Terry Gilliam

Annotation :

9- S'oublier, une hygiène de vie
Pas mal de gens ont été perplexe devant le film. Est-ce une histoire de détachement ? Parce que je connais sans plus adorer ni honnir Terry Gilliam et le film qui se proposait comme la cicatrice post-galère à tourner son film sur Don Quichotte a eu la bonne idée de prendre pour principe le mouvement de l'oubli ; pour mieux tout (re)commencer, il faut aller chercher les fous à la source de leur déperdition. C'est bien parce que Jonathan Pryce est coincé dans un siphon qui le purge de tout sens des réalités qu'il s'oppose si bien au cynisme d'Adam Driver pour qui les savoirs s'ajoutent et s'empilent. Matérialiste, ne pensant qu'à son succès, le réalisateur (que joue Driver et qui représente Gilliam donc) est englouti par le film, régression vers l'état d'enfance où la cervelle de poisson rouge aidait bien à rendre amusant le bilan de sa vie. Où suis-je ? Nulle part. Où vais-je ? Autre part. Gilliam m'a touché par sa lucidité : le désir de tout voir disparaître pour mieux dire qu'on nous avait pas prévenu, "That's entertainment !" dirait l'autre.

Oblivion
5.9
9.

Oblivion (2013)

2 h 04 min. Sortie : 10 avril 2013 (France). Action, Aventure, Science-fiction

Film de Joseph Kosinski

Annotation :

8- "Je" est un ...?
Ah bon ? Oblivion ? Vous allez vous gratter la tête plus d'une fois dans cette liste alors (tu lis du 10 au 1 hein ? sinon c'est pas drôle). Le film joue sur un retournement de situation assez intéressant à mon sens, car il s'attaque à l’intégrité de l'identité du protagoniste sur un flan qu'on ignorait capable d'être attaqué. Très vite, Tom Cruise, modèle de contrôle et de domination, est écrasé et réduit à l'impuissance en se démultipliant en une infini négation de sa propre existence qu'il ne conçoit pas possible en un autre lieu, un autre temps. Oblivion parle de soumission de l'individu par sa glorification au travers d'un devoir qu'il se croit seul à pouvoir remplir. Ce qui impliiiiiiique... d'oublier les autres, voilà, vous suivez.

Persona
8
10.

Persona (1966)

1 h 24 min. Sortie : 21 décembre 1966 (France). Drame

Film de Ingmar Bergman

Annotation :

10- L'amnésie du spectateur
Bon, honnêtement, j'ai pas compris grand chose à Persona. Mais la sensation qui s'en dégage à mesure que le film progresse, c'est que chaque coupe nous fait manquer une info essentielle. A la fin, on a l'impression que tout s'est enchaîné sans se soucier d'être intelligible, parce que tout a pris vie, s’est incarné dans cette blondasse mutique qui peut être qu'elle est dans sa tête peut être pas. Au fond, j'ai rien compris à Persona, mais je pense bien me souvenir que ça joue avec la mémoire.

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