Un bon début, une mauvaise fin

Je ne me sens humain que lorsque je sauve les gens.

Inuyashiki Ichirô est un père de famille modeste et très discret qui se fait marcher sur les pieds en permanence, que ce soit par ses collègues ou par ses proches.

Mais un jour, il apprend qu'il est atteint d'un cancer et qu'il ne lui reste plus que quelques mois à vivre. Alors qu'il part dehors pour s'aérer l'esprit, un vaisseau extra-terrestre s'écrase sur lui. Monsieur Inuyashiki se réveille quelques heures plus tard mais découvre rapidement qu'on a modifié son corps en celui d'un robot afin qu'il puisse rester en vie.

M. Inuyashiki décide alors de commencer une nouvelle vie où il pourra protéger les innocents grâce aux fonctionnalités hors normes de son nouveau corps.

Un bon début, une mauvaise fin

Le manga se découpera tout simplement en deux parties distinctes :

La première où l'on suit des mini-arcs indépendants où M. Inuyashiki va régler les problèmes de différentes personnes. Ce sont des histoires assez humaines et touchantes (à ne pas mettre entre toutes les mains cependant !) qui tapent un peu dans tous les styles et abordent des sujets de société assez rarement mis en scène comme le cas des personnes SDF ou des victimes des gangs de yakuza. Les histoires se révèlent toutes très sympathiques et marquantes dans l'ensemble et nous montrent que M. Inuyashiki est prêt à se surpasser pour donner du sens à la vie des personnes en détresse.

La seconde développe principalement un autre personnage aux capacités similaires à M. Inuyashiki mais qui décidera quant à lui de semer le malheur autour de lui, ce qui en fera donc le rival de notre héros et antagoniste principal de la série. Et là c'est le drame...

Déjà, là où les petites histoires de la première partie se révélaient plutôt originales, cette seconde partie, elle, sera hyper convenue du début à la fin et surtout très inconsistante en globalité. M. Inuyashiki sera mis au second plan au profit d'un antagoniste pour lequel on n'éprouve quasi aucune compassion tant ses décisions nous semblent totalement irréfléchies et complètement arbitraires. Et la conclusion de tout cet arc se révélera non seulement très hâtive mais surtout bien trop Bisounours en comparaison de tout ce qu'il s'est déroulé auparavant dans le récit.

Un manga qui démarrait super bien mais qui s'est vite vautré à partir du moment où il a tenté de développer une véritable intrigue...

Deux héros opposés, une confrontation inexistante

À l'image de l'intrigue plutôt simple, les personnages seront également peu nombreux.

Inuyashiki Ichirô (M. Inuyashiki) est un père de famille au grand cœur que tout le monde dénigre à cause de son caractère très effacé cependant. À l'aide de son nouveau corps robotisé, il souhaite devenir un héros. Un personnage peu conventionel puisqu'on est ici face à un papi à l'apparence faible et peu dégourdi mais qui en devient extrêmement attachant du coup. C'est franchement dommage qu'il soit mis de côté dans la seconde partie du manga car je suis sûre qu'il avait encore plein de belles choses à nous dévoiler.

Shishigami Hiro est un adolescent ayant vécu la même expérience que M. Inuyashiki. Désillusionné de la vie et atteint d'un complexe de Dieu, il décidera de se servir de son nouveau corps pour semer le chaos. Je ne sais même pas par où commencer... dites-vous qu'en gros le Hiro là, c'est un Light Yagami (Death Note) mais sans le charisme ni l'intelligence. Donc en gros c'est juste un sociopathe qui se sent plus pisser (et non non, vous ne me ferez pas avaler que ce personnage est torturé, profond, complexe ou je ne sais quelle connerie car rien ne le justifie de manière correcte dans le récit). Mais bon, comme des fois il pleure parce qu'il est quand même assez stupide pour bousiller sa vie tout seul, on est censé le prendre en pitié (je crois).

Bon vous l'aurez compris, nous sommes face à deux personnages principaux diamétralement opposés. Et si les deux peuvent paraître intéressants au début, ils seront finalement (très) mal développés par la suite. Déjà parce que le manga rushe dans la seconde partie, et ensuite parce que l'auteur n'arrive pas vraiment à faire évoluer ces deux antagonistes ensemble. Ils se confrontent toujours de manière indirecte (soit parce qu'il y en a un qui ne prend pas en compte la présence de l'autre, soit parce que l'autre a toujours un train de retard) et c'est ça qui est le plus décevant au final.

Et que dire des personnages secondaires comme les camarades de classe d'Hiro ou la famille de M. Inuyashiki qui sont tous plus antipathiques les uns que les autres. La fin est d'ailleurs une sacrée blague de ce côté là. Nan franchement, il n'y a que le chien qui mérite des éloges dans ce manga !

C'est beau, mais c'est vide

Concernant l'aspect graphique, nous avons affaire à un style très photoréaliste avec un coup de crayon très perfectionné, le mangaka est d'ailleurs connu pour ses planches très détaillées. Honnêtement, c'est un style auquel on accroche ou non. Dans mon cas, j'ai trouvé que tout ce qui était décor et nature morte était très bien représenté, mais dès qu'on passe aux expressions des personnages, ça devient assez maladroit et inconstant. Et si j'apprécie par exemple l'abondance de détails que peut apporter un Oh! Great (Air Gear) à des scènes de combat badass, ici tout le détail des dessins d'Oku passent dans des planches qui détaillent des mouvements ou des objets un par un, ce qui fait qu'on a un bon nombre de pages totalement vides et sans dialogue qui ne font pas avancer l'histoire. En plus de ça ce sont des choses qui ne méritent pas forcément que l'on s'y attarde à mon sens, comme cette scène qui nous montre comment les canons de M. Inuyashiki se déploient dans son dos mais qu'au final il n'utilisera que très peu et qui ne seront surtout jamais mis en avant dans la narration ou dans la stratégie d'un combat, donc où est l'intérêt ?.

En résultera des tomes épais, certes, mais qui seront littéralement lus en moins de 10 minutes (mon record personnel : 7 minutes). À 7€95 le tome, ça fait légèrement grincer des dents. Après Ki-oon nous offre comme toujours une édition très qualitative avec un grand format, des couverture avec un effet de brillance et une traduction soignée.

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Ces défauts seront assez révélateurs du contenu du manga d'ailleurs, puisqu'à mesure que la lecture avance, on aura de plus en plus l'impression de voir une démonstration des gadgets et capacités hors normes des deux héros robotisés plus qu'un développement de deux personnages qui se révèleront, à l'image de l'histoire, faussement complexes. On n'est pas au niveau du trou noir absolu d'un Platinum End mais c'est dans la même veine : beaucoup de sujets complexes amenés mais tous développés de manière très creuse et superficielle avec une histoire qui enchaîne les scènes violentes et/ou spectaculaires mais sans réelle pertinence.

Un bon manga, mais peu marquant

Au final, qu'ai-je pensé de Last Hero Inuyashiki ?

Et bien c'est simple, je n'ai ni aimé, ni détesté. Le début m'a franchement bien accroché mais arrivée à la fin, je me suis juste dit que ça n'aurait rien changé à ma vie si je ne l'avais pas lu.

Last Hero Inuyashiki est donc un bon manga avec un style graphique original et percutant mais qui selon moi ne mérite pas forcément les multiples éloges qu'il a reçu. Il y a de bonnes idées dedans, je le reconnais, mais celles-ci sont malheureusement trop vite rattrapées par toutes les mauvaises, et le prix élevé du tome pour le peu de texte qu'il y a dedans n'est pas justifié par le dessin dont l'utilité est limitée et l'histoire globale au scénario plus que moyen.