Avant-dernier film du géant Billy Wilder, à qui l'on doit notamment les remarquables Boulevard du Crépuscule, Certains L'aiment chaud ou encore Le Poison, Fedora se rapproche du premier cité par sa thématique principale, bien qu'il arrive à en faire ressortir une dimension bien différente.


On retrouve le fidèle I.A.L. Diamond au scénario, et ce n'est pas donc pas pour rien que Fedora brille par son écriture, que ce soit dans l'histoire et son déroulement, les dialogues mais surtout son éblouissante, sombre et fascinante galerie de personnages. Wilder propose un drame intimiste tout en réglant ses comptes avec Hollywood (devenu celui des "réalisateurs en jeans et barbu où l'on fait des films sans scénario"), et ses représentants, que ce soit les producteurs ou les stars ainsi que la folie où ça peut mener (chirurgie esthétique, isolement, égocentrisme...).


Wilder brasse donc plusieurs thèmes et nous fascine et captive tout le long, avec des rebondissements souvent bien pensés et surtout une atmosphère envoûtante, très mélancolique et fascinante mise en place, à l'image des apparitions de Fedora à la fois froide, distante, mystérieuse et fascinante, derrière ses grosses lunettes noires, son chapeau et ses habits blanc. Le spectateur se retrouve dans la peau de William Holden, à découvrir ce qu'il se passe au fur et à mesure tout en s'interrogeant sur les mêmes points.


Il propose de belles et inoubliables images et met en scène avec puissance cette déchéance tandis qu'il nous montre à nouveau sa science du détail, que ce soit scénaristique ou visuel. La musique signée Miklos Rosza est superbe, colle très bien au récit et ne fait que renforcer l'atmosphère alors que Wilder multiplie les références (à des films, patron, producteur, acteurs...) souvent pertinentes.


Les comédiens sont brillants, que ce soit William Holden dans le rôle de ce producteur fasciné par Fedora qui souhaite lui proposer un nouveau rôle, Marthe Keller, envoûtante à souhait, Hildegard Knef effrayante, ou encore Michael York et Henry Fonda jouant leur propre rôle. Au passage, William Holden, excédé par le tournage, tout comme Marthe Keller (et notamment de la direction très perfectionniste de Wilder) déclara qu'il continua de tourner avec lui car à chaque fois il était nommé aux oscars (ce qui ne sera pas le cas là ic, le film ayant été snobé).


Il ne fera plus qu'un seul film après celui là, l'oubliable Buddy Buddy, mais assurément Fedora est son dernier grand film.
Au bout de tant d'année de carrière (quasiment un demi-siècle) ainsi qu'une longévité aussi exceptionnelle notamment sue la qualité de ses œuvres, ça fait toujours bizarre et un petit pincement au cœur d'assister à son véritable testament au parfum aussi envoûtant et fascinant...


Chapeau l'artiste et merci.

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le 5 avr. 2014

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Docteur_Jivago

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