Londres, années 70. Estella est résolue à se faire un nom dans le milieu de la mode. Elle se lie d'amitié avec deux jeunes vauriens qui apprécient ses compétences d'arnaqueuse et mène avec eux une existence criminelle dans les rues de Londres. Un jour, ses créations se font remarquer par la baronne von Hellman, une grande figure de la mode. Mais leur relation va amener Estella à se laisser envahir par sa part sombre, au point de donner naissance à l'impitoyable Cruella.
Aussi étonnant cela puisse paraître, je n'ai aucun problème, en soi, avec le concept de "remaker" les classiques d'animation Disney... Pourquoi? Car, de mon point de vue, la marque de fabrique de la boîte a pour ainsi dire toujours été de faire "du neuf avec du vieux", autrement dit de reprendre des contes, romans ou légendes pour leur appliquer un nouveau coup de polish. On peut voir ça comme une approche commerciale cynique mais à titre personnel, je suis satisfait de voir que cela pousse des jeunes de tout horizon à s'intéresser au patrimoine des contes (occidentaux, comme du reste du monde), des classique de la littérature ou à la culture au sens large. Ce qui est fait dans un but de fédérer, de remettre au goût du jour des références communes ne peut être entièrement mauvais. ( Bon je laisse de coté l'aspect consumériste et hégémonique, mais vous saisissez l'idée).
De plus, les remake live, comme on les appelle, ont au moins le mérite de varier les approches (plus réaliste pour le livre de la jungle, plus comédie de Broadway pour la Belle et la Bête...).
Alors où se situe le problème -me diront celles et ceux qui sentent que j'en ai un, malgré mon laïus?
Le problème c'est quand Disney ne se contente pas de "réactualiser" le matériau d'origine, mais veut l'excuser, voir le corriger. Or, c'est exactement ce qui s'est passé avec Cruella. Au point que le film pourrait s'appeler "Ursula", "Médusa" ou même "Shenzi/ Scar", on n'y verrait aucune différence! On peut penser ce qu'on veut de Maléfique, mais au moins le film assumait jusqu'au bout sa ligne directrice, en réécrivant l'histoire de base de la Belle au bois dormant, afin d'aborder des thématiques absentes de l'œuvre de base, en créant un univers avec ses règles et une morale pas révolutionnaire mais passable. Cruella, au contraire, fait partie de ces films qui, au lieu de créer leur propre version, cherche à expliquer, voire excuser à tout prix celle d'origine.
C'est un aspect qui m'énerve dans le cinéma contemporain: cette manie d'expliquer tout d'un personnage de méchant, pour que le spectateur en vienne à le "comprendre", tout ça pour qu'au final, il s'agisse ni plus ni moins qu'une préquelle de plus, une publicité pour l'original tout en la démystifiant. On peut voir Cruella, sans qu'au final, rien n'ait changé après son visionnage, tout comme Suicid Squad, Bird of Prey, etc... Tous ces films qui prétendent suivre les "figures du mal", en leur retirant finalement toute méchanceté, en aseptisant leur caractère sans jamais tenter de chambouler un tant soit peu le spectateur, en le sortant de sa zone de confort.
Pire: le personnage en devient finalement assez lambda, très loin du charisme de l'égocentrique diabolique du dessin animé, ni de l'artiste excentrique et hystérique portée à l'écran par l'inoubliable Glenn Close!
Alors oui, l'image est intéressante et la réalisation propose certaines idées, mais le fond est tellement insipide qu'on en oublie très vite les quelques sursauts créatifs de la mise en scène!
Bref, je ne peux pas dire que c'est mauvais mais je ne peux pas dire que c'est bien non plus. C'est juste du noir et du blanc virant au gris!