Y-a-t-il un hobbit pour sauver le monde?

On n'est jamais prêt à s'attaquer à l'analyse d'une œuvre mythique!

Comme l'a dit un grand sage: "Il est fort dangereux de sortir de chez soi. On prend la route et, si on ne regarde pas où on met les pieds, on ne sait pas jusqu'où cela peut nous mener."

Le meilleur opus de la trilogie

Pour moi, "La Communauté..." constitue le meilleur opus pour trois raisons:

Tout d'abord, la volonté de Peter Jackson de traiter l'Univers de Tolkien, aussi bien dans son aspect littéral que du point de vue de la légende. En effet, un subtil équilibre s'opère tout au long de l'intrigue, entre la quête épique et la chronique du quotidien des êtres composant la Terre du Milieu. Cette intention de réalité d'un monde oublié est donnée par l'introduction, narrée par un personnage se trouvant à la fois au cœur du récit et extérieur aux évènements à venir, de son propre aveu. Le fait de démarrer le film par une voix off narrant l'avènement d'une autre époque est aussi une manière de céder la parole aux sans-voix, puisqu'à compter de ce moment, l'intrigue suivra le point de vue de son protagoniste, le hobbit Frodo Baggings ( à quelques rares exceptions prêt). Ainsi, nous voyons le monde des hobbits évoluer sous nos yeux, avec leurs us et coutumes, avant que l'intrigue ne se lance véritablement.

Ensuite, l'autre élément qui rend ce film unique est une mise en scène traduisant avec justesse l'émotion véhiculée par le texte de départ. Certes, de nombreux changements ont été apportés par soucis de rendre l'intrigue fluide pour le grand public, mais chaque choix de réalisation tend à retranscrire la force lyrique du roman... Sans pour autant que le film n'en devienne qu'une simple copie, dépourvue de toute velléité artistique. (A l'inverse de son concurrent direct, un certain sorcier à la cicatrice en éclair!). Servi par un jeu d'acteur magistral (qui peut remettre en question l'interprétation de Ian Holm, Ian Mckellen et Christopher Lee?), encore appuyé par une BO extraordinaire signée Howard Shore, et des décors, costumes et accessoires qui marqueront durablement l'imagerie des films d'heroic fantasy. Décors réalisés d'après les croquis du génial illustrateur John Howe qui s'occupa de la conception artistique de la Terre du Milieu assisté d'Alan Lee!

Enfin, ce qui en fait le film le plus abouti est la capacité de Peter Jackson à faire passer le spectateur d'un genre à un autre avec une aisance remarquable, acquise par son expérience sur différents projets distincts (le drame sentimentale, la comédie gore, la satire acerbe, le film de monstre voire la SF déjanté). Ce mélange des genres opposés, baroque pour ainsi dire, est maitrisé, et la communauté de l'anneau peut autant être considéré comme un film d'aventure et de magie, qu'un film sur l'amitié, sur le combat de la nature contre la mécanisation et sur le basculement du monde dans les ténèbres (Peter Jackson aborde même la question de la manipulation génétique, de la perte de l'individualité et de l'endoctrinement, via l'industrie de l'Isengard) . Cette aisance du réalisateur néo-zélandais à passer d'un registre a l'autre en conservant la même cohérence est manifeste, offrant des scènes mémorables comme les "présents de Bilbo". C'est avec ce type de moments surprenants que le spectateur est transporté dans diverses catégories de cinéma(épique, épouvante, féerie, etc...) sans jamais perdre le fil, et en ramenant quelque chose du monde Tolkien dans sa propre vie.

Pour conclure, la communauté de l'anneau est incontestablement la pierre marquante d'un édifice gargantuesque.

Je n'y arriverai pas tout seul... -Frodon, vous êtes un porteur de l'anneau. Et porter l'Anneau de pouvoir signifie: être seul! Cette tâche vous est dévolue; et si vous ne trouvez pas le moyen, personne ne le pourra. - Je sais ce que je dois faire, seulement... J'ai peur de le faire. -Même la plus petite personne peut changer le cours de l'Avenir.