Gojoe
6.3
Gojoe

Film de Sogo Ishii (2000)

Ishii et le jour, Ishii et la nuit, Ishii est partout.

Ishii confirme ici une propension toute particulière à instaurer une atmosphère envoutante composée d’éléments pourtant casse gueule, aidé par une identité visuelle une fois encore distincte et personnelle. Toujours sur le fil, il fait de la singularité de sa mise en scène une force magnétique attirant le gourmand d’instants étranges que je suis dans un sillage que je ne regrette décidemment pas d’avoir pris depuis Yume no Ginga.

Pourtant a priori moins esthétique que son Labyrinthe des rêves dont le noir et blanc sublime me chatouille encore les synapses, Gojoe possède toute fois une empreinte visuelle toute particulière : grain polymorphe, couleurs majoritairement chaudes servant de superbes costumes, quelques audaces visuelles parsemées de ci de là, et une photographie très dynamique.

On regrettera cependant une lisibilité des combats à chier des orties, manque qui aurait constitué la cerise sur le gâteau d’un film pourtant signé d’un esthète reconnu. Ça et quelques lacunes narratives apparement imputables, d'après ce que m'apprend @drélium, à un tronquage de la part de la production.

Côté atmosphère on est encore une fois dans le tendu, le flottant et l’étrange. Une opacité superficielle qu’il faudra dépasser en se laissant porter par le contexte, les éléments aux limites de l’ésotérique, et une musique primale et ponctuelle (percussions essentiellement) qui participent à distinguer Gojoe d’un Jidaigeki de commande pour rayon de supermarché.

Voilà donc un film de genre singulier que Sogo Ishii élève au rang d’objet sombre et envoutant.

Asano me convainc une fois encore, comme quoi minimalisme de jeu et charisme inquiétant ne sont pas toujours incompatibles, Daisuke Ryu impose un calme et une bestialité tout aussi crédibles et leur dualité marque le film avec force.

Identité visuelle, mise en scène tendue, ambiance lourde, acteurs charismatiques, il vous faut quoi pour ne voir qu’Ishii partout ?
real_folk_blues

Écrit par

Critique lue 604 fois

18
2

D'autres avis sur Gojoe

Gojoe
drélium
7

Néo Chambara

Pas si accessoirement que cela, Gojoe est une magnifique preuve que Ryuhei Kitamura est un gros naze. Il suffit de comparer son Azumi avec Gojoe pour faire la différence. Pour un retour inespéré et...

le 30 oct. 2010

8 j'aime

2

Gojoe
LesGloutons
10

Critique de Gojoe par LesGloutons

Un bon coup de cœur pour ce Gojoe, le pont vers l'Enfer / Gojô reisenki : Gojoe (2000) que j'ai pu voir dans sa version intégrale (2h18 contre les 1h41 dans sa version cut), et heureusement car...

le 2 sept. 2021

Gojoe
philippequevillart
7

La lame et le feu

Puissance et inspiration sont les maîtres mots de cette fable guerrière survoltée.Sogo Ishii réussit un film d'une grande qualité, alliant méthode et manière. Un chambara aux confins du genre, avec...

le 26 juin 2016

Du même critique

Gravity
real_folk_blues
5

2013 L'odysée de l'espèce di counasse...

Évidemment, un pauvre connard cynique comme moi ne pouvait pas ne pas trouver son mot à redire. Évidemment, si je devais me faire une idée de la qualité du truc au buzz qu’il suscite, deux options...

le 28 oct. 2013

283 j'aime

121

Divergente
real_folk_blues
1

Dix verges hantent ces lignes...

Ça fait un moment que j’ai pas ouvert ma gueule par ici. J’aurais pu faire un come back de poète en disant de bien belles choses sur Moonrise Kingdom, vu récemment ; mais non. Fallait que ça...

le 15 avr. 2014

271 j'aime

92

Upside Down
real_folk_blues
2

De quoi se retourner dans sa tombe...

J’ai trouvé une formule tirée de ce film à la rigueur scientifique inégalable : Bouillie numérique + histoire d’amour = Twilight. Je soustrait les poils de Taylor Lautner et je rajoute des abeilles...

le 30 avr. 2013

243 j'aime

39