En voyant ce film, assez peu connu de Duvivier, dont le sujet a été maintes et maintes fois traité au cinéma durant le XXe siècle et au-delà, c'est surtout regarder son casting.
Robert Le Vigan en Jésus, Harry Baur en Hérode et Ponce Pilate joué par ... Jean Gabin !
Il est amusant de voir ce dernier en courte jupette, avec quelques réminiscences de son accent titi parisien, mais il est au fond d'une grande sobriété, même si on ne le voit que trop peu.
Mais ce qui impressionne surtout, ce sont les moyens gigantesques mis à la disposition de Duvivier, avec des milliers de figurants (algériens), des mouvements d'appareil là aussi étonnants par l'ampleur, et même la musique de Jacques Ibert semble elle aussi victime d'une subite inflation pompière. Notons aussi les sublimes décors peints, ou quelques facilités comme les nuages en accéléré mais de manière visuelle, le spectacle est là.
Le choix de Duvivier est de montrer Jésus comme une victime qui doute en permanence, et non comme quelqu'un au-dessus des autres. D'un acte divin qui semble le dépasser, de la foule déchainée qui le vocifère lors de son chemin de croix. On peut critiquer cette approche plus sombre qu'émotive ou empathique envers le personnage, mais le film nous le montre comme quelqu'un de rationnel.
Il y a bien pire comme films montrant la vie de Jésus, celui de Mel Gibson en particulier, mais celui-ci n'est en rien ridicule, malgré la curiosité Gabin, avec une approche un peu plus réaliste proposée par Duvivier.