Le premier long-métrage de la Danoise Tea Lindeburg, qui s'était jusqu’alors illustrée dans la direction de séries, possède une puissance intrinsèque fort impressionnant,e de par son caractère naturaliste agressé par des visions oniriques et symboliques. Rien d'académique donc dans ce drame situé dans une ferme au Danemark, aux alentours de 1800, mais une austérité flamboyante, si l'on ose cet oxymore. En tous cas, la référence aux grands cinéastes scandinaves passés est tentante (Dreyer, Bergman), avec en sus, et c'est une caractéristique courante du cinéma contemporain, un regard d'aujourd'hui sur une situation d'hier, à savoir la condition féminine dans une société patriarcale, au risque de l'anachronisme. La dernière nuit de Lise Broholm est aussi un récit d'apprentissage, celui d'une jeune femme dont l'espoir d'émancipation se heurte aux aléas de la vie, et de la mort, en même temps qu'une analyse aigüe du rapport que peuvent entretenir des gens simples et peu éduqués avec la religion et son corollaire, la superstition. Autant dire que les thématiques sont riches dans ce portrait d'adolescente et contrastent avec l'impression que la réalisatrice se garde de céder à toute émotion, nous tenant finalement éloignés et détachés des tourments de Lise Broholm. Peut-être qu'inconsciemment, ou volontairement, Tea Lindeburg est restée coincée dans le corset du film d'auteur(e) sans réussir à s'en libérer suffisamment pour nous offrir une possibilité supplémentaire de s'enthousiasmer.

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le 21 sept. 2022

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