Bon déjà, difficile de ne pas ressentir un profond malaise en se lançant dans le film de Claude Barrois quand on voit à quel point (qu'il y soit associé ou pas) l'affiche de "Le Bar du téléphone" est une copie conforme et éhontée de Meville et son "Le Cercle rouge". Du plagiat bien sale qui cherche clairement à capitaliser sur le succès de cet autre film sorti exactement 10 ans avant... C'est pas beau. C'est donc sans confiance qu'on entre dans cette intrigue qui dévoile ses cartes toutes plus surannées les unes que les autres, avec un casting aussi étendu que la direction d'acteur est catastrophique — une combinaison assez insolite, car le beau monde est réuni en masse avec François Périer, Julien Guiomar, Raymond Pellegrin et Georges Wilson du côté de la vieille garde des mafieux ou de la flicaille, opposés à divers niveaux aux nouvelles petites frappes incarnés par Christophe Lambert et Richard Anconina, chose là aussi particulièrement osée et surprenante. On pourrait légitimement penser que les débuts de Lambert en petit voyou violent constitueraient le point d'orgue de cette mélasse mais ce serait sans compter sur Daniel Duval dans un rôle de premier plan, un truand censé être terrible et ambitieux qui s'attaque aux intérêts de gros bonnets et qui en fera des caisses et des caisses pendant tout le film. C'est vraiment terrible comme cabotinage, son personnage n'est absolument jamais crédible et pourtant il dézingue à peu près tout le monde sans l'ombre d'un problème, il parvient même à faire ami-ami avec le gars Lambert censé être embauché pour le dégommer... On enchaîne ainsi les attaques de bars et les explosions de boîtes, c'est complètement idiot et ça a très mal vieilli en plus de ça. Chose amusante, on voit très bien grâce à ce film l'influence des navets policiers d'Olivier Marchal, c'est exactement la même recette et les mêmes archétypes, simplement remis au goût du jour. Le film a beau s'inspirer de loin de la tuerie du Bar du Téléphone à Marseille, en octobre 1978, ça n'apporte rien au schmilblick, voire au contraire, on pourrait y voir une forme d'opportunisme un peu moche. Quoi qu'il en soit un polar grotesque, avec ses scènes sentimentales affreuses, ses portraits d'hommes d'honneur datés, et sa vieille musique poussiéreuse signée Vladimir Cosma.

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le 14 févr. 2024

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Morrinson

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