Sly - Stallone par Stallone
6.9
Sly - Stallone par Stallone

Documentaire de Thom Zimny (2023)

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Peut-être en réaction à cet autre documentaire de Netflix consacré à Arnold Schwarzenegger, en tout cas, formant pendant avec ce dernier, Sly est un portrait quelque peu hagiographique de Sylvester Stallone qui, à bientôt quatre-vingts ans, peut bien faire retour sur une vie et une carrière bien remplies.

J'étais frappé, en lisant un portrait dans Le Monde il y a quelques mois, par l'obsession chez Stallone des montres et des horloges, ce souci du temps qui passe, qui paraît pourtant l'épargner en un sens — cf. Tulsa King qui le mettait en scène l'an dernier, comme en majesté.

Le pitch du présent documentaire : Stallone déménage "vers l'Est" (allez savoir où), donc des déménageurs emballent dans tous les sens les figurines de résine, les statues de bronze, les objets issus des tournages, comme les gants ou le chapeau de Rocky, etc.

Bref, des dizaines et des dizaines d'objets de Stallone, représentant Stallone, tout comme certains de ses tableaux sont des autoportraits. Notre documentaire n'est qu'un autre de ces autoportraits, pour la postérité.

Et il se (la ?) raconte.

Passage assez émouvant quand Stallone évoque son père et sa relation avec lui, assez "physical" dit-il, ce qui laisse entendre qu'il a été un gamin battu. Élève rétif au système scolaire, il est animé par cette rage de prouver qu'il peut arriver à percer dans le cinéma, en étant, semble-t-il dès le début, soucieux d'écrire et jouer ses propres rôles.

(Il faut dire que parmi les expériences que ne rappelle pas le doc, il a entre autres dû tourner dans des films de boules miteux pour survivre.)

Vient la période des Rocky, ce "bum" venu de nulle part, gentil et généreux, qui deviendra un des plus grands champions de boxe au monde. Le parcours de Rocky Balboa, apologie du capitalisme américain, diront certains, et c'est sur cette chose jamais dite, ou ambiguë, que notre documentaire trouve sa limite : Stallone est un entrepreneur, et il est son propre produit, ses produits dérivés, son propre spectateur et son propre critique, etc.

Où le situer politiquement ? Serait-il républicain, comme Schwarzie ? Le propos ne s'aventure pas sur ce terrain mais il n'est que de voir Rocky IV (vaincre le méchant Russe), Rambo III (vaincre les méchants Russes) pour se faire une vague idée.

On passe beaucoup plus vite sur Rambo justement, dont je tiens le premier volet pour meilleur que le premier Rocky. Le processus de création, où Stallone synthétise en somme ses lectures de mémoires de vétérans, donne une idée de l'intelligence du bonhomme, et le documentaire met en évidence une facette importante de son caractère : c'est un ÉNORME bosseur.

Peut-être quelque peu tâcheron au début, mais obstiné, et doté d'une intelligence suffisamment remarquable, donc, pour bluffer tous ceux qui n'auraient pas mis un dollar sur son avenir au cinéma, avec sa paralysie faciale, ses yeux de chien battu, sa voix gutturale.

Ce qu'il ressort à mon sens de ce documentaire pas trop critique — et qui malheureusement, passe sous silence les navets qui ont émaillé la filmographie de Stallone —, c'est que l'unité d'une vie et d'une œuvre tiennent au regard rétrospectif de celui qui veut la démontrer.

Démontrer et non démonter : il n'y a aucune forme de remise en question du propos de Stallone, occupé à sculpter ce qui est sans doute sa dernière statue. Avec la liberté de celui qui n'a plus rien à prouver, et qui, à l'âge qu'il a, continue de respirer le charisme, la forme physique et, encore une fois, l'intelligence.

Quelque peu retorse si ça se trouve ? Parce que finalement, l'ensemble de la critique, des spectateurs, des politiques, que sais-je, est unanime : le gars est une légende consensuelle.

On verra ce que diront ses biographes non autorisés.

Mathieu-Erre
7
Écrit par

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le 28 mars 2024

Critique lue 13 fois

Mathieu Erre

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