Les Disparus de Cold Rock
4 ans après le choc « Martyrs », douloureux au visionnage, mais qui aura marqué tel un tatouage la mémoire de ceux qui l’ont vu de manière indélébile, le réalisateur/scénariste Pascal Laugier revient avec un nouveau thriller d’épouvante, bien moins éprouvant cette fois, mais tout aussi réussi. Je ne dévoilerai rien sur le film, qui s’appréciera d’autant mieux si on en sait le moins possible avant, surtout qu’il est si rare désormais d’être surpris au cinéma. Juste que Jessica Biel y livre sans doute sa meilleure performance d’actrice en mère dévastée, mais tenace, à la poursuite du « Tall Man », un criminel qui s’est bâti une légende de croquemitaine en enlevant des enfants depuis des années dans la région de Cold Rock, petite ville minière sur le déclin de l’État de Washington. Le film joue d’ailleurs avec les codes du « slasher », mais mieux vaut ne pas s’attendre à voir une succession de meurtres graphiques car il s’agit avant tout d’un film à suspense, rempli de fausses pistes, et dont on s’évertue à percer le mystère. On pense à « Twin Peaks », à l’univers de Stephen King ou à l’œuvre télévisuelle de Chris Carter (« X-Files », « Millenium »), dont on retrouve d’ailleurs l’un des acteurs fétiches dans un second rôle, William B. Davis a.k.a. l’homme à la cigarette. À l’instar de son œuvre précédente, Laugier n’hésite pas à bousculer le spectateur, quitte à ce que le spectacle soit inconfortable, grâce à une dramaturgie qu’il s’autorise à chambouler avec une intrigue à tiroirs et des changements de point de vue qui permettent au film d’être tout sauf manichéen. L’histoire se clôt d’ailleurs sur une interrogation, laissant le bon soin au spectateur d’y voir quelle morale peut bien être tirée de ce conte, qui illustre au fond un fantasme malsain de l’enfance qu’on a tous fait au moins une fois, mais il y a peut-être certains souhaits qu’il vaudrait mieux ne jamais voir exaucés.