Civilization V
7.7
Civilization V

Jeu de Firaxis et 2K Games (2010PC)

Expérience avec les extensions !


Je lance Civilization pour la première fois. Je n'ai jamais joué à aucun jeu de la licence, je sais tout au plus qu'il s'agit d'un jeu de stratégie en tour par tour. Dans le genre, je ne connaît que Total War Shogun 2, qui m'a occupé un petit moment. Aussi, je m'attend à passer un moment agréable, sans plus.


Et puis d'un coup, une grosse quiche dans ma tête. Tour suivant. Tour suivant. Tour suivant.


Je passe toute la soirée et une partie de la nuit à mener Gengis Khan jusqu'à la domination totale du monde. Je comprend alors que j'ai affaire à un jeu terriblement addictif, comme Mount & Blade avait pu l'être avant. La victoire est facile : j'ai lancé le jeu dans le mode de difficulté le plus bas pour comprendre ses mécaniques. Je décide de lancer une nouvelle partie : je suis Darius 1er de Perse. La carte du monde représentera la Terre, en taille Immense, avec le maximum d'opposants possibles, le tout en difficulté "Seigneur" (raisonnable).


20 heures plus tard (pas d'affilée hein, j'en suis pas à ce point là quand même).


Le valeureux peuple Perse fend l'espace, partant à la conquête d'Alpha du Centaure. Nous avons achevé la navette en 2048, soit 2 ans avant la fin de partie obligatoire (2050, 500 tours). C'est une victoire scientifique remportée dans un mouchoir de poche : Gandhi a bien failli mener le projet à bien avant moi, profitant des richesses de ses vastes terres d'Amérique du Nord. Heureusement, quelques salves bien senties de missiles nucléaires sur son continent m'ont permit de gagner un précieux tour. J'imagine encore son petit crâne luisant de sueur et ses mains tremblantes lorsqu'il a appris que Bombay avait été rasée par le feu nucléaire, dévastant par la même occasion les terres d'Alaska. "Alors, le pacifisme, ça marche bien en ce moment, trouduc' ?"


Car bien sûr, une victoire scientifique ne signifie pas que Darius s'est contenté de financer la recherche. Il a d'abord fallu s'étendre et coloniser le monde. Parti en -4000 av. J-C. en plein cœur du Sahara (à l'époque, nous n'avions aucune idée du désert dans lequel nous nous trouvions), l'Empire Perse s'est répandu rapidement à travers tout le continent africain, se heurtant à l'Empire Romain encore balbutiant à l’extrémité sud, et l'Empire Carthaginois au niveau de notre Israël actuel. L'extension est rapide : contrairement à ce qu'on pourrait penser, débuter en pleine Afrique n'est pas une mauvaise chose. J'ai tôt fait de creuser des mines de sel et de marbre, des biens très précieux qui me permettront de faire levier auprès des autres dirigeants du monde. César m'est relativement antipathique ; en revanche Didon de Carthage se montre plus amicale et un début de relation s'installe entre nos deux empires. Je rencontre rapidement la ravissante Catherine de Russie, alors installée en France (je vous l'accorde, on s'y perd rapidement) qui se montre elle aussi plutôt bienveillante. Darius semble avoir la côte auprès des femmes de pouvoir.


Quelques années plus tard, les alliances s'effondrent : j'ai eu le malheur de me rapprocher de la dirigeante chinoise au nom imprononçable, ce qui a fortement déplu à Carthage et Moscou. Les deux impératrices coupent les ponts et Darius se retrouve seul, la queue entre les jambes (si je puis dire). A partir de maintenant, nous ferons cavalier seul. Mais en essayant pendant plusieurs millénaires de nous rabibocher avec Catherine, parce qu'elle est plutôt pas mal. Peine perdue, les femmes russes ont la dent dure. Je finirai toutefois par la faire manger dans ma main, l'arrosant d'or, de pierreries et d'autres ressources de luxe. C'est à ce prix que l'on s'attache la fidélité d'une impératrice.


Si lors de ma première partie j'avais adopté une attitude de berserker aux commandes du peuple mongol, j'ai sciemment décidé de ne pas tout miser sur la chose militaire avec les perses. Civilization m'a alors révélé une partie de la profondeur de ses jeux politiques : hormis les empires adverses (ou alliés), on trouve aussi à la surface du globe des cité-états aux mœurs diverses qui ne manquent jamais d'ajouter leur grain de sel aux intrigues. Les négociations entre empires font intervenir une belle quantité de paramètres permettant de faire des propositions fines liées au contexte actuel du jeu. Le seul manque est peut-être la gestion d'une famille et d'héritiers, comme on peut le trouver dans Total War. Comme Darius aurait été heureux d'avoir une progéniture avec la belle Catherine, s'arrogeant par la même occasion le contrôle de l'Europe de l'Ouest tout en assurant sa descendance !


L'Empire Perse est rapidement devenu une superpuissance, prenant le contrôle total de l'Afrique tout en colonisant la Nouvelle-Zélande, le nord de la Norvège, une partie de l'Australie et de nombreuses îles tout autour du globe. En ayant toujours un coup d'avance, Darius s'est assuré le maintient confortable de son règne. Soutenu par la religion qu'il avait lui-même lancé, il a pu profiter des nombreux bienfaits que lui accordaient les fidèles. En 2048 le zoroastrisme est l'une des trois religions dominantes, étendu de l'Afrique jusqu'à l'Europe, stoppé uniquement par le bouddhisme des chinois. C'est également la première religion à avoir atteint l'espace : la classe.


Tour après tour, les finesses de la géopolitique, de la science, de la culture et de la guerre ont livré leurs secrets à Darius. L'un de ces secrets étant le placement des villes et des unités. Dans Civilization V les cases (hexagonales) ne peuvent contenir qu'une unité à la fois : le placement des différentes unités militaires est donc capital ! D'autant plus que la topographie des lieux influe sur le déroulement des combats. De la même manière le placement des villes est crucial. En début de partie, privilégier les zones côtières et si possible à proximité d'un fleuve : le fleuve permettra de maximiser la production tandis qu'un accès à la mer transformera rapidement la ville en carrefour commercial. En milieu de partie, placer les villes sur les points névralgiques du monde, par exemple sur une langue de terre entre deux mers : la ville deviendra une plaque tournante verrouillant tous les accès tout en vous donnant le contrôle total sur les déplacements alliés ou ennemis dans la région. En fin de partie, placer ses dernières colonies sur les îles perdues dans l'océan : elles serviront de ports militaires et permettront de créer des ponts aériens essentiels à la projection de vos forces autour du globe.


Civilization recèle de bien trop de contenu pour en faire le tour en une critique. Quoi qu'il en soit il s'agit d'un excellent jeu de stratégie, proposant (et c'est rare) de réelles alternatives à la victoire militaire. Difficile de dire ce qu'il manque à ce jeu, hormis peut être la gestion de sa dynastie. Ni beau ni moche, il est visuellement très efficace (le seul problème rencontré étant un manque d'affichage des retombées radioactives) et c'est tout ce qu'on lui demande. Il vous fera sans doute vivre quelques beaux moments de stress, d’exultation aussi. Et vous sourirez probablement quelques fois face aux incroyables anachronismes et situations ridicules que le jeu peut amener parfois, comme l'affrontement d'un croiseur lance-missile perse avec une caravelle zoulou.


Tour suivant.

BobbyMcCouille
8
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le 26 févr. 2016

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