La plateforme NetGalley.fr, au-delà du fait qu'elle donne l'occasion de lire des romans proposés gracieusement par les éditeurs, m'aura également permis de découvrir des auteurs que je ne connaissais pas du tout. C'est encore le cas cette fois avec Pierre J. B. Benichou et ce roman au résumé prometteur :


3 janvier 1991. Quartier de haute sécurité d'un pénitencier de Floride.
Condamné à la peine capitale, Will Birdy a passé quinze ans de sa vie en prison. Coupable de plus de cent crimes atroces contre des jeunes femmes, le tueur n'a plus qu'une peur : que l'enfer soit sa prochaine destination. Il lui reste une nuit en compagnie d'un prêtre pour exorciser les forces qui le dominent, expier, et comprendre qui il était vraiment. À l'aube, à moins d'une grâce de dernière minute, il sera exécuté sur la chaise électrique.


Des années plus tôt, à des milliers de kilomètres de là, un physicien soviétique est condamné par erreur, humilié, torturé et envoyé au goulag dans les pires conditions, sans savoir ce qu'il est advenu de sa famille. À bord du train qui l'entraîne dans les ténèbres de l'injustice et de l'oubli, cet expert en physique quantique, respecté par les plus grands scientifiques de son époque, s'ouvre à d'étranges secrets grâce à sa rencontre avec un vieux kabbaliste sur le point de rendre son dernier souffle.


Deux destins que rien ne semble lier, se croisent à contre courant dans les couloirs du temps ... L'un victime et l'autre bourreau, ils finiront par entrevoir que l'enfer est sur terre et que chacun est son propre démon.


Deux éléments de ce résumé me plaisaient avant de commencer ma lecture : d'une part le choix fait par l'auteur de suivre deux récits parallèles autour de deux personnages différents, et d'autre part le fait que l'un de ces récits se déroule dans la Russie soviétique des années 1930.


Le premier récit se déroule en Floride au début des années 1990 et s'intéresse aux dernières heures de Will Birdy, un tueur en série placé dans le couloir de la mort. La nuit qui précède son exécution annoncée, le condamné à mort reçoit la visite d'un pasteur. Cette dernière confession est l'occasion pour Birdy de raconter sa vie et le chemin qui l'a conduit à assassiner un nombre incalculable de jeunes filles.


Le second récit se situe dans la Russie des années 1930. L'URSS est alors sous la coupe de Staline et de son régime autoritaire. Timofey Bogaïevsky, un professeur d'université spécialisé en physique quantique, voit sa vie basculer quand il est arrêté alors qu'il doit se rendre à une conférence scientifique. Ses lettres à Einstein et Schrödinger, qu'il s'apprêtait à poster, sont jugées par les autorités comme des preuves de trahison et d'intelligence avec l'ennemi. Le professeur est alors déporté en Sibérie, tandis que sa femme et son fils adolescent tentent de prendre la fuite en Finlande.


Les deux récits sont de qualité inégale : si celui sur le tueur en série dans le couloir de la mort est juste correct, celui qui se déroule en URSS m'a passionné. Je n'ai donc pas vraiment éprouvé de regret quand l'histoire du condamné à mort a quasiment disparu du roman dans son dernier tiers, même si c'est une construction narrative un peu étonnante. Pendant tout le roman, j'ai par contre cherché quel pouvait être le lien entre les deux récits, et la réponse apportée à la toute fin m'a plutôt déçu, parce que c'était la solution de facilité à laquelle j'avais pensé dès le début en espérant que l'auteur saurait l'éviter et proposer quelque chose de plus original.


Le grand intérêt de ce roman à mes yeux, c'est la plongée dans la Russie soviétique des années 30, avec sa police politique, ses soupçons permanents et la paranoïa qui l'accompagne. Le terrible trajet de Timofey vers le goulag est également glaçant. Et que dire du récit des événements sur place, dont je ne révélerai rien ici pour ne pas gâcher votre "plaisir" si vous décidez de lire ce roman.


Ce Rouge Eden est finalement est un très bon roman, que j'ai lu avec beaucoup de plaisir malgré son thème pas très réjouissant. C'est pour moi un excellent roman historique, les quelques maladresses d'écriture étant largement compensées par la puissance du récit.

ZeroJanvier
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le 6 avr. 2017

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Zéro Janvier

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