Le tome de trop pour Murgen.
Ça fait toujours bizarre de mettre une note aussi basse à une saga qu'on adore. Pas plus mauvais que "Elle est les ténèbres 1" (on est déjà trop bas), le problème de ce tome, comme des deux derniers, c'est finalement l'approche narrative de l'annaliste. Il est d’ailleurs assez hallucinant de voir Glenn Cook, par le biais de ses personnages, nous proposer lui même une critique de son livre dans le livre, et souligner cet aspect...
(Atalante, p253) Discussion entre Toubib et Murgen.
"J'ai rattrapé mon retard dans la lecture de tes annales, Murgen"
(...)
"Et je dois t'avouer, à mon grand regret, qu'elles ne me plaisent pas beaucoup."
(...)
"Ce que je n'aime pas dans tes annales, c'est qu'elles parlent plus de toi que de la Compagnie.
- Quoi ?" Je ne pigeais pas.
"Tu ramènes tout à toi, je veux dire. A l'exception de quelques chapitres repris des comptes rendus de Madame, de Baquet, de Qu'un-Oeil ou d'un autre, tu ne consigne strictement rien qui n'ait directement trait à toi ou à ce que tu as vu de tes yeux. Tu es trop imbu de toi-même. Qu'est ce qu'on en a à foutre, de tes cauchemars récurrents ? Et, excepté pour Dejagore, tes descriptions sont la plupart du temps assez faiblardes. Si je ne me trouvais pas moi-même sur place, j'aurais le plus plus grand mal à me dépeindre cette région du monde"
Si vous avez aimé les batailles épiques, l'ambiance, les personnages et les situations tendues des premiers tomes, oubliez tout ici. Les grandes batailles sont expédiés en quelques pages et le gros du livre narre les escapades sans intérêt de l'annalistes Murgen et de sa femme. Fini aussi les personnages secondaires charismatiques. Ce tome se concentre, comme le précédent, sur la belle famille de Murgen et les situations du quotidien. Et c'est franchement inintéressant. On ne suit plus une compagnie de mercenaires mais bien une famille larguée en campagne.
Si "Les Annales de la Compagnie Noire" possède une qualité, c'est bien celle d'offrir une expérience narrative rafraîchissante à chaque volume via des annalistes/narrateurs aux personnalités propres. Mais ici ça ne marche pas, et ça dure depuis "Saisons funestes". Après avoir bouffé plus de 1000 pages sur la vie de Murgen et de ses Nyueng Bao il faut bien avouer que l'envie de lâcher à 4 tomes du dénouement est là.