chronique écrite en 2003
Electron libre dans la tentaculaire toile mis en place par Universal, Bertrand Louis n'a pas su trouver son public avec son premier album. Et c'est bien dommage car le trentenaire proposait une vision propre d'une chanson française aux arrangements électroniques. Un nouvel auteur à ranger aux côtés de Marc Gauvin pour sa modernité d'écriture et son influence gainsbourienne. "2" s'inscrit dans la continuité du premier ouvrage. Emmené par un single mordant dopé aux sons big beat (Dans mon quartier), Bertrand Louis persiste et signe : ses chansons ont les idées larges. Ambiance cordes pour le nonchalant Eloge de la paresse, reggae distrait pour Je bégaye, batterie Bee Bop pour Je balaye, spoken word rythmique pour la confession de L'abusd'alcool est dangereux pour la santé, piano nu et mélancolique pour Dans mon pays le noir est une couleur, la musique se décline toujours accommodée d'arrangements électros, dans un esprit pop et par une plume résolument francophone. "2" multiplie les réussites comme ce voisin voisine magnifié par ses beats et ses respirations et devenant un fais divers haletant et free. Ou La plus belle fille du web plus sûr exemple de ce que pourrait donner un Gainsbourg 2000. Bertrand Louis aurait pu s'abstenir de nous refaire le coup de Slogan, reprenant dans son texte tous les argumentaires creux de la pub. Son Parce que je le vaux bien, un peu trop badin, sent le réchauffé. Enfin, on lui pardonne et on espère que "2" marchera mieux que son précédent album.