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7.3
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Album de BEAK (2012)

Par Wilfried Paris

Entre la gestion de son label Invada, la production d'un album de hip-hop (Quakers), une tentative de B.O. (Dredd, avec Ben Salisbury, sous le moniker Drokk), une tournée pour son projet krautrock BEAK>, et un quatrième album de Portishead en guise d'arlésienne, on se demande quand dort Geoff Barrow. De fait, le deuxième album du trio BEAK> (Geoff Barrow, Matt Williams, Billy Fuller) a quelque chose de somnambule, la voix étouffée par l'oreiller, le rythme pesant de l'errance nocturne, la répétition obsessionnelle de l'insomnie. Claustrophobique en diable, >> (c'est le titre) redouble les éléments présents sur un premier album (>, bien sûr) : batterie « métronomique » motorik (Can, Neu! dans le rétroviseur), loops de synthétiseurs analogiques (Silver Apples), guitares noise, marmonnements coldwave et ambiances délétères de gialli italiens. Le tout produit avec la passion de l'analogique, et gravées dans le plus large sillon, des graves qui font vibrer l'estomac, des charleys qui vrillent la tête, quoiqu'en dise monsieur Barrow : « Nous utilisons plein d'instruments différents. Je ne suis pas préoccupé par le fait de savoir si c'est vintage ou nouveau, mais de comment ça sonne d'abord. Je préfère le son du vinyle ou de la cassette, mais je peux écouter de tout. Je ne me soucie pas de la qualité des supports du moment que la musique elle-même est de qualité. Par contre, je n'étais pas fan des premiers Pro Tools ».

En qualifiant sa musique de « regressive rock », BEAK> a probablement trouvé le moyen de dévisser de l'époque les grands fantasmes qui la nourrissent : le néo-primitivisme d'une part, retour du refoulé avant-gardiste via une perfusion d'ethnicité refigurée, l'hantologie d'autre part, remontée en surface des spectres qui hantent notre imaginaire musical. Le rigorisme de BEAK> (délais d'enregistrements courts, prise de son collective et sur le vif, pas d'overdub) balaie tout ça d'un sévère revers de main. Posons une hypothèse : BEAK> n'est kraut et postpunk qu'en apparence. Les choix formels du trio (rigueur rythmique, nudité ornementale, rectitude) prennent l'auditeur au piège de la mémoire alors que la musique, elle, cherche surtout à évoluer dans la solitude la plus pure, ne se fiant ni aux héritages ni au principe de table rase. Surplace monomaniaque des thèmes, nappes dissonantes et maigres, battement martial de la batterie : les moyens déployés vont aussi loin que possible dans ce programme. (...)

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Chro
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le 9 avr. 2014

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