Anastasis
7.4
Anastasis

Album de Dead Can Dance (2012)

Poussé par le désir de voir au moins une fois, et dans de très bonnes conditions (les arènes de Nîmes), un groupe qui avait su flatter mes tendres années étudiantes, je me posais une nouvelle fois la question sur la route qui me menait sur le lieu du concert : qu’est-ce qui pouvait bien me plaire chez Dead Can Dance ?
 
Il y a à peu près tout ce que je déteste: du synthé, des mélopées grandiloquentes, une espèce de new wave lente à tendance world planante.
C’est pas dur, si j’écoute trente secondes, prises au hasard, comme ça, je ne peux en aucun cas défendre le truc.
C’est indéfendable.
Un peu le "Tree of Life" de ma discothèque.
 
Pourtant, y a forcément quelque chose. Parce que, toujours curieux, j’ai écouté il y a quelques mois leur dernier effort studio et, bordel, ça reste sacrément convainquant.
Comment résister à la puissance lancinante immédiate de Children of the sun ? Ne pas bloquer sur ce coup de cuivre (si on imagine que c'est pas produit par un synthé) hyper grave pendant le refrain de Amnesia ? Ne pas être mesmérisé par les rythmes syncopés et orientaux de Agabe ?

J’espérais trouver dans la composition du public un élément de réponse.
Qui venait encore voir DCD trente deux ans après leurs débuts ? Quelle silhouette arborait le fan de cold wave en 2013 ? La diversité de la foule a plutôt contribué à épaissir le mystère. Certes,quelques babas et deux-trois graisseux sur le retour, pas mal de quadras et quinquas qui n’auraient pas dépareillé dans un concert de Depeche Mode (Aaargg.. !)... tout ça d'accord, mais rien de déterminant.
Foutrement bigarré.
 
Le concert en lui-même allait-il m’aider ?
Immédiatement, quelque chose flattait mes inclinaisons d’ex batteur repenti. Quand ils ne sont pas aux claviers, la plupart des sept membres du groupe (quatre d’entre eux en tout cas) sont occupés à frapper sur toutes sortes d’objet rythmiques pour produire une base complexe et terriblement entrainante.
Sans conteste, l’aspect world, par ses touches orientalisantes, est terriblement envoutant. Indéniablement, l’écho permanent qui entoure les voix évoque un horizon lointain et fantasmatique de manière efficace.

Le look de nos deux co-fondateurs maintenait cette conjonction d'interrogations: Lisa Gerrard arborait une chignon d'un autre monde (et d'une autre époque), raide comme un dame patronnesse dans sa longue robe à collerette de prêtresse extraterrestre (miss terre ?), pendant que Brendan Perry, assez classe dans son costard aux teintes marrons, faisait un peu office de Peter Gabriel du pauvre, avec son crâne chauve luisant (un petit coup de soleil Brendan ?) et sa barbiche seyante (l'homme bulldog, donc)
 
La révélation s’imposait alors.
Connaissez-vous une meilleure bande-son pour vos lectures un tant soit peu fantastiques ou historiques ? Vous est-il arrivé de lire Dune de Herbert ou Terreur de Simmons accompagné d’un album de DCD ?
Je défie quiconque de trouver une ambiance plus appropriée.
 
Au terme de cette soirée épargnée par les dieux (l’orage menaçant constamment l’antique et auguste lieu, mais n’éclatant finalement jamais), un nouvel élément troublant venait s’ajouter à la somme des choses intrigantes entourant le groupe australien. Le public résonnait de manière étonnamment réactive et chaleureuse aux pulsions froides et lentes envoyées par Brendan, Lisa et leurs acolytes.
Il semblerait qu’une alchimie étrange lie la musique indéfinissable de DCD à deux ou trois générations d’auditeurs disparates venant d’horizons forts divers.
 
Je vous avais dit qu’il y avait quelque chose de mystérieux dans tout ça ?
guyness
8
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le 30 juin 2013

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