J’espère qu’avec cette neige, chacun a apprécié à leur juste mesure les riants tintements de triangle. Dites Swingle Singers, je pense neige mi-mars. Léger, poudreux, agréable au contact, mais surtout bondissons sautillons, ce n’est pas comme si Noël était passé, depuis déjà trois mois. Soulignons la cohérence et l’originalité dans le choix des titres, à la manière de ces albums qui s’arrachent à la veille du 25, « Je n’aime pas le classique, mais ça j’aime bien ! », le frère ennemi « Je n’aime pas l’opéra, mais ça j’aime bien ! », ou, restons sobres, « Les plus grands moments classique». C'est ici une belle preuve d'indépendance, n'est-ce pas, que de découper ainsi un ensemble musical, comme on le ferait d’une belle dinde fourrée aux marrons. Apprécions cette subtilité avec laquelle les Swingle Singers font reparaître brutalement au sein d’un morceau le thème premier de la fugue, là où chez Bach, au même moment, la répétition du thème reste parfois indécelable. Le mec a tout de même assez peu de dons en rythme, avouons-le, martelons-le, cela ne fait jamais de mal. L'album sent à plein nez les années 1960 et leurs petits sabots colorés, la naissance d’une société de consommation mi-machine à laver, mi-flower power, apte à déguster avec des papilles aiguisées ce genre de liberté prise avec les classiques. Inutile de préciser que les morceaux que j’apprécie le moins sont en revanche ceux où la voix hurleuse tire vers ses limites, où le vif chabada se meurt en cri d’alarme, déguisant ainsi mon Bach en fausse cacophonie, anxiogène et libératrice. À se demander pourquoi j'ai mis 8.