Battles
5.7
Battles

Album de In Flames (2016)

Oubliez ce que je vous ai dit, le Graal, c'est de la merde

      Avant toute chose, qu’on se le dise,  In Flames est mon groupe préféré. J’aurai à jamais le plus grand respect et la plus grande admiration pour ce groupe qui a sorti dans sa carrière The Jester Race, Colony, Come Clarity, Sounds Of A Playground Fading. J’aurai à jamais le plus grand respect pour ce groupe que je suis capable d’écouter en boucle sans jamais me lasser, et dont j’ai poncé la discographie un nombre incalculable de fois depuis que je suis ado. Enfin j’aurai à jamais le plus grand respect pour ces types qui savent rester droit dans leurs bottes face aux critiques, comme l’a démontré leur attitude au cours des semaines qui ont suivies la sortie de Siren Charms (Qu’on aime ou pas cet album, il possède cette patte de sincérité qui fait tout le charme de la musique d’In Flames depuis 10 ans.).
Or toutes ces raisons qui justifient et fondent mon amour pour In Flames, je ne les retrouve plus dans Battles. Cet album ne m’a rien fait ressentir, si ce n’est la tristesse du fanboy déçu. Il ne m’a pas transporté, ne m’a pas fait vibrer une seule seconde, au point que les 55 minutes d’écoutes m’ont semblé durer 3 semaines.
Commençons par le commencement. L’artwork de Battles est à l’image des chansons qui le composent : Au milieu du vide intersidéral, des couleurs chaudes et froides tentent en vain de se réconcilier, autour d’un crâne stylisé dans une esthétique plastique, cheesy, mercantile et nullarde.
De ce qui fait toute la richesse de la discographie d’In Flames, il ne reste ici que des ruines, des miettes. Les compositions sont banales et convenues: difficile de prendre la place de Daniel Svensson, qui avait tant brillé sur Sounds Of A Playground Fading. Les percus de Joe Rickard sont plates, génériques, rien à sauver là-dedans. Même bilan pour la section guitare, et pourtant on était en droit de s’attendre à quelque chose d’au moins correct : l’infatigable Björn Gelotte est épaulé par Niclas Engelin, qui avait déjà joué dans In Flames en 97’/98’, la belle époque quoi. Où sont passés les breaks mélodiques entraînants d’un Come Clarity, la brutalité d’un Sounds Of A Playground Fading ? Où sont passés les solis mélodiques et finement ciselés auxquels nous avait habitué Björn Gelotte ? Ici ce ne sont que riffs vides d’émotions, d’énergie, les quelques solis placés ça et là tombent comme des mouches mortes dans une soupe aux navets. Les quelques interludes et phases « acoustiques » tournent autour de 3 accords, et n’apportent rien à des compos déjà pas bien riches.
J’ai mis « acoustiques » entre guillemets. On sait en effet le plaisir que prend In Flames à clairsemer ses chansons de pointes de synthé depuis quelques albums. C’était assez maladroit sur A Sense Of Purpose, beaucoup mieux dosé sur Sounds Of A Playground Fading. Sur Battles ces sonorités électroniques sont omniprésentes et ça salit littéralement l’album. Le son de Battles est totalement léché, bien trop propre pour qu’on y reconnaisse le In Flames qu’on aime. C’est le cas pour la batterie, les guitares, les synthés, et je ne vous ai pas encore parlé du chant.
Je crois qu’Anders Friden a toujours été un super chanteur. Déjà quand il hurlait à la mort sur Lord Hypnos ou December Flower il dégageait un lourd charisme. Il a surpris tout le monde quand il a commencé à chanter en chant clair/semi-hurlé, sur Come Clarity ou Soundtrack To Your Escape. Personnellement j’ai toujours aimé l’écouter chanter parce que sa voix dégage une émotion considérable. Parfois agressive, souvent marquée par la douleur, toujours tourmentée et sincère jusqu’au bout des cordes vocales, Anders Friden est ce qui fait pour beaucoup la force d’In Flames depuis quelques années. Ici sa voix a été léchée à la production, comme le reste des compositions d’ailleurs, au point qu’elle est littéralement vidée de sa substance, de son potentiel émotionnel : Ça me fait mal au cœur d’écrire un truc pareil, mais sur cet album Anders Friden m’emmerde. Son chant clair est lénifiant, ses quelques parties en chant semi-hurlé sont tout bonnement horripilantes.
Depuis 5 ou 6 ans, à chaque nouvel album, In Flames divise et déroute. Toutefois je crois qu’avec Battles In Flames atteint un sommet. C’est bien simple, j’ai l’impression qu’ils ont renié tout ce qui au cours de leur carrière a fait leur force : la sincérité et l’émotion, le risque : tout dans cet album est facile, millimétré, prévisible : les mélodies et les refrains sont entraînants mais tout reste formaté dans des structures de morceaux linéaires au possible. Je n’en ai rien à cirer qu’In Flames ne fasse plus dans le melodeath old-school à la Jester Race, j’en ai rien à cirer qu’ils se vautrent dans le rock alternatif ou la pop-metal (l’emploi d’un tel néologisme est ici parfaitement justifié.). Mais ça me brise le cœur que de ne plus reconnaître dans ses propres chansons le groupe qui m’a tant fait rêver. Il faut croire qu’à trop se reposer sur ses lauriers, ceux-ci finissement inéluctablement par faner.
P1ngou1n
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le 22 déc. 2016

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P1ngou1n

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