Je me lance dans un rattrapage de certains albums de Noir Désir, alors je commence par le dernier en date. Après le 666.667 Club, le groupe devait se renouveler, et pour moi cette tentative est complètement réussie. Les textes sont magnifiquement portés par une voix qui semble capable de tout faire, de hurler et de s'effondrer d'un moment à l'autre. On a d'ailleurs un texte de Léo Ferré dans l'album, mis en musique par le groupe.
En effet, ils ont délaissé un peu le rock, mais pour mieux nous servir une musique torturée aux arrangements sophistiqués : ça reste dans l'esprit Noir Désir.
J'ai beaucoup aimé L'enfant roi et son riff qui tourne en boucle mais au-dessus duquel les paroles et les autres instruments vont s'amuser à nous surprendre, Le vent nous portera évidemment qui est pour moi une grande chanson, Son style 1 où on a enfin de la guitare électrique et un rythme assez pêchu, et Lost, un très beau morceau avec quelques paroles en anglais.
L'album se termine sur L'Europe. Musicalement, c'est juste un bœuf entre musiciens avec quelques paroles de Bertrand Cantat sur une petite section du morceau. Pour le reste, c'est un texte que Brigitte Fontaine déclame de façon déconcertante avec des phrases qui intriguent ("Les sangliers sont lâchés par exemple"), mais c'est un texte qui ne peut laisser indifférent. Il a aussi sur ce titre la participation de Akosh Szelevényi sur divers instruments. Ça reste assez expérimental et il faut réussir à se fader les 20 minutes, mais ce morceau mérite bien sa place sur ce disque pessimiste.
Un beau disque et une belle façon d'achever une carrière, même si ce n'était pas prévu et que j'aurais évidemment préféré que ça se termine autrement pour les raisons qu'on connait.