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Diploid Love
6.1
Diploid Love

Album de Brody Dalle (2014)

On a connu Brody Dalle aux cheveux noirs, on a connu Brody Dalle maman et maintenant il faudra faire avec Brody Dalle blonde comme pour annoncer un renouveau musical. L’australienne de trente-cinq ans revient sur la scène avec un album solo plus éclectique qu’à l’accoutumée, comprenant quelques très bons morceaux mais aussi des choix originaux qui au final rendent cet album intéressant bien qu’inégal. Commencé dans le punk avec le regretté groupe The Distillers (dont l’album Coral Fang est une franche réussite), enchaînant avec Spinnerette, groupe de rock alternatif -médiocre et sans saveur- aussi vite arrivée qu’oublié, le retour de Brody Dalle, véritable icone féminine du punk anglo-saxon, était attendu avec impatience. Un an d’écriture et de production auront été nécessaire pour cet album, co-produit par Alain Johannes, un revenant de Spinnerette mais également producteur des albums des Arctic Monkeys. Pour cet opus, Brody Dalle a su s’entourer d’une bonne paire de pointures : Nick Valensi des Strokes, Michael Shuman des Queens of the Stone Age, Emily Kokal de Warpaint ou Shirley Manson de Garbage.

Bien que calmée, Brody Dalle n’a pas oublié ses influences rock et punk mais elle s’autorise quelques sorties de pistes avec des sons de mariachi, quelques notes éléctros, du planant et même de véritables morceaux vocaux où l’instrument laisse place à sa voix si mélancolique et suave à la fois. Si il y a bien quelque chose qu’on ne peut reprocher à cet album, c’est bien le timbre de voix si particulier de Brody Dalle. Ses afflictions avec l’électro donne à cet album une ampleur plus pop que punk-rock. Un point qu’on pourra lui reprocher mais il ne faut pas oublier que l’album contient quelques très bons morceaux, bien lourds et mordants qui donne à ce Diploid Love, un vrai intérêt pour ses fans. A noter que les textes sont toujours aussi bons, affublés d’une poésie noire et désenchantée. Brody Dalle a toujours évoqué sa passion pour l’écriture et la poésie depuis ses sept ans et la beauté maléfique de ses textes peuvent facilement en témoigner.

Néanmoins, on sent que l’interprète a pris de la maturité et ses textes ont pris une autre ampleur, plus proche de ce qu’elle est devenue, une femme et mère. C’est peut-être pour cette raison que le punk a cédé sa place à un bon rock alternatif qui se rapproche sensiblement d’une pop tumultueuse et mouvementée. Elle reste énervée et punk aussi bien sur elle que dans ses textes, mais on sent que son rôle de mère a freiné son rythme de vie décadent et anarchiste. Brody Dalle a des choses à nous dire et des coups de gueule à passer. Comme beaucoup d’artistes, elle fait un constat sur notre société devenue machine, sur ses technologies et leurs influences, sur la survie et une éventuelle transition vers une nouvelle période. Très pessimiste sur le devenir de la société, elle n’en reste pas moins quelqu’un de naïve revendiquant une société où l’on soit réel et vivant, se délaissant de notre rapport à la technologie. Un joli sous-texte aussi innocent qu’oubliable.

Côté titre, on retiendra particulièrement les très bons Don’t Mess with Me, puissant et mordant qu’on écoute en boucle, Dressed in Dreams dans une atmosphère plus tempérée, à la basse juste et terriblement mélancolique, Meet the Fœtus/On the Joy, le single de cet album au punk sage, à l’électro discrète et son rock
-alternatif pas désagréable. Blood Gusters est l’un des morceaux bien hypnotiques de cet album où la voix angélique de Brody nous envoie directement dans les étoiles. Enfin, Underworld et son étonnant alliage entre les mariachis, les percussions éclatées et les riffs vifs et bourrins saura surprendre nos tympans. Le morceau le plus original de l’album !

On s’attardera moins sur l’ouverture de cet album, Rat Race, qui renoue avec la voix de Brody Dalle qui faisait les grandes heures des Distillers mais dans un ensemble musical aseptisé, nous laissant de marbre dès le premier titre. Carry On se pose comme un titre dans la pure tradition de la pop, où le synthé sur-utilisé donne un titre terriblement médiocre. I Don’t Need Your Love n’est pas un mauvais titre, au contraire il est extrêmement planant et plutôt agréable -me rappelant certains morceaux de MGMT- mais contraste méchamment avec tout le reste de l’album. Je ne sais pas encore vraiment quoi en penser pour le moment. Au fond, c’est bon et tellement inattendu.

Largement supérieur à Spinnerette, les fans de la première heure resteront assez dépaysés par ce Diploid Love qui ne renoue pas encore avec la qualité des albums et la gloire des Distillers. Il n’empêche que cet album est un véritable objet de curiosité qui s’apprécie au fil des écoutes. Pas sûr que les nouveaux auditeurs sauront du même avis. Avec ses neufs titres, Diploid Love mérite néanmoins notre considération et on souhaite déjà un second opus de cette rebelle australienne à la voix si envoûtante.
Softon
7
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le 30 avr. 2014

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Kévin List

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