La Bande à Jeff

Jeff Goldblum et moi, c'est une vieille histoire. Je n'ai pas peur de dire que le bonhomme est l'une de mes idoles, un véritable extra-terrestre avec un charme dégingandé qui n'appartient qu'à lui. Bien sûr, on le connaît surtout pour ses interprétations de personnages tous plus excentriques les uns que les autres dans des films tels que Jurassic Park, La Mouche ou encore Thor : Ragnarok, mais ce drôle d'oiseau est un touche-à-tout, dont la passion pour la musique, et en particulier le jazz, a récemment donné corps à cet album intitulé I Shouldn't be Telling You This, "Je ne devrais pas vous dire cela". Alors, Jeff aurait-il effectivement bien fait de se taire et, comme ses collègues Russell Crowe et William Shatner (gloups), de laisser la chanson aux chanteurs ?

Eh bien, soyons honnêtes, c'est ce qu'il fait : son nom a beau être en haut de l'album, Jeff Goldblum se contente de jouer de son piano sur chacune des onze entrées du CD, laissant la chansonnettes à d'autres... à l'exception de la onzième, j'y reviendrai. Pour le reste, il s'agit de divers morceaux de jazz plus ou moins connus et réinterprétés par Jeff et ses potes, à savoir des artistes aussi variés qu'Anna Calvi, Gregory Porter... et Miley Cyrus. Je n'aurais jamais cru que le nom de l'interprète du docteur Ian Malcolm, celui du chanteur de Liquid Spirit et celui de la tristement célèbre "twerkeuse" seraient un jour associés à un même album, mais telle n'est pas la moindre des étrangetés de cette compilation pittoresque. Et ça marche !

En effet, il a beau se contenter du rôle du pianiste, souvent modérément puisqu'étouffé par l'orchestre et le vocal, Jeff Goldblum parvient on ne sait trop comment à imprégner chaque reprise de son charisme hors du commun. Toutes ne se valent pas (la voix de Cyrus est trop agressive pour The Thrill is gone et les paroles de Broken English ne valent pas grand chose) mais l'ensemble est franchement charmant. Personnellement, j'ai un faible pour The Sidewinder, très groovy, Driftin' avec son côté Panthère Rose, Don't worry 'bout me à la mélancolie digne d'un film noir, et Make Someone Happy car j'aime tout ce que fait Gregory Porter, mais aucune entrée n'est barbante, elles ont toutes quelque chose de particulier à offrir. Je pense sincèrement que tout le monde, fan de Jeff Golblum ou non, peut y trouver son compte.

Comme promis, je ne peux pas ne pas évoquer la seule incursion de l'ami Jeff dans le domaine de la chanson, à savoir la onzième et dernière entrée de l'album, Little Man, You've had a busy Day. C'est bien simple, on jurerait que le bougre est ivre-mort, mais le résultat n'en est que plus truculent. J'aime à penser que le studio a placé cette reprise en dernière position pour ne pas faire fuir le chaland, mais en ce qui me concerne cela permet de conclure I Shouldn't Be Telling You This en beauté ! Au passage, je tiens à recommander de regarder des extraits des concerts tirés de l'album, cela vaut son pesant de cacahuètes. Comme je le disais tantôt, c'est à peine si Jeff touche à son piano, mais il dirige sa bande avec un enthousiasme aussi contagieux qu'hilarant. Quel show-man ! Il ne me reste plus qu'à espérer avoir l'occasion de voir l'animal sur scène... make that, hum, happen !