Avec son troisième album solo au doux titre de Permettre la Lumière, Hildur Gudnadottir présente une œuvre fabriquée à partir de trois matériaux seulement (violoncelle, voix et électronique), aux débuts trompeusement simplistes mais qui se retrouve par un travail complexe des sons les plus rudimentaires afin de former une structure convaincante.


Constituée de deux parties, l’œuvre débute par un court prélude (4mn), lent, comme une plainte ponctuée de silences pesants où seul le violoncelle apparaît et qui se présente comme une mise en bouche de la partie phare de l'album, plus consistante et durant 35 minutes.


Après cette ouverture emprunte de mélancolie, des voix délicates font leur apparition, soutenues par le violoncelle. Une ambiance intime est créée et pose les bases pour le reste de la pièce musicale. Bientôt le violoncelle s'évanouit, ne laissant que les voix, organisées soigneusement en boucles et traitées (en temps réel de l'enregistrement) en couches. Les mots réels deviennent secondaires à la mélodie créée à partir des effets. Nous naviguons alors dans une atmosphère calme, partagée entre mélancolie, inquiétude et lueur d'espoir, dont il ne fait nul doute que nous n'allons pas en rester là.


A la moitié de cette œuvre, le violoncelle fait son retour et se mêle aux fragments de voix. Il en résulte une riche combinaison de sons naturels et électroniques, emprunte d'une grande densité telle une masse tourbillonnante. L'atmosphère prend alors une tournure de plus en plus sombre, façonnée par un violoncelle au bourdon inquiétant. Ce sinistre bourdonnement évolue petit à petit, faisant passer la texture épaisse du violoncelle à des notes tenues répétées, finissant par former des motifs rythmiques s'empilant les uns sur les autres, semblables à de multiples secousses. Devenue tragédie, l’œuvre gagne en intensité jusqu'à construire un suspens musical qui clôt une contemplation troublante propice à la réflexion.


Dans cette performance accomplie "en direct", Leyfðu Ljósinu démontre toutes les capacités de la compositrice et interprète Hildur Gudnadottir à manier volumes et enveloppes sonores. La construction du son mêle voix délicates et noirceur à cordes pour produire un sombre mélange de notes soutenues et de courtes répétitions. Le fait que tout ait été effectué en temps réel, sans rien rajouter en post production rend cette œuvre d'autant plus exceptionnelle.

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le 24 mai 2015

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Poison Ivy

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