Un super-groupe en orbite
Rocket Juice and the Moon est ce qu'on appelle un super-groupe. Qui rassemble des artistes déjà bien connus, mais sous une nouvelle identitée éphmère. Les piliers de cette formation sont l’hyperactif Damon Albarn (y a-t-il encore besoin de le présenter?), Flea, le bassiste des Red Hot’ et Tony Allen, ancien complice de Fela.
Ce genre de projet suscite souvent beaucoup de fantasmes et les attentes qui en découlent sont parfois (souvent) disproportionnés. Avant de se prononcer sur le verdict du nouveau bébé du papa de Gorillaz, quelques mots sur sa conception.
Le squelette du projet a été réalisé en trois semaines dans le studio londonien de Damon Albarn. Une fois la base mise en boîte, les sessions d’enregistrements complémentaires ont été faites à Chicago, Dallas, Paris et à New-York. Divers artistes ont été invités, et on ne s’est pas moqués de nous! On y retrouve la chanteuse malienne Fatoumata Diawara, qui d’ailleurs vole la vedette à Erykah Badu dont la prestation un peu lisse nous laisse sur notre faim. La révélation du projet est certainement le rappeur ghanéen M.anifest, dont les interventions remarquées illuminent les quatre coins de l’album.
La batterie d’Allen est sans aucun doute le fil rouge et l’élément majeur de ce disque. Quel plaisir de se laisser guider par ses rythmiques enivrantes, on se surprend même à se concentrer uniquement sur son jeu, laissant momentanément de côté le reste des habillages. Une base solide, qui réceptionne le travail du Hypnotic Brass Ensemble, dont les membres ont été mandatés pour les cuivres et donnent une petite touche afro-beat, toutes proportions gardées.
La sauce prend rapidement et on s’évade sans réellement s’apercevoir qu’on est à des kilomètres du point de départ. Cette progression sans faute s’arrête néanmoins au titre « Poison », interprété par sa majesté Albarn. Passer de l’Afrique de l’ouest à la voix trainante de l’ex Blur, d’un morceau à l’autre, ça calme. Pas mauvais en soi, « Poison » n’a toutefois pas sa place dans ce projet. Ce titre aurait été parfait en face B d’un Gorillaz par exemple. Le morceau suivant fait également froncer les sourcils, avec un synthé délirant hors contexte, n’apportant rien au morceau. Quelques points négatifs donc, mais qui pèsent lourd dans la balance.
Rocket Juice and the Moon, n’est pas le chef d’œuvre que certains ont naïvement attendu (il se pourrait que j’en fasse partie), mais respire tout de même le travail bien fait. On aurait voulu entendre une session jam en bout d’album par exemple, un titre progressif qui durerait 15 minutes et mettrait d’avantage en valeur le talent des musiciens conviés à cette joyeuse tablée, soulignant par la même occasion l’aspect fusion du projet.
C’est bien réalisé, frais, relativement percutant, mais après quelques écoutes on a une impression d’inachevé, comme s’ils n’étaient pas allé jusqu’au bout du concept. Je me dois de préciser que le jugement est sévère. « Bon » n’est certes pas « parfait », mais chez Rocket Juice and the Moon, il y a tout de même quelques pépites incontournables que je vous recommande de dénicher. Un album inégal, mais diablement bien fichu.