Dark Side Of The Moon sera mon support pour écrire un article personnel sur mon rapport à la musique des Pink Floyd (qui outrepasse donc ledit album). De ce fait, cette critique ne sera pas une description précise de Dark Side. En plus, le titre paraît un peu trop pédant (bien que très vendeur) par rapport à son contenu. Vous vous en doutez, David Gilmour ne m'a pas (encore) invité à survoler les îles Fidji du haut de son jet privé en dégustant un doigt de brandy. Non, c'est beaucoup moins rock 'n' roll que ça : je veux revenir dans cet article sur mon dernier voyage en train, lorsque j'avais ma playlist pinkfloydienne dans les écoutilles. Pourquoi ? Parce que les chansons des Pink Floyd vont avec toutes les atmosphères et ambiances imaginables. Mais mieux encore, les chansons de ce groupe qu'on ne présente plus accompagnent à la perfection un voyage en train. Je m'explique...


M'étant levé à 5h30 pour arriver à temps à destination, j'étais dans un état léthargique intense dans le moyen de transport le plus soporifique du monde : le train. C'est sans doute le fait d'être bercé entre l'éveil inactif et le sommeil qui m'a rendu si "réceptif" aux mélodies du groupe. Et non, je n'étais pas drogué pour autant. Ce qui m'a toujours fasciné dans la musique des Pink Floyd, c'est que dans la plupart de leurs chansons, ils arrivent à maintenir un équilibre entre une musique tonique aux accents plutôt rock et une musique d'ambiance aux sonorités planantes. Finalement, cet équilibre, c'est bel et bien le style Pink Floyd pour moi : la batterie de Mason peut donner un tempo endiablé à la chanson, mais les claviers de Wright, et surtout la guitare et la voix de Gilmour prêtent à donner une atmosphère rêveuse et psychédélique. Vraiment, je peux avancer que j'ai été transporté durant ce voyage, et pas seulement par le train.


Je me souviens avoir écouté Atom Heart Mother au moment du départ de mon second train. Les chœurs accompagnaient parfaitement la poussée de la rame prenant de la vitesse, c'était parfait. Le thème de ce morceau de vingt-trois minutes est tellement épique, on pourrait partir à la guerre sans le vouloir en l'écoutant. De plus, les voix d'opéra font que cet instrumental peut être également considéré comme une oeuvre de musique classique majeure. Par contre, j'ai bien failli m'assoupir à la partie nommée Funky Dung (je crois), qui est une partie plus calme, mais la plus cool au monde. Enfin je ne sais pas exactement si la partie que j'ai en tête correspond à ce nom là... Je veux ici parler de la partie commençant environ à la dixième minute du morceau, et finissant vers la quinzième. Dans tous les cas, elle est cool. Juste cool. La Fender de Gilmour est d'une coolitude absolue, et l'orgue de Mason too. J'ai été bienheureusement réveillé au moment des "Tcha-tcha-tchaAaAaah-Ouhouhouuuuuwh" (les chœurs qui reviennent et s'expriment d'une façon assez pimentée) et au moment où, simplement, tout part en cacahuètes (vers la dix-huitième minute du même morceau). Ensuite, dans les A, il y a Any Colour You Like, A Great Day For Freedom et A Pillow of Winds, qui m'ont bien bercé. Mais rien ne vaut Confortably Numb, sur laquelle j'ai fermé les yeux, et le soleil (c'est vrai qu'il faisait très beau) qui passait à travers les feuillages, créait des arabesques à l'intérieur de mes paupières. Ce passage du voyage était vraiment jouissif. J'aime particulièrement cette chanson, le solo final de Gilmour est orgasmique. Il faut dire que ce-dernier est le compositeur attitré de ce morceau d'anthologie, et non Roger Waters, ce qui me plaît d'autant plus. Waters était un élément incontournable du groupe (du moins jusqu'à ce qu'il le quitte) mais il a tellement rendu la vie impossible à ses comparses à partir de The Wall, que le personnage m'énerve un peu. On ne peut cependant pas renier un génie pareil, c'est pourquoi je ne m'étendrai pas en revendications ici.


Par la suite, le moment où les contrôleurs apparurent en plein milieu de The Dogs Of War me fît rire intérieurement. Leur pas lourd empli d'autorité collait parfaitement au rythme de la chanson. Au passage, j'adore ses paroles d'un level de badassitude infini : "The dogs of war won't negociate, the dogs of war don't capitulate, they will take and you will give, and you must die so that they may live...". Un peu plus, et je m'enfonçais dans mon siège en présentant mon titre de transport d'une main tremblotante. Mais ma playlist se prolongeait et mon extase en faisait autant. Vraiment, Hey You et High Hopes me plongèrent dans un coma musical plus jouissif que d'uriner du haut d'un pont sur une quatre voies (désolé, j'aurais dû chercher une comparaison plus appropriée). Bien entendu, Marooned en fît de même. Mais c'est avec Mudmen que je me réveillai un peu, et je fus étonnamment surpris : la guitare de Gilmour (comme d'habitude) mais surtout le synthé de Wright allèrent de concert avec les émanations carbonifères d'une cheminée d'usine près d'Orléans. La fumée qui s'en réchappait illustrait parfaitement le sentiment lyrique que mes écouteurs me transmettaient, je ne sais comment expliquer la chose. D'ailleurs, "aller de concert" est une expression bien choisie dans ce cas (je me jette des fleurs), car la centrale et sa fumée étaient dignes de passer dans l'écran rond affichant les clips psychédéliques du groupe en concert (je pense que dans ce cadre, mon clip préféré est celui de High Hopes, avec les voitures et les ballons, ou encore celui de The Great Gig In The Sky, avec ses vagues déferlantes). Sinon, ce décor symbole d'une société productiviste aurait tout à fait pu figurer sur une pochette d'album de Depeche Mode, par exemple. Mais ne nous éloignons pas du sujet. Au fait, j'ai dû modifier un peu l'ordre de ma playlist en sautant Bike et Caporal Clegg, qui étaient bien trop éparpillées pour moi à ce moment là. Je pense d'ailleurs qu'il s'agit des deux chansons les plus barrées des Floyds, avec tout l'album Pipers at the Gates of Dawn, bien sur. Et justement, je suis arrivé à Austerlitz sur The Great Gig In The Sky, orgasme final de mon voyage. La chanson s'est finie avec les derniers crissements de frein du train, jumelés à la voix de la cantatrice, me donnant un sentiment de satisfaction intense. Et voilà, c'était fini. J'étais crevé, mais abreuvé musicalement.


J'ai bien entendu sauté pas mal de titres, mais j'ai principalement parlé de ce que j'ai retenu ou ai réussi à retenir, dans un ordre alphabétique plus ou moins exact. J'ai omis volontairement de parler de Shine On You Crazy Diamond, ma préférée, avec son intro guitaristique aussi étendue que majestueuse. C'est juste qu'à force de l'écouter en permanence, elle ne me procure plus de plaisir spontané, mais un plaisir de reconnaissance, en quelque sorte. J'aurais tout aussi bien pu prolonger mon article en traitant d'Echoes, Sorrow, Time et d'autres... Mais pour revenir à Shine On You Crazy Diamond, les Australian Pink Floyd, que j'ai récemment vu en concert (avec un ami, à qui je dédicace cet article) reprennent l'inimitable solo à la perfection. C'était même l'introduction de leur concert, et doux Jésus, comme j'ai été heureux de reconnaître les quatre premières notes caractéristiques !... Mais ils jouent aussi très bien tout le reste du répertoire, ce sont les "faux" mais on entendrait presque les vrais, un grand bravo à eux. Le show est également un réel plaisir pour les yeux : des effets visuels dans la tradition des anciens, toujours présents cela dit, avec la sortie récente de leur nouvel album. L'hommage est à la hauteur, donc si vous avez l'occasion de les voir, n'hésitez pas ! Et si vous avez l'opportunité de faire un voyage en train dans un état presque second en écoutant les Pink Floyd, ne ratez pas l'occasion, ou vous auriez un train de retard ! (badum-tsshhh)

Lefuneste
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le 23 janv. 2016

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