Chronologie The Beach Boys - Part. 6 : https://www.senscritique.com/liste/chronologie_the_beach_boys/4141338
Nous sommes donc 21 mois après la sortie de "Surfin Safari" , et 4 mois se sont écoulés depuis le précédent album lorsque les Beach Boys sortent ce "All Summer Long" , qui marque encore une étape clé dans leur évolution malgré les délais très courts entre chaque disque. A l'image de la pochette et son collage photo très simple et frais , il y a une volonté de se débarrasser progressivement des images préfabriquées destinées à ranger le groupe dans une case spécifique et d'être plus ouverts, plus universels (première pochette sans surf ni voiture dis donc). On se débarrasse des thématiques clichées (hormis dans "Don't back down" qui cloture l'album, parce qu'après tout ça ne mange pas de pain) et même de l'encombrant papa manager (décision necessaire, mais absolument terrible on l'imagine), mais on conserve l'imagerie californienne basée sur la plage , le soleil couchant , les bons copains et bien sûr les jolies filles. On sort ainsi de l'adolescence vroum vroum / pouet pouet et on rentre dans les choses sérieuses, plus frontales , sexualisées ("Girls on the Beach" même si ça reste quand même gentil) , voire même désabusées ("We'll run away", qui dit en gros fuck les darons rabat-joie , "Wendy"). On n'est plus dans le fantasme, on est dans les premières désillusions, voire les premières phases de nostalgie pure, comme dans le morceau titre et "Do you remember?", qui rend hommage aux artistes préférés du groupe.
Et ça marche merveilleusement bien , ça reste des morceaux très simples et faciles à écouter, mais Brian pousse l'écriture et les harmonies à des niveaux stratosphériques , comme dans la fabuleuse reprise de "Hushabye", et bien sûr "I get around" , un tube universel dont il est impossible de se lasser et où le phrasé de Mike est absolument parfait. On case quand même un petit instrumental pour que Carl continue de se faire la main sur une compo bien surf comme il faut, et il y a un espèce de collage sonore où on peut avoir un aperçu brut et spontané du groupe en plein enregistrement histoire de compléter le tout. Mais pour le reste tous les morceaux sont immédiatement identifiables, le tout est cohérent, somptueux , avec une énergie débordante (le fabuleux "Little Honda" "Drive In") et / ou une beauté belle à chialer ("Hushabye" qui ne prend aucune pincette pour se vautrer à fond dans la mélodie comme j'aime , "Girls on the Beach" qui rappelle fortement "Surfer Girl" au début mais qui s'en détache par des tonalités bien plus ambitieuses et travaillées).
En tous cas on y est , bordel , fini le phénomène de mode , on rentre dans la pop universelle, intemporelle et j'ai tellement hâte de parler de la suite...